• Chapitre 12

    Chapitre 12

    CHAPITRE 12

    Same Love – Macklemore ft. Ryan Lewis

    ♫ ~ (À écouter avec le chapitre S.V.P,) ~ ♫

    ♫ ~ (sauf si vous n’aimez pas le rap doux :) ~ ♫

     

    Alika roupillait sur un divan, dans un des couloirs au cégep, au second étage. Elle se sentait mieux depuis que sa Oneesama l’avait vengée de l’acte de Kassa et que ce dernier les évitait à chaque fois qu'ils se croisaient dans les couloirs. Balsa avait clairement jeté l’humiliation sur sa personne, mais en bonus, toute sa gang s'y était mise. De plus, ils continuaient toujours de l’applaudir quand il passait devant eux, ce qui continuait à toucher son orgueil. Elle sursauta lorsque Motoko déposa ses choses près d'elle.

     

    « Coucou Ali', 'xcuse moi de te réveiller.

    - Non ça va, ces temps-ci je manque cruellement de sommeil.

    - Tu n'es pas  la seule, rassure-toi.

    - Je sais, mais j'ai tellement peur d'insulter le prof.

    - Ce n'est pas la meilleure des choses à faire... Crois-moi, je sais ce que je dis. Je l'ai souvent fait... Ce n’est pas une très bonne idée. »

     

    La cyborg soupira et se retourna vers son amie.

     

    « Tu as les yeux petits.

    - Je sais... (elle passa une main sur ses yeux)

    - Alika ?

    - M'oui ? Qu'est-ce qu'il y a ?

    - Je peux te parler de quelque chose ?

    - Tout ce que tu veux. »

     

    Elle se replaça sur son banc et inspira avant de commencer.

     

    « Est-ce que tu sais que je suis bisexuelle ?

    - Hum... Non, mais j'avais un peu vu sur ton mur... Tu as quelqu'un en vue ?

    - Hmmmm... Oui on peut dire.

    - Tu es gênée de me le dire ? Ne le sois pas, tu peux tout me dire tu sais. Je ne te jugerais pas.

    - Je sais, je ne doute pas une seconde, tu as une personnalité très ouverte, douce et mature. Beaucoup plus mature si on pointe Kassa, rit-elle.

    - Ouais, il est censé avoir dix-neuf ans, mais je lui en donnerais quinze.

    - Moi je dirais douze.

    - Oh ! vu comme ça. Les femmes sont plus matures et réfléchies que les hommes à l'adolescence, mais encore, il y a des exceptions.

    - Comme Chagum ou Aoi.

    - Oui, c’est vrai. Alors de quoi voulais-tu me parler ?

    - Ah oui !... bah, j'éprouve des sentiments pour une fille. Une jeune femme. »

     

    Motoko avait beau être très forte de caractère, fonceuse, froide de temps en temps et solitaire, concernant les sentiments avec le cœur, elle devenait très mouvementée, presqu'incertaine.

     

    « Kawai ! Tu veux bien me dire qui c’est ?

    - Je... Jure-moi que tu ne feras pas le saut.

    - Jurée sur mon estomac.

    - Ton estomac ?

    - Yep, car il ne me trompe jamais pour me dire que j'ai faim et j'ai confiance en ses capacités.

    - Tu es drôles !

    - Ca dépend des fois.

    - D'accord, si tu l'as juré. Alors voilà... je suis amoureuse... de ta grande sœur. »

     

    Alika cligna trois fois rapidement des yeux et fit signe de la main qu'elle pouvait continuer sans risque.

     

    « J'aime Balsa. Mais ce qui m'effraie, c'est que je ne sais pas si elle ressent la même chose vis à vis moi. Et je sais qu'elle est, elle aussi, bisexuelle et qu’elle n’a jamais tenté l’expérience avec une femme...

    - Continue, n'aie pas peur, nous ne sommes que toutes les deux.

    - J'aime physiquement et émotionnellement ta sœur. Tu suis ?

    - Yep.

    - Je... Désolée, les raisons et les pulsions de mon cœur me rendent bizarre... hors de moi  et mes mots sortent tous croches.

    - Ne t'en fais pas, moi aussi c'est le même résultat. Mais j'ai tout mon temps.

