• Chapitre 11 : Ralunga

    Chapitre 11 : Ralunga

    Je rouvris les yeux. C’était déjà le matin. Je me sentais vidée de mes forces, j’avais l’impression que ce que j’avais crié à ma Maman n’était qu’un rêve. Je tournai les yeux et la vis couchée à mes côtés, son pyjama sur le dos, me regardant d’un regard doux à la fois inquiet.

     

    « Maman...

    - J’ai réfléchis à ce que tu m’as dit hier... et tu avais raison d’être en colère. Je m’excuse. Je n’ai pas fait assez attention. Est-ce que tu m’aimes toujours ? »

     

    Je la regardai et souris. Comment détester ma seule et unique Maman ? Je l’embrassai sur la joue et me blottis dans ses bras.

     

    « Oui... »

     

    Elle me serra contre elle et m’inonda de bisous. 

     

    « Je t’aime, ma Chérie. Quand tu te sentiras mal, tu n’auras qu’à venir me voir et on parlera. Seule à seule. Et je comprendrai si ces derniers-temps et prochainement, tu décides de t’isoler un peu.

    - D’accord.

    - Tu veux qu’on reste couchées encore un long moment ?

    - Oui...

    - Alors restons couchées, ma douce enfant. »

     

    * * *

     

    Dans les deux semaines qui suivirent ma crise, Chagum eut une vision de Nayug et avait crié depuis la salle de la fontaine d’eau. J’étais maussade et je ne prêtais plus vraiment attention à lui, je l’ignorai presque. Mais je continuai de coller de façon possessive ma mère. C’était le dernier avertissement que je donnais à Niisan. Aussi, un matin, je m’étais levée tard et avais été dans le salon pour manger un peu de gruau de riz lorsque je trouvais un paquet. Intriguée, je regardais autour et ne vis personne. Je pris la boîte et l’observai : mon nom était écrit dessus. Je l’ouvris et y découvris une queue de renard rouge ET une queue de loup grise et blanche, toutes deux attachés solidement à une ficelle. Je poussai un cri de joie et les mis toutes les deux.

     

    « Bonne fête Alika ! me souhaitèrent Papa, Maman et Niisan en entrant dans la pièce. »

     

    J’avais tellement été habituée à dormir longuement et de ne rien faire avec ma déprime que j’en avais presqu’oublier mon anniversaire. Je me redressai et sautai dans les bras de Maman, avant d’embrasser Papa sur la joue et d’offrir, pour la première fois depuis un mois, un câlin à Chagum.

     

    « Aussi... j’ai ce cadeau pour toi, me confia Maman. »

     

    Je vis sa lance dans ses mains.

     

    « Ta lance ?

    - Non, c’est la tienne. La mienne repose au pied de l’entrée. Voilà les raisons du "pourquoi" je te faisais porter ma lance de temps à autre et finalement, régulièrement. Maintenant, on va pouvoir s’entrainer, me sourit-elle. Pour de vrai, ensembles rien que nous deux. »

     

    J’étais encore bouche béante face à ce cadeau. Elle me la mit en main et m’embrassa sur le front. Elle était identique à la sienne, à part le manche qui était de couleur ambre. Voilà, je n’avais d’yeux que pour ma lance désormais. La mienne. Mon arme personnelle. Mon trésor.

     

    « Les deux queues proviennent de Papa et Chagum. Nous les avons bien empaillés, de sorte que ça bouge à chacun de tes mouvements.

    - Merci !!! J’en suis encore toute surprise !

    - Sept ans, maintenant, sourit Niisan. Tu es toujours fâchée contre moi ?

    - Non, plus maintenant, ça va mieux.

    - Ouf... j’ai cru un moment donné que tu resterais fâchée le restant de tes jours contre moi.

    - Ça peut continuer... si tu continues de trop coller Maman, avertis-je en pointant ma lance vers lui.

