• Chapitre 7 : Temps des fêtes à Kanbal

    Au fur et à mesure que le temps passait et que sa fièvre remontait et redescendait, Alika commença à trouver le temps long. Elle dessinait un peu, parlait avec sa grande tante et sa mère mais peu de ses amis venaient la voir. Peut-être pour éviter qu’ils ne soient contaminés. Alors qu’elle faisait une sieste, Balsa cogna à sa porte.

     

    « Mon trésor ?

    - Quoi ? grogna-t-elle dans son sommeil.

    - Tu as de la visite. »

     

    Elle redressa rapidement la tête et observa sa mère. Amaya apparut derrière elle et sourit.

     

    « Maman a enfin accepté que je puisse venir te voir ! se réjouit-elle. Je n’ai pas pu avant à cause de la neige et des tempêtes, mais aujourd’hui, il faisait beau... donc... »

     

    Alika fit de la place sur le lit et Balsa les laissa entre amies.

     

    « Je suis contente que tu sois venue, sourit-elle. J’ai eu peur que mes amis ne viennent jamais et me laisse tomber.

    - Bin non. Ne t’en fait pas. Akiro aurait aussi aimé venir, mais il devait aider sa famille pour les fêtes.

    - Fêtes ?

    - Oui, ici à Kanbal on fête la création de Kanbal par le dieu Yoram. Je vais te raconter la mythologie : Au début, il n'y avait que l'obscurité tourbillonnant. De cela, éclata le premier rayon de lumière – Yoram, le dieu du tonnerre, ou ‘’l’homme au dos nu’’. Le devant de son corps était la Grande Lumière, tandis que son dos était la Grande Noirceur. Il était le dieu, à la fois de la foudre aveugle et de l'obscurité dont il est issu. Les ancêtres qui ont fondé les neuf clans sont nés à partir du corps de la Grande Lumière : de ses oreilles droites et gauches, Musa et Yonsa ; de ses yeux gauche et droit, Muro et Yonro ; de ses mains droite et gauche ; Muga (mon clan) et Yonga ; de ses pieds droit et gauche, Muto et Yonto et de son nez, Na. Kanbal, l'ancêtre de la lignée royale, est né le dernier de tous, émergents du front du dieu. C'est lui qui a créé le royaume de Kanbal sur la chaîne de montagne Yusa  La Grande Noirceur a elle-même donné naissance à des enfants qui ont fondé les neuf autres clans, et la lignée des rois qui gouverne le royaume de la montagne en suivant la chaîne Yusa. Chacun des dix clans de Kanbal ont reçu leur propre territoire et ont voyagé à eux. De loin, ils n’ont vu que les montagnes rocheuses, pas un brin d'herbe, pas un arbre, pas une goutte d'eau qui eût béni le royaume. Mais lorsque les fondateurs des clans mirent le pied sur le territoire qui leur avait été donnée, de l'herbe et des arbres ont germé du sol, des sources et ruisseaux ont coulé toute de suite, et les petites gens et les chèvres ont émergé du sol. Les petites gens sont les éleveurs, qui s’occupent des chèvres et qui ont donné leur lait au clan. En retour, les fondateurs se sont engagés à protéger les terres et les éleveurs du mal. »

     

    La jeune enfant malade avait dévoré le récit de son amie, oubliant un moment, sa toux.

     

    « J’aime encore plus Kanbal maintenant !

    - Moi j’aimerai bien visiter les autres pays. Selon des voyageurs, il y a des étendus d’herbes énormes et des richesses avec des rizières et un sol fertile !

    - C’est plutôt vrai. J’ai voyagé avec Maman et Kanbal est très pauvre, mais reste que je l’aime pareil ! Mais c’est donc ça les fêtes ?

    - Oui. On célèbre la création de Kanbal et le retour des journées qui deviennent plus longues jusqu’au solstice d’été. On en profite pour mettre un sapin dans la maison et offrir des cadeaux à tous ceux qu’on aime. On prépare des plats chauds et on fait des activités. Dis, tu vas être là pour les fêtes ?

    - Probablement... si je suis sur pied d’ici là. Dans combien de jours ?