    - Balsa est jolie. Elle me ressemble d’une certaine manière et elle possède des caractéristiques que je n'ai pas : sa douceur maternelle, sa capacité à écouter et à ressentir les émotions des autres... En plus j'ai confiance en elle, tout coule comme de l'eau lorsqu'on se parle. Je n’ai jamais été aussi ouverte et à l’aise avec une femme... sauf mon ex, mais c’est du passé. Tu sais, on s’entends vraiment très bien ta Oneesama et moi.

    - Wow... ne dit qu'Alika. Et comment puis-je aider ? Je suis volontaire.

    - Oui, j'aurai besoin de ton aide. Dis-moi, cela te dérangerait-il si tu pourrais... te renseigner auprès de ta sœur et vérifier si elle aussi... m'aime ? De manière réciproque ?

    - Avec joie !

    - Vraiment ?!

    - Oui ! Et je sens que c'est positif. Promis, je te reviens avec les réponses demain ! Tu auras ma sœur.

    - Mais ho ! je ne veux pas la forcer, si elle ne veut pas ou si elle n'est pas encore prête, ça ne me dérange pas, tu sais.

    - M'en fous, je connais déjà la réponse !

    - Hé bah...

    - Autre chose ?

    - Merci de m'avoir écoutée.

    - Mais voyons, ça fait plaisir. J'ai tellement hâte de voir Oneesama ! (elle se calma et tomba de nouveau amorphe sur son divan) Motoko ?

    - Oui ?

    - J'aimerai bien t'avoir comme belle-sœur. 

    - Vraiment ?

    - Oui.

    - On verra. Tout dépendra de ta sœur à partir de maintenant.

    - Je la connais assez pour prédire ses réactions futures.

    - Alors je vais placer ma confiance en toi.

    - Tu as fait le bon choix, Motoko-Chan. »

     

    * * *

     

    Le soir, après avoir soupé et fait leurs études plus ou moins sérieusement, Alika choisit la soirée pour lui parler d'une chose qui la tracassait depuis sa rupture avec Kassa, pour ensuite enchaîner avec les sentiments de Motoko pour elle. Elle alla donc rejoindre sa Oneesama sur la causeuse.

     

    « Ba-Chan ?

    - Qu’est-ce qu’il y a, Alika ? »

     

    Sa petite sœur se rapprocha et s’assit à ses côtés.

     

    « J’aimerai te parler de quelque chose.

    - Vas-y ?

    - ... Tu sais que je sortais avec Kassa, avant qu’il ne tente de me violer ?

    - Oui.

    - Mais... à dire vrai, je ne savais pas trop ce que j'avais ces derniers temps. Je veux dire, on aurait dit que je ne ressentais rien avec lui... Je n'avais pas le sentiment d’être totalement amoureuse, je me disais que ça allait se développer avec le temps... mais j'avais peur que ça "m’empoisonne" au bout d’un moment.

    - D'accord, oui, je vois. Alors il y avait une autre raison à part les études qui t'as poussée à arrêter cette relation ?

    - Oui, c'était mon sujet principal.

    - Quel est-ce dans ce cas ?

    - Tu sais qu’il y a plusieurs personnes qui se disent bisexuelles, non ?

    - Oui. C’est un peu... "la mode" oserais-je dire.

    - Il y a deux catégories de bisexuels. Les vrais bisexuels, comme toi et Motoko, et il y a ceux qui ont des tendances bisexuelles. Je veux dire par là-

    - C’est le fait que les gens se disent bi pour suivre la tendance et mieux se faire accepter dans la vie quotidienne. Ou bien, avoir une tendance bi, c’est aussi vouloir être avec quelqu’un du même sexe... non ?

    - Oui, je crois... Et bien... je sais qu’il n’y a aucune honte à ça. Même que je regarde les bisexuels d’un œil différent, presqu’admiratif... et... (Balsa se plaça mieux et observa sa petite sœur) je ne veux pas que tu croies que c’est toi qui m’a donnée cette tendance... car ça...

    - Prends ton temps, je ne juge pas.

    - Mais... je pense que j’ai cette tendance vers la bisexualité. Pourquoi ?... en fait, en secondaire 5 et 4, j’ai éprouvé une envie irrésistible de parler à une fille, plus jeune que moi. Quand je la voyais dans mon champ de vision, je voulais lui parler, mon cœur s’emballait... je n’ai jamais réussi à le faire, mais la sensation était semblable à un "coup de foudre".