    - Eh... ne répondit que Maman. »

     

    Je ris. On mangea des Hekimooms et un gâteau de riz fait par les talents cuisiniers de Papa. Je faisais une séance d’entrainement avec Maman et c’était vraiment différent. Le bruit métallique résonnait dans la vallée. C’était un son magique à mes oreilles, un son merveilleux qui faisait aller mon cœur loin, loin, loin et mon esprit flottait dans les nuages. J’étais désormais une lancière, apprentie certes, mais la lance me donnait ce titre. J’en étais très fière.

     

    * * *

     

    La dernière neige tomba, deux semaines après ma fête, celle de Maman et quelques jours après la fête de Niisan qui eut ses douze ans. Alors que je faisais la lessive seule, j’entendis des pas de courses résonner dans le vestibule et quelqu’un vomir son déjeuner. J’accourus aussitôt, les deux vraies queues d’animaux suivant le mouvement de mes hanches. J’y retrouvais Papa et Niisan penchés et Maman agenouillée devant les latrines.

     

    « Maman ? Est-ce que tout vas bien ? Tu es malade ? »

     

    Maman hocha non de la tête.

     

    « Oh ?

    - Viens ici, dit-elle alors qu’elle reprenait son souffle. »

     

    Je la rejoignis de plus près. Elle leva la tête et prit ma main qu’elle posa sur son ventre. Sur le coup, je ne compris pas pourquoi.

     

    « Tu te souviens quand tu demandais à avoir un petit frère ou une petite sœur ?

    - Oui...

    - Je crois que ton souhait va être exaucé, sourit-elle. Il ou elle est là depuis un mois déjà. »

     

    Je ne réagis toujours pas. Pas sur le coup.

     

    « On va aller marcher dehors.

    - Tu es sûre que ça ira, Balsa ?

    - Oui. Je vais mieux. »

     

    Elle prit ma main, mais je la retirai avant d’aller chercher ma lance. Trop fière comme d’habitude et je repris sa main. Nous mîmes nos capes et sortîmes hors de la Grotte des Chasseurs. Nous prîmes un chemin quelconque dans la neige et se promenâmes en forêt. Ça sentait le froid, la neige, la pureté de la nature. J’étais bien.

     

    « Tu voulais qu’on parle ? dis-je.

    - Oui.

    - À propos du bébé ?

    - Exactement.

    - Qu’est-ce qu’il y a ?

    - J’ai repensé à ta crise contre Chagum, et l’attention que je mettais sur lui. Si je m’occupe du bébé à sa naissance, vas-tu... être jalouse, comme pour le cas avec Chagum ?

    - Non. Parce qu’il ou elle sera plus petit(e) que moi et qu’il sera vulnérable et que c’est pas de tout repos... c’est mes amis esprits qui me l’ont dit à l’instant même. Alors qu’avec Niisan, il est arrivé à l’improviste, au moment même où je t’avais pas revue depuis deux mois et il est plus vieux que moi !

    - Je vois. Alors ça me rassure.

    - Je suis contente ! Oh ! j’oubliais...

    - Oui ?

    - Un soir cet hiver, je t’ai entendue avec Papa... »

     

    Maman se figea.

     

    « Vous avez crié et vous avez aussi respiré bruyamment comme si vous étiez essoufflés... vous faisiez quoi ? Tu avais mal ?

    - Hum... (elle cherchait encore ses mots) tu te souviens quand tu m’as demandée pourquoi on t’avait traitée de "bâtarde" ?

    - Oui.

    - Tu sais également ce qu’est "faire l’amour", n’est-ce pas ?

    - Oui...

    - Il arrive que pendant que deux personnes font l’amour, ils... font ce que tu as entendu. Non, ils n’ont pas mal. C’est juste que... comment dire... ils prennent plaisir à ça et exprime leur joie et excitation dans des gémissements comme ceux-là. Tu comprends maintenant ?

    - Aaaaaaaahhh... oui. Et laisse-moi deviner : c’est comme ça que le bébé (je pointai son ventre) est arrivé, hein ?

    - En effet, tu as tout compris. La prochaine fois, Papa et moi allons se montrer plus discrets.