    - C’est dans deux semaines.

    - Je ne compte même plus le nombre de semaines dont je suis au lit.

    - Tu es tombée dans la rivière il y a une semaine. Tu es encore très malade ? (Amaya approcha sa main de son front, mais Alika recula.) Qu’est-ce qu’il y a ?

    - Je ne veux pas te contaminer. Maman goûte mes plats dans lesquels j’ai mangé et elle ne tombe pas malade... peut-être parce qu’elle immunisée.

    - Peut-être... ou bien parce que tu es sa fille et qu’elle t’a refilé ses anticorps.

    - Non, je ne crois pas.

    - Moi je crois que oui. Sinon, tu sais quoi ?

    - Non, mais je crois que je vais pas tarder à savoir.

    - Shozen voulait venir te voir, s’étrangla-t-elle. »

     

    Au même moment, Alika toussa durant quelques secondes avant de regarder Amaya en riant.

     

    « Il doit s’ennuyer de ne plus avoir de rivale.

    - S’il venait, tu dirais quoi ?

    - "Veux-tu attraper mon rhume et on fait un concours de celui ou celle qui se remet le plus vite ?" non ? »

     

    Amaya rit. Elle se baissa, ramassa quelque chose au pied du lit et l’offrit à son amie.

     

    « J’ai ça. C’est pour t’aider à récupérer. »

     

    Alika ouvrit le paquet cadeau et découvrit une douce couverture en laine rose et mauve avec des fruits confits et un petit oreiller.

     

    « Merci !

    - Je l’ai tissé avec ma Maman pour toi. Elle t’apprécie beaucoup, tu sais.

    - Je suis contente. Nos mamans devraient se rencontrer, non ?

    - Bonne idée, peut-être durant le temps des fêtes qui sait ?

    - Oui !... Je peux te donner un câlin ? demanda avec hésitation Alika.

    - Tu es sûre ? Moi ça ne me dérange pas.

    - Eh... Une autre fois alors. Je dois te montrer de quoi.

    - Vas-y !

    - Tu te souviens quand j’ai vaincu Shozen le jaloux à son challenge ?

    - Oui ! On en parle encore tu sais.

    - Je lui ai dit que si j’avais une vraie arme, bin… qu’il serait fortement blessé ou mort... (elle rit de manière fatiguée) Tu as cru en mes paroles ?

    - Évidemment ! »

     

    Alika se retourna, se pencha pour tirer de quoi sous le lit.

     

    « Ne fait pas le saut.

    - Promis. »

     

    Elle tira sa lance et la montra fièrement à son amie.

     

    « Tu portes une lance ?! s’étonna Amaya avec surprise.

    - Oui.

    - Mais... pourtant ton père et ta mère ne sont pas-

    - C’était faux. J’ai tout inventé ça avec tante Yuka afin que je sois en paix pour aller à l’école. Promets-moi de ne rien dire si je te dis la vérité.

    - Tu me connais !

    - En fait, ma mère est d’origine Kanbalese et mon père vient du Nouvel Empire de Yogo, c’est un Yakue métissé. En réalité, ma maman est lancière depuis son plus jeune âge. Élevée par... Jiguro Musa. Elle m’a appris à maîtriser les arts de la lance. Bien que je n’ai que sept ans bientôt huit, elle dit que je serai de son niveau plus tard.

    - C’est pour ça que tu étais si douée.

    - Et que je le suis toujours.

    - Et qu’en est-il de ton petit frère ou petite sœur ? Tu avais dit que ta mère était enceinte.

    - Eh... en fait... il n’est pas né. Mais il n’est pas vivant non plus... dit-elle avec tristesse. »

     

    Amaya ne dit rien et offrit un câlin à son amie enrhumée. Elle la rassura qu’elle avait aussi perdu deux petites sœurs en bas âge, dont une de cette façon, mais moins dramatique que Balsa, selon ses dires.

     

    « Après, Maman et Papa n’ont plus voulu en faire d’autres. Ils ont dit qu’un enfant était assez suffisant et qu’on était pauvre. Tu sais qu’ici, quatre enfants sur dix survivent en bas âge ?

    - Non.