    - Oh... oui, je vois.

    - Oneesama ?

    - Toujours à l’écoute, continue ?

    - Ne me juge pas... mais quand je fantasme... je suis incapable d’imaginer un homme avec moi. J’imagine toujours une femme... (elle détourna vivement les yeux) ne le raconte à personne, pas même à Motoko, d’accord ?

    - Ça reste entre nous, ma belle. Tu as déjà eu envie d’embrasser une femme ? »

     

    Sa petite sœur hocha la tête, l’air perdu.

     

    « Je suis bien... avec une fille, avoua Alika. J’aime bien les câlins, être aux côtés des femmes... enfin quoi ! Elles sont belles avec leurs formes !

    - T’es cutes Sis’. Dis-moi, si l’occasion se présentait... aimerais-tu expérimenté cette "orientation" là ?

    - Oui, je suis tentée... je crois que... j’ai toujours eu une attirance pour les filles. »

     

    Balsa ferma les yeux et hocha doucement la tête, avant de prendre sa sœur dans ses bras.

     

    « Alors comme ça, ma petite sœur serait bisexuelle comme sa grande sœur. Je ne sais pas pourquoi, ça me remplit de joie.

    - J’n’arrivais pas... non pas je n’arrivais pas, je pense que je n’osais pas m’avouer cette vision.

    - Je comprends.

    - Et tu me connais, je n’aime pas suivre la mode. Je ne dis pas ça sur un coup de tête, parce que plus je cherche la raison de ma bisexualité...

    - Il n’y a aucun fait à justifier, c’est comme ça, c’est tout.

    - Je sais, mais... je ne dis pas ça pour être dans "la mode", mais bien parce que c’est vrai, plus j’y pense, j’ai toujours plus observée les femmes que les hommes.

    - Il est vrai que tu n’es pas la fille qui va... comment dire : crier hystériquement en voyant un jeune homme que la plupart des adolescentes fantasment dessus. Et, moi, je n’ai accepté ça que quand j’avais dix-huit ans. C’est un peu dur au départ, certes, mais si tu veux l’être, tu peux. Si tu ne veux pas, tu ne le seras pas. Rassures-toi, je pense qu’en fait, je ne t’ai pas influencée, mais plutôt que tu es une fille très ouverte à ce genre de relation. Deux femmes s’embrassent à tes côtés, tu ne réagirais même pas.

    - Je les laisse faire.

    - Deux hommes se tiennent par la main ?

    - Je m’en fous.

    - Deux hommes s’embrassent, tu dis... ?

    - « Oh qu’ils sont cutes ! ».

    - Deux femmes main dans la main marchent ensembles dans un parc ?

    - « Moi aussi je veux une petite-amie ! »...

    - Deux homophobes parlent qu’ils trouvent deux hommes répugnant parce qu’ils se tiennent par la main. Tu réagis comment ?

    - « Mais laissez-les vivres et vivez votre vie ! »

    - Tu vois ? Plusieurs gens devraient suivre ton exemple.

    - Oneesama ?

    - Oui ?

    - ... Je ne veux pas que tu crois que c'est toi qui m'aies influencée pour ma tendance bi.

    - Mais pas du tout, c'est comme ça, c'est tout.

    - Quand Kassa me tenait dans ses bras, je voulais une fille. Une jeune femme... C'est étrange non ?

    - Peut être es-tu tendance bisexuelle plus lesbienne, tu sais. Ça se peut que tu fréquentais des hommes en te croyant cent pourcent hétérosexuelle pour justement, étouffer peut être cette perspective qui peut faire peur aux premiers abords.

    - En fait, je commençais un peu à m'en douter. Mais depuis que j’ai failli me faire violer, je crois que les hommes me dégoutent. Pas tous ! Aoi et Batou sont mes amis comme Chagum, tu sais.

    - Oui, le cœur a ses raisons que même la raison ignore. C'est très dur de cerner ce que notre cœur dit, et parfois, il est stupide.

    - D'accord avec toi...

    - Alika ?

    - Oui ?

    - Est-ce que toi tu te sens bien avec cette perspective ? Que tu sois bisexuelle ?