    - D’accord...

    - Au fait, mon poussin. Peux-tu finalement me dire quels sont tes amis imaginaires ? Tes amis esprits. Tu dois bien connaître leur nom, non ? »

     

    Je m’arrêtai dans la neige et tournai autour de ma lance, plantée le sol gelé, pour faire face à ma Maman.

     

    « Tu veux vraiment savoir ?

    - Oui. Tu m’as déjà décrit Jiguro alors que tu ne l’avais jamais vue, et également, tu chantais une chanson Kanbalese de mon enfance que je ne t’avais jamais apprise. Tu dis que tu as trois amis qui te suivent. Je veux vraiment savoir qui ils sont.

    - ... D’accord. Alors, le premier, c’est Jiguro lui-même. Quand tu ne m’entrainais pas, il m’entrainait un peu. La seconde, c’est une femme. Elle me dit être ma grand-mère et me dit être aussi ta Maman...

    - Tu as vu ma mère ? se surprit Balsa.

    - Oui. Je la vois encore... tu lui ressembles, beaucoup. Mais tu as aussi des traits différents, surement à cause de Grand-Père.

    - Kalna Yonsa ?

    - Oui.

    - Est-ce la troisième personne ?

    - Oui, en effet. Je le vois quelques fois, mais moins que les deux premiers... aussi, je dois te dire. N’aies pas peur Maman, mais... à chaque fois que tu marches, que tu dors, que tu manges, que tu t’entraines... il y a huit hommes avec des lances qui te suivent n’importe où. »

     

    La tête de ma mère changea.

     

    « Tu es sérieuse ?

    - Oui.

    - Me veulent-ils du mal ? (elle regarda derrière elle, un peu apeurée)

    - Non. Ils veulent seulement te suivre et te sont reconnaissants même de voir que tu rachètes leurs vies à en sauvant d’autres. Ils veillent sur toi. Bon, quand tu fais l’amour avec Papa, je leur demande de te laisser tranquille.

    - Ouf... je suis soulagée.

    - Même chose quand tu te laves.

    - Logiquement.

    - Tu veux savoir autres choses ?

    - ... Non. Mais est-ce que ça te déranges de toujours les voir ?

    - Pas du tout. Je peux choisir de ne pas les voir tout comme je peux décider de les apercevoir. J’ai ce don depuis la naissance. »

     

    Elle me sourit et nous rebroussâmes le chemin pour revenir dans la Grotte des Chasseurs.

     

    * * *

     

    Alors qu’on préparait nos préparatifs pour quitter la Grotte des Chasseurs, Niisan se redressa soudainement et sans rien dire, sortit de la Grotte. On le suivit et on se demandait sérieusement vers où il marchait. Une clochette retentit et je vis apparaitre l’âne de Grand-Mère.

     

    « Torogai-Shi, dit-il.

    - Maître, vous avez encore emprunté cet âne ? demanda Papa.

    - Il a insisté pour venir avec moi. »

     

    Elle s’arrêta et regarda Niisan de plus près comme si elle le scrutait.

     

    « Gamin... il y a tout de même quelque chose qui a changé chez toi depuis la dernière fois. Tu ressembles à un homme.

    - Hein ?

    - Chagum a douze ans maintenant, déclara Maman.

    - Les jeunes hommes changent beaucoup à cet âge, dit Papa.

    - Je me disais bien que cela arriverait, remarqua Grand-Mère en fouillant dans ses sacs. Tiens.

    - Qu’est-ce que c’est ? dit-il.

    - T’es aveugles ? sortis-je. Ce sont des vêtements !

    - Elle a raison. Et puis, tu ne peux pas porter des vêtements de gamin éternellement. Essaie de mettre ceux-ci.

    - Maintenant que j’y pense, pensa Maman. Tanda a eu sa crise de croissance à peu près au même âge.

    - Vraiment ? questionna-t-il.