    - C’était aussi pour cette raison qu’ils ont arrêté de vouloir en faire.

    - Est-ce que ça veut dire que ma mère, la mienne, ne va plus en refaire ?! paniqua soudainement Alika.

    - Je ne sais pas... tu devrais lui en parler.

    - Amaya ?

    - Hum ?

    - J’étais vraiment prête à être grande sœur... mais je ne le suis pas au final.

    - Tu vois ça comme un échec ?

    - Non. Je vois ça... comme n’ayant aucun titre spécifique. Tout le monde pense que parce que mon frère est né avant la naissance et décédé, en plus, qu’il n’a pas vécu pour vrai. Et que ma Maman n’a pas raison de souffrir... qu’elle doit oublier.

    - Ces gens sont stupides. Même si mes sœurs ne sont pas nées ou n’ont pas vécues très longtemps, ma famille et moi les prions chaque jour. Et on leur parle. »

     

    Balsa allait voir les filles et s’était apprêtée à cogner quand elle avait entendu le sujet de conversation. Elle avait alors cessé son geste et avait écouté ce qu’elles s’échangeaient, collée au mur. En entendant les paroles sincères de sa fille et d’Amaya, elle avait posé ses mains sur son ventre, noué par la nervosité. Elle essuya maladroitement ses larmes, qui malgré son air stoïque, ne cessaient de couler sur ses joues.

     

    « Passons ! sortit joyeusement Amaya. Est-ce que tu vas rester à Kanbal ?

    - Non... Maman veut retourner voir Papa au printemps.

    - C’est triste... je pourrais plus te revoir !

    - On va sûrement se retrouver !

    - Promesse hein ?

    - Promesse ! »

     

    La lancière se reprit, cogna et ouvrit la porte.

     

    « On s’amuse bien ?

    - Oui, oui, répondirent à l’unisson les fillettes.

    - Regarde ce qu’Amaya a fait en compagnie de sa maman pour moi ! s’égaya Alika, en montrant la couverture et l’oreiller.

    - Comme c’est joli ! Tu as beaucoup de talent, Amaya, la complimenta Balsa.

    - Merci, mais ma Maman m’a aidée un peu quand même.

    - Est-ce que tu manges ici ?

    - Oh ! j’ai le droit même si Alichoue’ est malade ?

    - Bien sûr ! Un peu de visite pourrait l’aider à guérir plus vite. »

     

    Les deux amies se regardèrent pétillantes de joie. Yuka avait préparé le souper et aida Alika à se mettre sur ses jambes. Elle vacilla quelques fois mais son amie la soutint et elles se sourirent. Durant le souper, Balsa apprit à mieux connaître Amaya et écouta ses récits sur les jeux et discussions qu’elle aimait avoir avec Alika. La mère d’Amaya vint la chercher un peu plus tard et rencontra Balsa pour la première fois. Dès qu’elles furent parties, Yuka dans le salon en train de lire un livre tranquillement, la lancière alla retrouver sa fille dans la chambre et s’assit sur leur lit.

     

    « Tu t’es bien amusée aujourd’hui ?

    - Oui, beaucoup.

    - Je suis ravie. Tu sembles aller mieux. (elle toucha son front) As-tu autre chose à me raconter ?

    - Non.

    - Dans ce cas, j’aimerai te parler d’un sujet.

    - Vas-y...

    - Ton petit frère... tu l’aimais autant que moi, n’est-ce pas ?

    - Oui.

    - J’ai été égoïste dernièrement avec toi. Je ne pensais qu’à moi et à ma souffrance que je suis incapable d’extérioriser ou même de la démontrer... Je ne savais pas que ça t’avais affecté autant. Je suis sûre que tu aurais fait une très bonne grande sœur. Tout comme mon désir d’être mère à nouveau et de voir Kasem à terme, je suis certaine que ton désir d’être grande sœur était aussi puissant que le mien.

    - Maman ?

    - Hum ?

    - Tu vas arrêter de faire d’autres enfants ? »

     

    Balsa regarda sa fille et l’attira dans ses bras.