    - Oui, j'en suis même un peu fière. Je suis heureuse avec cette idée-là.

    - C'est le principal... et tu sais quoi ?

    - Humm ?

    - Je m’en doutais un peu.

    - Ah bon ?!

    - Ouais... Ça fait quelques années que je m’en doutais de plus en plus. Je n’ai jamais osé aborder le sujet, parce que je voulais que tu le fasses de ton gré. Je savais qu’un jour ou l’autre, tu me le dirais.

    - Ta patience à porter ses fruits...

    - Ce n’est pas ma patience. C’est le respect que j’ai pour ma petite sœur. Et je ne voulais pas te troubler avec tout ce que tu vivais. Je n'ai pas sursauté ni aucunement été surprise par ton "coming-out". Et il faut dire, tu dessines rarement des hommes dans tes dessins.

    - Les femmes sont plus faciles à dessiner... et j’aime dessiner la forme de leur hanche, de leur poitrine...

    - C’est vrai que c’est agréable de dessiner des femmes. Au fait, quand tu as déclenché le numéro de mon cellulaire, j’ai bien entendu qu’il t’avait traitée de "sale gouine".

    - Oui.

    - C’est généralement une insulte homophobe utilisée contre les lesbiennes.

    - Je sais... mais je suis bisexuelle. Enfin, je me considère comme ça, peut-être me dirais-je lesbienne quand j’aurai une petite-amie, mais pas avant.

    - Et c’est correct comme ça. Mais si tu es seulement bisexuelle tendance lesbienne, c’est autant correct ma belle. »

     

    Un court silence les sépara de cette première conversation. Alika enlaça tendrement sa sœur avec un grand sourire et murmura un "merci".

     

    « Balsa ?

    - Oui ?

    - Je peux te faire part de quelque chose d'autre ?

    - Vas-y. Tout ce que tu veux très chère.

    - Je ne sais pas trop comment aborder le sujet, mais ça ne te dérange pas trop si j'implique une certaine personne dans mes explications ?

    - Aucun.

    - Pour commencer : aimes-tu quelqu'un ? Ressens-tu de quoi pour cette personne-là ?

    - Hummm... Oui. J'éprouve de quoi pour quelqu'un.

    - Femme ou homme ?

    - Femme.

    - À quelle fréquence la vois-tu par jour ?

    - Presque tous les jours. Au fait, on aurait dit que tu m'interroges, Ali~lili.

    - On peut dire que oui.

    - Hmmm... Tu me caches de quoi.

    - Certes, mais tu auras la réponse après avoir répondu à mes questions. »

     

    Balsa soupira, sourit et fit signe à sa sœur de continuer.

     

    « Tu connais cette personne depuis combien de temps  ?

    - Début de la session d’hiver.

    - Qu'est-ce que tu ressens envers elle ?

    - Son petit côté autoritaire mais étonnamment doux avec moi. Sa présence à mes côtés tout en étant introvertie comme toi et moi. Avec elle, je peux tout dire, me confier sans me sentir juger. Toutes mes confessions et confidences sortent naturellement en sa présence.

    - Comment te sentirais-tu si tu aurais à passer de ton amitié avec elle à de l'amour ? Te sens-tu plus à l'aise avec une femme, je veux dire, l'approche physique se ferait-elle mieux et plus vite pour se coller... qu'avec un homme ?

    - Pour tout dire et t'avouer : je pense que oui. Je ne sais pas pourquoi, mais pour moi, deux femmes qui se collent et se câlinent ensembles me semblent plus normal... que deux hommes. Je ne suis pas homophobe Alika, mais on dirait que les approches entre femmes sont plus tactiles. Quand une fille pleure, elle se fait souvent prendre dans les bras de son amie... Les hommes c'est différent des femmes, mais les voir ensembles ne me dérangent pas le moins du monde, c'est juste moins fréquent. Quant à passer de l'amitié à de l'amour, bin, il faut avant tout que les deux cœurs soient du même avis et que ce soit réciproque. Pas forcé, mais non plus pas de manière à jouer dans le dos de l'autre, voilà ma perception.

    - Je vois. Aimes-tu cette personne avec ses défauts ?

    - Ses défauts font son charme. La femme parfaite n'existe pas.

    - Émotionnellement et physiquement, te sens-tu attirée vers elle ?