    - Tout à fait. Avant ça, tu étais mon adorable petit frère. J’ai alors compris... que la marche du temps changeait beaucoup de chose. »

     

    Grand-Mère tapa la fesse de l’âne pour qu’il s’en aille seul en le remerciant. Elle fouilla dans son sac et lança quelque chose à Maman.

     

    « Attrape ! C’est ce que tu avais demandé. »

     

    Elle l’ouvrit en observant la lame et la serra à nouveau. C’était un joli poignard. Grand-Mère me regarda et son regard se posa sur ma lance.

     

    « Tu es contente de ton cadeau, Alika ? fit-elle.

    - Oui, vraiment !

    - Hé hé, heureusement que tes parents ont trouvés un moyen de te l’offrir pour ta fête, car sinon, tu ne l’aurais reçu qu’en ce moment-même. »

     

    Au même moment, Chagum sortit. Tout le monde se retourna vers lui et Maman lâchai une expression du genre "hum, t’as effectivement changé, jeune homme."

     

    « Hé bien maintenant... je suppose que tu n’étais pas un Prince pour rien, déclara Torogai.

    - Est-ce que ça fait étrange sur moi ?

    - Ça te va bien, complimenta Maman. Tu es un beau jeune homme, maintenant. (elle lui offrit le poignard) C’est de ma part. »

     

    Il la regarda et observa l’objet avant d’ouvrir ses mains.

     

    « Le poids de la lame est le poids de la vie. Cette lame peut représenter ta vie, ou bien représenter ta mort. "Lorsque tu la dégaineras, prépare-toi à lui confier ta vie". C’est un proverbe de Kanbal. De plus, ces mots sont normalement prononcés durant un rituel initiatique, où un père offre une épée à son fils.

    - Merci, Balsa. »

     

    Il l’enfila dans sa ceinture. Puis il observa l’horizon et tourna la tête un peu partout.

     

    « Chagum ? Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Papa.

    - J’ai l’impression que quelque chose m’appelle, déclara-t-il. C’est un peu comme les rêves que je faisais l’année dernière, quand j’avais la nostalgie d’un endroit que je ne connaissais pas. Oui, j’ai l’impression qu’on m’appelle.

    - Par qui ?!

    - Ce n’est pas une voix ni personne. J’ai cette forte sensation d’être tiré par un fil invisible, je dois aller dans cette direction...

    - Alors l’œuf s’adresse à toi en murmurant, dit Grand-Mère.

    - Et où veux-tu aller ? s’enquit Maman alors qu’il pointa une direction.

    - Je vois. Alors la Place de la Cérémonie est une des sources qui alimentent la rivière Aoyumi, tel que mentionné dans l’Histoire Officielle de la Fondation. Gamin, guide-nous là-bas.

    - Allons-y. »

     

    On se prépara et lorsque tout fut prêt, on observa une dernière fois cette Grotte qui avait partagé nos moments familiaux, heureux ou malheureux.

    Sur le chemin, vers l’Étang bleu, mon énergie était extrêmement sensible et j’étais si proche de Niisan que je voyais le paysage de Sagu et Nayug se superposer. Je secouai la tête face à cet endroit hostile et rude et revins sur Sagu. Je tirai Niisan par en arrière, car il avait fait un faux pas en essayant de contourner un rocher de Nayug et avait failli tomber dans le vide sur Sagu.

     

    « Niisan, fais attention et regarde où tu mets les pieds ! me froissai-je à la manière de Maman.

    - Désolé.

    - Secoue-toi un peu et tu reviendras sur Sagu.

    - Le niveau de l’eau est bien bas... observa Grand-Mère. »

     

    On atteignit alors une source bleue lapis-lazuli, avec de belles fleurs blanches.

     

    « C’est par là... j’y suis presque... dit Niisan.

    - C’est la place de la cérémonie ? questionna Grand-Mère.

    - Je ne sais pas.»

     

    Il se mit soudainement à saliver comme à la vue d’un bon repas. Niisan marcha plus vite et je me dépêchai de le rejoindre. C’est alors qu’une armée d’hommes vêtus en rouge, avec Shuga et les huit chasseurs arriva. Maman se mit en garde.