     

    « Les enfants que j’ai eu à date n’ont jamais été planifiés d’avance. Ils furent toujours un hasard. Si la nature a demandé à mon corps de porter un enfant, je le prends. Ça te rassure, ma chérie ?

    - Oui, donc j’en aurai un autre... ou "des autres" ?

    - Ce sera le hasard du destin (elle sourit).

    - Mais Kasem sera toujours de la famille, hein ?

    - Oui. C’est un membre de la famille.

    - Ce sera toujours le deuxième après moi... »

     

    Il eut une courte pause et la maman conclut la conversation.

     

    « Merci pour la boîte souvenir de Kasem, murmura-t-elle au creux de son oreille. Je le sens vraiment comme s’il avait vécu à nos côtés depuis toujours.

    - Maman ?

    - Oui ?

    - Dors avec moi cette nuit.

    - Et pour les autres nuits ?

    - Toujours.

    - Évidemment, bien sûr ma belle. »

     

    * * *

     

    Même si Alika était encore un peu malade, sa fièvre avait progressivement diminuée, la petite voulut aider sa mère avec la guignolée. Cela consistait à donner des boîtes de denrées et de nourriture pour les familles les plus pauvres de Kanbal. Elles feraient le territoire Yonsa, du moins, le tiers de celui-ci. Yuka avait donné la permission à Alika de pouvoir diriger le cheval qui portait les vives, et lui avait montré comment le contrôler. Durant un moment, Alika avait presqu’oublié son don de comprendre les animaux. Elle ne le remarqua uniquement que lorsqu’elle avait ordonné au cheval d’avancer et d’arrêter. Le temps était plutôt doux et le vent était tombé. C’était une belle journée. Rendu à l’heure du midi, Balsa avait fini la dernière maison et avait remonté dans le chariot.

     

    « Ça fait chaud au cœur de les voir si... eh...

    - Joyeux ?

    - Oui et heureux, commenta Alika.

    - C’est bien vrai.

    - On va passer le temps des fêtes où ?

    - Yuka a réservé une grande salle avec plein de famille du territoire Yonsa. Amaya parmi eux.

    - Chouette ! »

     

    * * *

     

    Le temps des fêtes arriva à grands pas. Bien que sa fièvre continue de persister, Alika fut capable d’aller à la grande soirée. Yuka avait organisé des activités et des équipes. Il y avait la section des enfants et des adultes. Alika fut placée avec Amaya, Akiro et...

     

    « Pas Shozen-le-jaloux ! s’était-elle à demi horrifiée.

    - Ça part bien dis donc ! Tu ne veux même pas me voir ! rechigna-t-il. Moi, je ne t’ai pas vu depuis ta chute dans la rivière et tu me dis que tu ne veux pas me voir !

    - Alors tu voudrais me provoquer de nouveau ? rit-elle.

    - N-non ! »

     

    Les compétitions débuteraient après un bon et grand souper. Il y avait du fromage de chèvre, de la viande, du ragoût et des légumes. Alika préféra grandement la soupe et le riz.

     

    « Depuis que Balsa a réussi à sauver Kanbal avec les luishas, Kanbal prospère, narra un des adultes. C’est pour ça que nous avons un temps des fêtes si gais ! »

     

    Shozen continua de se vanter de ses exploits. Du « tu aurais dû voir... Alika », et la regardait souvent avec un regard spécial. Amaya avait donc prit le bras de son amie et s’était accotée contre elle.

     

    « Va falloir se serrer les coudes ! déclara-t-il plein d’entrain.

    - Je suis malade, je ne suis pas au top de ma forme.

    - Alika on se passera de tes com’s !

    - Nous on se passerait bien de ton hyperactivité, rétorqua Akiro pour la défense de son amie en soupirant. Et la condition d’Alika marque un point. »

     

    Le rival ronchonna et continua de manger.

    Les activités se passèrent bien. Balsa riait aux grands éclats et gagnait pour la plupart du temps alors qu’elle n’avait jamais fait les compétitions de sa vie. Alika essayait de se serrer les coudes avec Shozen, mais ils s’engueulaient – en pensant encourager l’autre à ralentir ou à accélérer – désespérant Akiro et Amaya.

     

    « Tu vas le faire tomber ! cria Shozen.