    - Oui. Émotionnellement, quand je lui parle, je n'ai pas peur de me faire juger au quart de tour, car elle analyse les enjeux et les problèmes avant de poser un jugement sur mes faits... Aussi, elle le fait très rarement. C'est plutôt : "Fonce Balsa, fonce !". Physiquement, j'adore ses yeux, ils ont quelque chose de kaléidoscopique. J'ai toujours eu une attirance pour les cheveux courts... Surtout chez les femmes. Je l'aime de toutes parts, sous toutes les coutures.

    - Te sens-tu à l'aise de parler de tes problèmes à elle si ça va  mal ?

    - Oui.

    - Tu es bien en sa compagnie ?

    - Oui.

    - D'accord dans ce cas. Peux-tu me dire maintenant si cette personne ressent ou pourrait ressentir les mêmes sentiments envers toi ?

    - Aucune idée... mais je pense avoir eu quelques indices qui me prouveraient que oui, elle ressent bel et bien des sentiments à mon égard... »

     

    Alika se redressa, un peu fatiguée de sa position qui lui donnait mal au dos et se replaça avant d'observer sa sœur d'un air très concentré.

     

    « Vas-y, donne-moi les indices.

    - On a pris une seule fois un bain ensembles, on dort parfois l'une chez l'autre... Je te laisse deviner ?

    - 'Toko-Chan ? répondit Alika, nulle surprise.

    - Oui... C'est Motoko.

    - Tu avais quelque chose de sentimentale à son égard avant que je ne t'en parle ?

    - Depuis... voyons... fin février.

    - Amitié ou amour ?

    - Un peu des deux...

    - Okay ! Tu t'imagines dans ses bras et vice-versa?

    - Bien sûr !

    - Tu t'imagines l'embrasser ?

    - Souvent.

    - Te sens-tu prête, toi, à être en couple ?

    - Elle est de nature solitaire, moi aussi... mais on adore se voir. Je sais pas pourquoi, mais si elle n’est pas là une journée, je déprime de ne pas voir son sourire. Quand elle me voit, je n’ai pas besoin de lui demander de venir vers moi, elle le fait toute seule. Et quand je la vois, dès que je vais vers elle, elle m’accueil si ouvertement qu’on aurait dit que ça faisait un siècle qu’on ne s’était pas vues. Et si elle est prête à me laisser une place dans sa vie, dans son cœur, alors... je le suis également.

    - Sure ?

    - Alika... grogna doucement Balsa, qui commençait un peu à être fatiguée des mille et une questions de sa petite sœur.

    - Ok, ok ! Je m'excuse, je m'excuse ! Mais... Je voulais juste m'en assurer parce que... je voulais voir si c'était réciproque !

    - Pardon ? se surprit la grande sœur.

    - Oui... Motoko m'en avait parlé aujourd'hui. Elle était nerveuse, c'était la première fois que je la voyais dans un tel état. Elle était très angoissée. Elle avait peur que ce ne soit pas réciproque. Que tu aimes quelqu'un d'autre à la place.

    - Elle... m'aime aussi ? »

     

    Sa petite sœur hocha vigoureusement la tête. Balsa se redressa, un sourire aux lèvres.

     

    « Est-ce que-

    - Stop les questions-là, petite sœur. S'il te plait, fais-moi confiance. Je sais ce que je veux.

    - Mais je ne veux pas que toi ou Motoko ayez mal comme moi. Je vous aime beaucoup toutes les deux et je ne veux pas que vous ayez mal !

    - Je comprends, mais je suis également plus âgée que toi. C'est moi qui ne veux pas que tu sois blessée, c'est le rôle d'une grande sœur.

    - D'accord...

    - Mais je peux te remercier d'avoir mis les sentiments que j'éprouvais pour Motoko au clair. Maintenant, je sais ce que je vais faire.

    - Je l'ai aussi fait pour Motoko.

    - Fais quoi ?

    - Mettre ses idées au clair, celles qui te concernaient.

    - Ah oui !

    - Vous vous connaissez depuis un bon moment, vous savez et connaissez les réactions de l'autre dans telles situations et tels événements.

    - Oui.

    - Bon, je vais te laisser terminer ton émission. Moi, je vais préparer mes choses pour demain.

    - D'accord.