     

    « Chamane Torogai. Je suis venu pour tenir ma promesse, annonça Shuga.

    - C’est rassurant de voir que vous m’êtes pas venu les mains vides. »

     

    Soudain, les huit chasseurs et Shuga lui-même s’agenouillèrent.

     

    « Votre Altesse, Prince Hériter Chagum. Nous sommes venus pour vous aider à libérer l’Esprit de l’Eau et pour acclamer votre retour dans la capitale, comme le héros qui a sauvé le Nouvel Empire de Yogo. (Je soupirai, je les trouvais vraiment... collant aux rituels quotidiens)

    - Shuga. Alors mon frère est-il vraiment... ? »

     

    Il ne répondit rien. Maman mit une main sur son épaule.

     

    « En tout cas, vous avez retourné votre veste en le désignant comme le Héros qui sauvera Yogo.

    - Gente dame garde du corps, nos intérêts sont similaires aux vôtres. Nous avons eu des désaccords par le passé, mais ces hommes n’ont plus l’intention de vous causer le moindre tort.

    - Maître astronome, vous parlez avec assurance, remarqua Grand-Mère. Puisque vous nous dîtes que nos intérêts sont similaires, alors dévoilez-nous de quelle manière Ralunga peut être détruite.

    - La faiblesse de Ralunga, c’est le feu. L’Ouvrage Secret raconte que les Huit Guerriers qui ont servi le Saint Père Fondateur l’ont repoussé avec ça.

    - Oh. Je vois. C’est bien ça, ce sont les relations d’oppositions entre les esprits. L’eau est plus faible que la Terre et la Terre est plus faible que le Feu. Ralunga, qui dévore l’œuf de l’Esprit de l’Eau, est un Esprit de la Terre ! Merde, je n’arrive pas à croire que je n’avais pas découvert quelque chose d’aussi simple.

    - Alors les flambeaux géants que nous utilisons pendant le festival du solstice d’été doivent être un vestige de cette histoire, comprit Papa.

    - En effet. Et maintenant, deux cents ans plus tard, cette responsabilité nous échoit de nouveau.

    - Je vois. Alors vous êtes les descendants des Huit Guerriers, alluma Maman.  »

     

    Niisan jeta soudainement son sac et courut à même l’eau avant de s’immobiliser. Je le suivis avec Maman. Il prit une de ces fleurs, un Sig Salua et la mâcha sous le regard intrigué de tout le monde. J’avais été habituée à manger quelques fleurs et ça me donnait presqu’envie de l’imiter. Bientôt, les fleurs bougèrent comme si quelque chose se frayait un chemin. Je compris que c’était Ralunga. Alors que j’étais en avance sur les autres, je pris une fleur et me reculai alors que tout le monde plongeait dans l’eau avec leurs flambeaux pour protéger Niisan. Maman poussa Niisan afin qu’il évite une énorme griffe et tentait de le faire sortir de l’eau. C’est à ce moment-là que je vis des crocs s’approcher à toute vitesse vers eux. Alors que j’allais crier, je vis Niisan créer une bulle bleutée et il se protégea en même temps que lui et Maman. L’œuf était en train de le contrôler. Ils rebondirent comme un ballon et atterrirent plus loin dans l’eau. Niisan sur ses pieds, Maman dans l’eau. Puis, il partit en courant. Je mâchouillai goulûment ma fleur en avalant le délicieux nectar et décida d’en prendre une seconde alors que Maman filait droit vers la forêt avec Papa. Oui, mes deux parents m’avaient tous deux oubliés... Je ne pris pas le temps de manger ma fleur, la mise dans ma nouvelle robe et courus à une autre place. Le parfum que dégageait cette plante exhalait sortait par tous les pores de ma peau et il était si puissant, qu’il en était presqu’étouffant.