    - Heille ! je sais ce que je fais ! grogna Alika en s’approchant de lui et de lui tousser au visage.

    - Gyah ! »

     

    En fin de soirée, Amaya s’endormait et Alika lui avait passé son épaule en guise d’accotoir. Shozen continuait de jouer avec leurs prix qu’ils avaient gagnés aux compétitions. Alors que la fille de Balsa commençait à sombrer dans la lune, sa double vision s’activa. Elle sursauta un peu en voyant Karuna derrière Yuka, sa grand-mère maternelle veillant Balsa qui discutait avec les mamans d’Amaya et d’Akiro. D’autres esprits s’étaient jumelés à la soirée et elle vit une petite silhouette dans les bras de Jiguro qui était un peu à l’écart, assit sur le divan en face d’eux. Elle comprit que c’était son petit frère décédé. Jiguro leva la tête et l’observa avant de sourire. Comme en transe, elle l’entendit parler.

     

    « Je suis fier de Balsa, ta mère. Je suis heureux de voir comment elle vit sa vie qui avait été jusqu’à présent, que misère et douleur. Kasem sera avec moi désormais. (Alika n’hocha que la tête) Joyeux temps des fêtes. »

     

    Il resta là, puis s’évapora sous ses yeux.

    Balsa avait engagé une conversation avec Toto, le chef des éleveurs.

     

    « Vous le saviez, n’est-ce pas ? Vous saviez qu’ils m’attendaient sous la terre ?

    - Quand le hyohlu a déposé le luisha pour que Gina le trouve, j’ai immédiatement suspecté qu’ils avaient appelé quelqu’un. Alors, je t’ai rencontré, et comme j’ai écouté ton aventure de Jiguro, j’ai réalisé que tu étais la seule personne qui pouvait faire reposer les hyohlu en paix. La Danse des lances peut seulement être dansée quand ton âme est complètement exposée. Le hyohlu jette tous ses émotions à son partenaire. Leur âme devienne si proche qu’il est impossible de décrire ce qu’ils ressentent à ce moment-là, sourit-il soudainement. Mais même à ça, habituellement, la Danse des lances n’est pas si difficile qu’elle prétend l’être. Le danseur n’a pas besoin d’être une personne exceptionnelle. Aussi longtemps qu’il peut être connecté avec l’âme du hyohlu et le laisser imbrûlé de lui-même, les luishas ont toujours été donnés. Cette année, cependant, nous étions vraiment inquiets. Pas seulement Jiguro, mais plusieurs autres hyohlu qui ont été trahi et assassiné. Jamais nous n’avons vu des hyohlu avoir autant de difficulté à reposer en paix. Et c’est pourquoi je pense qu’ils ont dû attendre pour toi. T’attendant jusqu’à ce que tu visites Kanbal... pour qui il aurait été possible de danser la Danse des lances et les amener en paix.

    - Êtes-vous en train de dire que c’est parce qu’ils m’attendaient que la cérémonie a été décalée de plus de dix ans ? Vous vous trompez. Parce que si c’était vrai, si je n’avais pas décidé par caprice de retourner à Kanbal, la cérémonie n’aurait jamais pris place.

    - Tu serais venue, grimaça-t-il. Parce que c’était ta destinée.

    - Je suis désolée, mais je ne suis pas d’accord. La destinée est juste une interprétation commode pour nous aider à accepter le passé. Ce n’est pas moi qu’ils attendaient.

    - Alors qui penses-tu qu’ils attendaient ?

    - Le Roi Randalle. »

     

    Toto leva les yeux vers elle.

     

    « Pourquoi penses-tu cela ?

    - Je pense qu’ils attendaient pour que le nouveau Roi devienne assez vieux et que le règne de Rogsam prenne fin, soupira-t-elle légèrement. Parce que le hyohlu n’aurait certainement jamais donné les luishas à un roi comme Rogsam. À la fin, trente-cinq ans ont passé avant que la prochaine cérémonie ait lieu... mais... »

     

    Il attendit en silence pour qu’elle continue. Elle hésita un moment, puis dit d’une basse voix :

     

    « Je crois que Jiguro m’attendait. Parce qu’il est venu par tous les chemins pour me rencontrer quand je suis revenue. Donc, vous avez probablement raison avec respect – que mon retour a été la raison pour qu’ils décident de commencer la cérémonie.