    - Oneesama ?

    - Oui.

    - Sois heureuse... avec la femme qui comblera ta vie.

    - Merci. Toi aussi, tu trouveras un jour la femme qui partagera ta vie et fera chavirer ton cœur. »

     

    * * *

     

    Motoko arriva au cégep et alla à sa case avant de s'asseoir sur les bancs du carrefour. Elle était habillée d'une camisole top sans bretelle et d'un pantalon skinny bleu-gris luisant. Elle révisait ses notes de cours pour un examen lorsque des voix familières atteignirent son ouïe. Elle leva dès lors la tête.

     

    « Je vais à ma case, disait Alika qui observa ensuite Motoko et lui fit un clin d'œil.

    - Parfait... Hi there, salua Balsa, habillée d'un chandail gris avec six grosses étoiles brillantes noires et une jupe noire.

    - Coucou.

    - Viens-tu à ma case ?

    - Bien sûr ! »

     

    Elles avancèrent dans la rangée de casiers, dans les vestiaires. Balsa fit son code et déposa son sac et ses affaires à l'intérieur. Une fois terminé, elle se redressa et observa son amie avant de faire un beau sourire. Motoko crut fondre de bonheur en le voyant.

     

    « Tu sais que tu es jolie aujourd'hui ? complimenta Balsa sur les vêtements de la jeune cyborg.

    - Merci, toi aussi, t'es toujours aussi bien habillée. »

     

    Balsa échappa un petit sourire qui voulait dire que le compliment lui plaisait.

     

    « Excusez-moi, s'excusa une élève qui voulait passer.

    - Oh ! désolée ! »

     

    Motoko se colla à la rangée de casier qui suivait la case de son amie. La grande sœur profita de cet instant pour glisser lentement son bras autour de la taille de la jeune femme aux cheveux mauves pour la rapprocher un peu plus d'elle. La cyborg se retourna de trois quart vers son amie et se positionna face à face à Balsa. Des frissons parcoururent le dos de Motoko. Des frissons de plaisir.

     

    « Tu sais que je suis bien avec toi ? murmura Balsa en caressant ses hanches.

    - Moi, plus que tu ne peux le croire.

    - Mmmmm... Je n'en doute pas.

    - Est-ce que... est-ce que... tu m'aimes ? osa enfin demander Motoko dans la proximité de leur visage, toutes deux séparées par quelques centimètres seulement.

    - Chérie, j'allais te poser la même question. Mais vois-tu, ma petite sœur semble complice pour vérifier si nos sentiments étaient bien réciproques.

    - Tu ne lui en veux pas ? C'est en partie à cause de moi qu'elle s'en est mêlée.

    - Pas du tout ! Grâce à elle, je connais ma sorte de femmes, ma préférence pour elles... J'ai aussi compris ce soir-là ce que mes émotions essayaient de me dire dès le départ. Je suis bien avec toi, à chaque fois que je te vois, mon cœur s'emballe, je veux être avec toi, à tes côtés tout le temps... et niveau solitude, là-dessus, on se comprend. T'as  été une super amie jusqu'à là, mais...

    - Mais... ? insista-t-elle, un peu inquiète.

    - Je voudrais que ça aille plus loin, que simple amitié et je voudrais savoir quand tu seras prête. Je ne sais pas si la blessure que t'as laissée ton ex fait encore un peu nœud dans ton cœur, je ne voudrais pas te brusquer...

    - Écoute, c'est du passé. Tu as été la seule véritable amie avec qui je n’ai jamais eu autant de plaisir et en qui j'ai réellement confiance... Et, tu le sais sûrement, c'est extrêmement rare que j'offre ma confiance à quelqu'un. N’importe quand, si tu es prête. Et si tu ne l'es pas encore, je t'attendrais jusqu'à ce que le moment arrive.

    - Je ne laisserai pas filer l’occasion. Les gens se remettent trop en question et reportent trop au lendemain...

    - Et laissent le temps défiler rapidement avec leurs espoirs et leurs chances.

    - Poète, sourit Balsa.

    - Un peu. »

     

    Motoko osa caresser la joue de son amie avec délicatesse. Elle se laissa faire. Puis, la cyborg la prit par la tête et colla son front contre le sien.

     

    « Tu sais que tu as un beau regard ? Il dit tout.