     

    J’étais seule. Seule dans une forêt que je ne connaissais pas. J’avais perdu la trace de Maman et Papa et encore plus celle de Niisan. Je fermai les yeux et me concentrai : dès que je les rouvris, j’étais dans Nayug. Une forme difforme scintillante se tenait devant mes yeux et je la touchai par curiosité. Elle virevolta encore plus et me montra le chemin. Soudain, tous mes poils se hérissèrent dans ma nuque : un danger venait dans ma direction. Je vis d’énorme mâchoires et des pinces arriver : Ralunga ! Je me mis à courir et escaladai une petite falaise où je continuai mon chemin dans ce monde inconnu. Ce que je ne savais pas... était que je passais juste à côté d’une carcasse d’une autre Ralunga que mes parents avaient tué et qu’ils avaient essayé de m’appeler pour aller les rejoindre. Mais dans mon environnement, j’étais pourchassée, je dégageais une odeur très forte d’une plante qui avait un énorme bon goût dans la bouche et je voulais retrouver Niisan. Je vis le soleil de Nayug et la lune de Sagu se rapprocher, je devais faire vite. Après avoir courus, fais du jogging et marcher, toujours guider par ma petite chose scintillante, je vis Maman avec Niisan. Dis donc, elle avait été rapide. Je vis alors les deux soleils se superposés presque. Alors que j’allais la rejoindre, à deux mètres d’elle, Ralunga me lança ses tentacules et m’emprisonnai. Je criai. Maman se retourna vivement et vint immédiatement à ma défense. Ce qu’elle fit me laisse bouche-bée : elle se plaça sur une des griffes du monstre et se laissa propulser dans les airs avant de se diriger vers moi, de faire un arc avec sa lance, de couper les tentacules qui me retenait prisonnière avant de la planter près de son bec. Je tombai sur le sol en roulant et me redressai avec ma lance.

     

    « Te voilà !

    - Où est Niisan ?

    - Là.

    - Lancière ! Emmènes Son Altesse et fuis d’ici tant que tu le peux encore ! ordonna le Chef. L’aider à fuir est notre priorité !

    - Entendus. Viens, Chagum, tiens bon ! Partons d’ici avec Alika.

    - Non, Balsa, gémit Niisan. Nous ne pouvons pas faire ça, Balsa. L’œuf veut rester ici. S’il ne naît pas ici aujourd’hui... l’œuf mourra à l’intérieur de moi ! Nous ne pouvons pas laisser cela se produire ! L’œuf veut naître ici !

    - Allez, lancière ! Dépêche-toi ! »

     

    Les Ralunga devenaient de plus en plus nombreux.

     

    « Balsa... je veux rester en vie, moi aussi. Mais je vais laisser faire le destin ! Je ne pourrais jamais vivre avec le poids du sacrifice de chacun. Si cela représente les vies de millions d’habitants de Yogo. Alors, arrêtez de vous battre, je vous en supplie ! pleura-t-il. Je vais faire ce qui doit être fait...

    - Chagum...

    - Niisan...

    - Votre Altesse, ne vous préoccupez pas de nous ! Dépêchez-vous de fuir—

    - Tout le monde... fit-il.

    - Balsa ! cria Papa sur un cheval qui disparut aussitôt de Nayug. »

     

    Il boita vers nous.

     

    « Balsa ! Ne t’inquiète pas, Chagum. Maintenant que le Maître m’a tout expliqué, je peux extraire l’œuf de ton corps. Mais nous devons d’abord emmener Chagum en lieu sûr.

    - Vraiment ?

    - Oui. Selon le Maître Astronome, il y a un rapport d’une tentative similaire faite il y a deux cents ans qui a presque réussi.

    - Je te fais confiance. Je place Chagum entre tes mains, finit-elle en allant combattre les Ralunga.

    - Ça ira. Ne t’inquiète pas, Chagum. »

     

    En aidant Papa, on attira Niisan en lieu sûr. Les Ralunga étaient nombreux et créaient presqu’une marée gesticulante de tentacules et de griffes. Je regardai les soleils et bientôt le paysage de Nayug s’évapora comme un mirage. Maman combattait, et au bout d’un moment, elle tomba sur le sol, assise au moins. Le soleil commençait à se lever sur Sagu et toutes les créatures se figèrent lentement avant de disparaitre. Niisan commença à souffrir et j’aurai juré qu’il était en plein travail d’accouchement...  l’œuf brillait d’un éclat bleuté éclatant.