    - (Toto acquiesça, il dit alors gaiement : ) Nous les éleveurs appelons les luishas, la pierre du cœur. Le hyohlu prend tous les espoirs et les tristesses de sa vie, les tournes dans une lumière bleue et les retourne sous la terre, alors le hyohlu peut finalement mourir d’une vraie mort. Donc, la lumière du luisha est vraiment toutes les pensées et les souhaits des hommes. Tu as laissé Jiguro reposer en paix et ses sentiments se sont changés en luisha, lequel un jour deviendra le pain de la vie qui nourrira le peuple de Kanbal.

    - C’était si différent de ce que j’imaginais quand j’étais enfant et quand j’entendais les histoires du palais du Roi de la montagne qui créer les luishas et la dernière porte, soupira Balsa en souriant.

    - Par quel nom est-il possible pour nous d’appeler le Super Roi de la montagne, qui sculpte les roches bénites de la rangée mère Yusa avec son propre corps ? Il fait la route pour que l’eau passe et ainsi, emmène la vie dans tout Yusa. Devrait-on l’appeler Dieu ? Un esprit ? (Il secoua la tête) Comme un cocon brillamment brillant, qui protège la vie à l’intérieur de lui, nous utilisons de simples mots pour tourner plusieurs aventures en ordre de prémunir notre Roi. »

     

    Le restant de la soirée se passa dans les festivités, et le calme pour les plus jeunes. Alika avait reçu des mitaines, une jolie tuque avec des oreilles de chat et un manteau de laine rose en compagnie de bonbons et une queue de loup blanche immaculée. Balsa avait reçu également des vêtements, des objets qui pourraient certainement orner les meubles chez Tanda et de l’argent.

     

    * * *

     

    La nouvelle année commença, et un beau matin, Balsa se réveilla en remarquant qu’elle n’arrivait pas à trouver ni toucher le corps de sa fille dans le lit. Elle prit un moment pour se réveiller et sortit hors de la chambre.

     

    « Je crois que tu as raison, résonna la voix de Yuka dans le salon. Je ne sens plus aucune trace de fièvre, ta langue semble en parfaite santé, tes yeux sont redevenus brillants et tu as repris tes couleurs. »

     

    Balsa marcha en pyjama et arriva en voyant Alika assise sur les cuisses de sa grande tante.

     

    « Mais qui voilà !

    - Maman !

    - Bon matin, s’étira la nouvelle venue.

    - Maman, je suis guérie !

    - Quelle merveilleuse nouvelle ! Ça faisait trois semaines et demi que tu étais malade.

    - Est-ce que je peux aller jouer dehors ?

    - Déjà ?

    - Bin... je veux m’amuser avec Shozen-le-jaloux, Amaya-Chan et Aki-Kun ! Dis oui ?

    - À condition de bien t’habiller, d’éviter les cours d’eau et de rentrer quand tes membres commencent à devenir gelés.

    - Yeah ! »

     

    Alika sauta des cuisses de sa Tante et s’habilla chaudement à l’aide de sa mère. La fillette sortit en courant rejoindre ses amis qui l’attendaient. Shozen avait un traîneau dans sa main et Akiro aussi.

     

    « Si on faisait une course ?! s’exclama Shozen. Une course de traîneau !

    - C’est quoi ? demanda-t-elle.

    - On tire le traineau sur le haut d’une montagne et on la descend en glissant sur le traineau.

    - On est en équipe deux ?

    - Oui ! Les gars avec les gars et les filles avec les filles.

    - Pfff... Ne nous sous-estime pas, Shozen-le-jaloux, grimaça Alika.