    - Hmmm... Peut-être.

    - Ne raconte pas de bêtises. Viens, on va dehors, ici c'est beaucoup trop passant à la fois trop isolé. Je n'aime pas trop ça, j'ai l'impression qu'on va nous attaquer par surprise.

    - On peut aller dehors. »

     

    Elles partirent à l'extérieur, main dans la main, sans aucune gêne. Elles allèrent dans un endroit calme et paisible où personne n’était présent. Les deux jeunes femmes s'assirent sur l'herbe, tout en gardant leurs mains ensembles.

     

    « Alors, j'allais dire que les femmes de ton genre... m'ont toujours attirées, avoua Motoko, soudainement gênée. »

     

    Balsa se contenta de sourire. Elle ne savait pas quoi dire, elle en était presqu'émue. Son amie détourna les yeux.

     

    « Qu'est-ce qui t’attire chez ces femmes ? s'enquit la Oneesama.

    - Leurs yeux foncés, leurs longs cheveux bruns... et leur capacité à écouter sans juger et aider ses amis. »

     

    Tout à coup, Motoko se fit plaquer par surprise sur le gazon. Elle rouvrit les yeux et retrouva son amie par-dessus elle.

     

    « Hé bien, moi, les femmes aux cheveux courts et aux yeux kaléidoscopiques sont mon genre, tu sais. Leur côté autoritaire, qui s'assument... j'ai tellement envie de toi !

    - Balsa... ? s'effraya un peu la cyborg qui n'avait jamais vue une telle réaction chez son amie.

    - Tu m'aimes ? susurra Balsa au creux de son oreille. »

     

    Un court instant de silence s'imposa entre elles. À son tour, Motoko renversa les rôles et elle se trouva par-dessus son amie, à son tour.

     

    « À ton avis ? Un seul de tes sourires fait ma journée. Et ton regard tue ma déprime quand je vais moins bien. »

     

    Sans plus attendre, couchées sur l'herbe, hors de la vue des passants trop curieux, nos deux amies s’embrassèrent sur un long baiser passionné. Il dura de longues secondes, secondes durant lesquelles leur cœur semblait faire un marathon et où tout plein de sentiments envahirent leur être, avant qu’elles ne reprennent leur souffle.

     

    « Quant à l'officialisation de notre relation... s’inquiéta Balsa dans les bras de Motoko.

    - Bof... Moi je veux juste être avec toi. Je me fous de la date officielle.

    - Oh ! tu as raison en fait. Ça restera entre nous et nos amis.

    - Bonne idée.

    - 'Toko-Chan ?

    - Oui ?

    - ... Je t'aime. Depuis le premier jour où l’on s'est vue.

    - Moi aussi... même chose. »

     

    Elles s’embrassèrent à nouveau, préférant y aller doucement et rester dans leur étreinte. Il n’y avait plus aucun soucis, aucun doute ni aucune crainte désormais. Elles savaient qui elles aimaient et comprenaient enfin leurs sentiments. Balsa se redressa avec un sourire radieux et Motoko s’étira, soulagée avant de jouer dans ses longs cheveux bruns.

     

    « Tu n’as pas de cours ? s’enquit-elle en se mettant à tresser ses cheveux.

    - Juste à huit heures cinquante. Et toi ?

    - Neuf heures cinquante, sourit-elle.

    - Je ne suis pas sûre si ma petite sœur aimerait que je t’en fasse part.

    - De quoi ? Elle t’a fait une confidence ?

    - Oui, et selon moi, il serait important que tu en sois informée.

    - Si tu le dis. Je pourrais aussi faire semblant de ne rien savoir.

    - Peut-être, si tu caches bien ton jeu, car elle est très intelligente.

    - D’accord. Au fait, elle a dit qu’elle aimerait bien que je sois sa belle-sœur. Est-ce que ça pourrait avoir un rapport ?

    - Probablement. Au moins, elle est déjà prête à t’accueillir dans notre petite famille, rigola Balsa. - Déjà cela, c’est bien. Et qu’est-ce qu’elle t’a dit hier ? Je suis curieuse.

    - Ma petite sœur m’a avouée hier, qu’elle pensait fortement avoir une tendance bisexuelle.

    - Vraiment ?! s’enquit Motoko, presque contente.