     

    « Dépêche-toi, ordonna Grand-Mère.

    - Maître !

    - Si tu ne te dépêche pas, Nayug et Sagu vont totalement se séparer.

    - Oui Maître ! firent mes deux parents à l’unisson.

    - Balsa, aide-moi. (ils ouvrirent le haut de l’habit à Niisan) Écoute. Insère doucement ta main, comme ceci.

    - Hein ? »

     

    Il approcha la main de Maman, ouverte, vers la poitrine de Niisan. Le spectacle qui s’en suivit me fit un peu ragouter, mais même si mon esprit ne le voulait pas, mes yeux, eux, voulaient regarder la scène. La main de Maman s’enfonça lentement dans la poitrine de Niisan et celui-ci criait « Ça fait mal ! » en se crispant. J’étais heureuse de ne pas être à sa place... pour une fois.

     

    « Tout vas bien, rassura Papa.

    - ... Alors, tu l’as ? demanda Grand-Mère au bout d’un moment. »

     

    Lentement, quelque chose de brillant, bleu et sphérique se pointa alors que mes parents "retiraient" leur main de Niisan alors qu’il criait et qu’il perdit connaissance. Un murmure d’admiration et de fascination s’éleva. Niisan se redressa lentement.

     

    « Alors tu as pu naître en toute sécurité... ton souhait de vivre a été exaucé.

    - Vous avez réussi, Tanda, Balsa.

    - Oui.

    - Balsa... Laisse-moi toucher l’œuf, moi aussi... (elle l’approcha) Tu l’as fait... c’est chaud...

    - Maintenant, tout ce qu’il reste, c’est...

    - Les Nahjis, exact ? termina Shuga.

    - Oui. Si aucun Nahji ne vient, l’œuf nu mourra bientôt. »

     

    Au bout d’un moment, je tournai la tête vers l’aube. Un petit point noir, minime mais grossissant, venait vers nous. Les Nahjis !

     

    « Les Nahji sont venus !

    - Ce sont vraiment les Nahjis ! »

     

    Ils passèrent au-dessus de nous et je cru qu’ils ne nous avaient pas remarqué. Niisan nous rassura. Un des leurs s’égara du groupe, fit demi-tour et vint dans notre direction.

     

    « Que dois-je faire, Chagum ? se renseigna Maman.

    - Si tu jettes l’œuf très haut dans le ciel, un Nahji l’emmènera dans son bec. »

     

    Maman courut dans les escaliers naturels et lança l’œuf très haut dans les airs. Le Nahji l’attrapa et retourna rejoindre son groupe. À un moment, je cru qu’il allait le manquer. Ç’aurait été dommage, mais ça aurait pu arriver... je ne dis pas que c’est impossible. Les autres soldats arrivèrent, en retard. Ils ne savent pas courir ou bien quoi d’autre encore ?!

     

    « Alors c’est fini. Mon combat avec le destin est fini... réalisa-t-il.

    - ... Ne déprime pas trop, essayai-je. On a réussi !

    - Tu as sans doute raison... »

     

     

    * * *

     

    Yeah !

    À dire vrai, la fin du chapitre était celle que j’avais le moins envie d’écrire. Décrire tout ce que je voyais aurais été vraiment compliqué et j’hésitais beaucoup entre le livre ou l’anime. J’ai décidé de continuer avec l’anime...

     

    Oui, comme vous le voyez, c’était le dernier Chapitre de ma fanfic, il ne reste plus que l’épilogue et on tombe dans le Tome 2 YESSS !!! Je ne vous retiens pas plus longtemps.

    Ah oui, j’oubliais... dans l’anime ils disent « La Rarunga » alors que dans le livre, ils disent « Ralunga » tout court.

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