    - Hey ! »

     

    Amaya tira son amie jusqu’en haut et ensembles, ils dévalèrent la pente en criant de joie. Alika avait retrouvé son sens de compétition et commandait quoi faire à son amie, comme se baisser pour prendre de la vitesse. En étant trop en compétition, les deux traineaux s’étaient enfoncés dans des grottes souterraines de glaces et continuaient d’avancer aussi vite qu’au départ et plus rapidement. Amaya criait et riait à la fois en se cramponnant à son amie. Ils sortirent tous les quatre en même temps de la grotte souterraine, revenant sur le territoire Yonsa, proche de la demeure de Yuka. Ils se prirent un tremplin naturel – crée par de la glace – et volèrent dans les airs, en passant devant la fenêtre du salon de la maison de guérison, laissant Balsa les yeux grands ouverts. Les femmes de la demeure sortirent, effrayées. Alika tira la corde à gauche et tourna alors que Shozen continuait de foncer tout droit. Akiro agrippa au passage le foulard de son amie Amaya – qui failli s’étrangler – et les deux traineaux se suivirent à la suite de l’autre. D’un seul coup, Shozen et Akiro se retrouvèrent sur le traineau de leurs amies. Balsa observa la trajectoire, un brin amusée.

     

    « À peine ta fille remit sur pied...

    - Je sais, le calme avant la tempête..., expliqua-t-elle. »

     

    Ils passèrent sur une palissade et foncèrent droit sur trois autres gardes du territoire Yonsa.

     

    « On fait quoi ?! cria Akiro.

    - On les évite !

    - Comment ?!

    - Comme ça ! »

     

    Elle tira les rênes et ils tournèrent brutalement. Les gardes les évitèrent de justesse et les regardèrent partir ainsi, sans intervenir.

     

    « Désolée ! gueula Amaya dans la brume de neige.

    - Ça me rappelle notre enfance, avoua un garde.

    - Tu as raison... appuya le second.

    - Que fait-on ?

    - Laissons-les s’amuser. »

     

    Yuka ne lâcha pas le traineau des yeux en le voyant foncer droit sur elles. Les femmes se reculèrent rapidement et Balsa, d’un simple coup de main, toucha sa fille et la poussa, la faisant dériver vers un énorme banc de neige. Par contre le second traineau, vide, ne s’arrêta pas. La lancière se replaça et avec sa lance, arriva à arrêter le traineau de bois de ses mains. Un soupir s’échappa de la bande de femmes spectatrices. Alika lâcha les rênes, faisant paniquer ses amis et ensembles, s’enfoncèrent solidement dans la neige molle, mettant fin à la course. Sur le coup, les quatre jeunes enfants ne bougèrent pas, mais bientôt, ils sursautèrent dans la neige en criant leur joie et en riant. En entrant, ils s’excusèrent d’avoir fait aussi peur aux femmes de la maisonnée et eurent droit à un bon chocolat chaud.

     

    « Alors Shozen et Alika sont devenus des rivaux "amicaux" ? sortit innocemment Balsa.

    - Je crois, répondit Amaya, une moustache de mousse chantilly.

    - NON ! répliquèrent à l’unisson Shozen et Alika.

    - Tu as de la mousse, Amaya, fit le rival d’Alika.

    - Oh ! »

     

    Balsa sourit.

     

    « On est content de retrouver notre amie ! confessa Akiro.

    - Ça faisait vraiment longtemps, soutint Shozen avec un peu de réserve.

    - Hein, avoue que je te manquais ! s’amusa sa rivale.

    - Eh- avoue-le toi-même aussi dans ce cas.

    - Okay, je l’avoue.

    - On est quitte. »

     

    Ils passèrent la fin de l’après-midi à jouer aux cartes et des jeux pour célébrer le retour du rétablissement de leur amie. Balsa devait s’avouer qu’elle enviait sa fille d’avoir d’aussi bons amis, chose qu’il lui avait probablement manqué durant son enfance à elle. Au final, tout ce que je n’ai pas eu, je lui ai offert, raisonna-t-elle.

     

    * * *

     

    Merci inspiration de revenir en plein cégep...

    M’enfin ! je me suis tellement amusée à écrire la scène de la glissade des traineaux. L’instant où Balsa parle avec Toto, remerciez-moi, je l’ai tout traduit de l’anglais pour la fanfic x) vous voilà bien spoiler du second livre ! *tire la langue*

     

    Aller, je vous offre le prochain chapitre !

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