    - Attend c’est pas tout, une tendance bisexuelle... très lesbienne.

    - Ouh ouh, ça commence à devenir fort intéressant. Et comment l’a-t-elle su ?

    - Elle s’en doutait depuis un moment, mais elle n’osait pas se l’avouer je pense. C’est surtout sa dernière relation de couple qui lui a fait réaliser ce point. »

     

    Elle observa Motoko.

     

    « Je ne sais pas pourquoi, mais je m’attendais un peu à ça avec elle, avoua la cyborg.

    - Ah bon ?

    - Elle me montrait quelques dessins, avec deux jeunes femmes se tenant par la main. Mais elle me répliquait vivement qu’elle n’était pas lesbienne, mais qu’elle aimait bien cette sorte de relation, que c’était vraiment cutes. Quand je lui ai dit que j’étais bisexuelle, elle n’a même pas réagi, faisant plutôt un petit sourire joyeux.

    - C’est bien ma sœur ça... Dis, Motoko, désolée, je change de sujet assez régulièrement.

    - Pas de trouble.

    - Est-ce que tu as, dans ta gang d’amis, des amis homosexuels ou bisexuels ?

    - Certainement ! Par exemple : Batou est bisexuel, alors que Borma est homosexuel. Togusa a eu une passe où il aimait beaucoup les hommes, donc il se considère hétéro tendance bisexuel. Saito et Pazu ont déjà eu des relations ensembles, ils sont toujours ensembles, mais préfère vivre leur vie de couple chez eux. Tu ne les verras jamais se tenir par la main ou se donner un câlin au cégep. Kuze est bisexuel comme moi.

    - Je vois... et toi tu es comme lui.

    - Oui. Et très fière de l’être.

    - Motoko ?

    - Oui ?

    - Ça ne m'est pas revenu en  tête plus tôt, mais tu te souviens de la soirée qu'on avait passé chez Batou ?

    - Oui ?

    - Durant la nuit, on aurait dit que c'était un songe... mais avons-nous vraiment fait des choses ensembles ?! On était sans vêtements.

    - Oh ça ! hum... ma Chérie, je pense qu'on a vraiment exploré le corps de l'autre... tu étais... alléchante ? »

     

    Balsa fit une expression tellement surprise, que Motoko éclata de rire et lui donna un bisou sur la joue.

     

    « Rassurée maintenant ?

    - Oui... et toi aussi, j’avoue que ton corps était très attirant et... sensuel, oserais-je dire.

    - Merci.

    - Ça me tournait en tête depuis un sacré bout de temps... Alors... Motoko ?

    - Oui ?

    - Je... t’aime...

    - Moi aussi, ma belle. »

     

    Elles s’embrassèrent à nouveau et restèrent coller l’une contre l’autre jusqu’à ce que l’heure de leurs cours commencent. Le soir, Balsa permit à sa petite sœur de conduire sa voiture pour qu’elle puisse pratiquer et qu’elle, Balsa, puisse être encore dans sa rêverie.

     

    « Alors ?

    - Alors quoi ? questionna l’aînée qui attachait sa ceinture.

    - Avec Motoko ?

    - Oui !

    - YEAAH ! Enfin ! J’ai ma belle-sœur !

    - Et oui ! 

    - Sois heureuse Oneesama, sois-le. Tu le mérites.

    - Merci. »

     

    ♦ ♦ ♦ ☆ ♦ ♦ ♦

     

    ENFIN !

    J’ai rédigé le bout tant attendu de ma fanfic ! C’est mon moment préféré ! Je suis toute contente de l’avoir enfin fait et que Motoko et Balsa soient ensembles ! =)

    C’est kawaii en même temps, il faut le dire. Personnellement, je trouve ma fanfiction assez profonde en matière de sujet, pas vous ?

    Ah oui ! Je fais parfois de micro-sieste au cégep sur les bancs de « la thérapie » <-- nom sortit d’un délire avec un de mes amis, c’était à cet endroit où je me lâchais dans les fous rires à en avoir mal aux joues et au ventre.

    Same Love est également une chanson chanté par Maklemore ft Ryan Lewis qui aborde l’homosexualité. C’est un doux rap, mais c’est tellement touchant que j’en ai pleuré la première fois que je l’ai entendu !

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