• Épilogue

    Alika entra au refuge en compagnie de son père et sursauta en voyant sa Grand-Mère assise dans l’ombre.

     

    « Grand-Mère Torogai-Shi !

    - Si c’est pas la petite Alika, sourit-elle. Ça faisait un moment, tu as grandis, encore, il me semble.

    - Oui... je vous dépasse Grand-Mère !

    - Il le faut bien, hum ? (La mine d’Alika devint sombre d’un seul coup)

    - Je suis au courant pour ton frère. Mes sincères condoléances. Ta mère se repose en haut.

    - D’accord.

    - Qu’as-tu acheté là, Tanda ? demanda-t-elle.

    - Des cadeaux pour réconforter Balsa.

    - C’est jolie... mais je me demande si ça sera vraiment nécessaire.

    - Ça peut aider. Le reste je sais quoi faire.

    - Je me demande... ricana-t-elle. »

     

    Tanda lui lança un regard offusqué et soupira. Alika marcha plus loin, déposa ses paquets et prit la boîte de son petit frère qu’elle avait fabriqué en son souvenir sur l’étagère et alla proche de Torogai avant de lui tendre.

     

    « C’est une jolie boîte en son souvenir.

    - Ouvre-là, insista-t-elle.

    - Bien sûre. »

     

    La Grand-Mère l’ouvrit et, Tanda, intrigué, vint la rejoindre.

     

    « Tu vois ? Ça ce sont ses empreintes de pieds et de main. Il avait déjà des doigts ! Ça ce sont les langes dans lesquelles il a été enveloppé à sa naissance par Tante Yuka.

    - Qu’ils sont petits ces bas, s’émerveilla Tanda.

    - C’est des petits bas de laine que Tante Yuka à tricoter pour lui. Et elle a tissé une couverture pour lui.

    - Oh ! il avait la même couleur de cheveux que moi... fit-il avec émoi en tenant la minime partie de cheveux minces et fins.

    - Oui, c’est pour ça que Maman trouvait qu’il te ressemblait beaucoup. Elle dit que s’il était encore vivant, il aurait été ton portrait craché quand tu étais enfant.

    - Même un morceau de son cordon ombilical, s’égaya Torogai. Peut-on faire du thé avec ?

    - NON ! s’horrifia Alika en prenant le bout dans ses mains. C’est une partie du corps de mon frère et on doit le traiter avec respect !

    - Je blaguais.

    - Je la trouve pas drôle moi...

    - Désolée, je m’excuse. En tout cas (elle redéposa les choses dans la boîte), tu aurais fait une très bonne grande sœur, j’en suis convaincue. Tu es déjà protectrice.

    - Merci. Grand-Mère, regarde le parchemin roulé.

    - Ah ?

    - Déroule-le ! »

     

    Torogai prit le rouleau et vit le magnifique portrait de Kasem. Tanda regarda à son tour et les deux adultes étaient bouche à terre.

     

    « Décidément, tu es une vraie artiste Alika.

    - Tu as vraiment fait une place importante à Kasem dans notre famille, comprit-il.

    - Je ne veux pas l’oublier, murmura l’enfant en se retenant de pleurer. C’est quand même mon petit frère et je suis sa grande sœur...

    - Nous ne l’oublierons pas, lui promit son père en la prenant dans ses bras. Et je suis sûr maintenant de savoir qu’en fait, si j’ai d’autres fils, exemple, trois, il y en aura toujours eu un de plus. Donc quatre. Nous ne l’oublierons pas. Je te le promets.

    - Selon une statistique Kanbalese, il y a quatre enfants sur dix qui survivent en bas âge. Tante Yuka dit qu’il y a beaucoup de sépulture d’enfants décédés en bas âge et que quand les pères et fils partent voyagent, ils déposent leur manteau et vêtement sur la pierre tombale pour que les enfants décédés veillent sur eux et les accompagnent durant le voyage... 

    - Je crois que c’est vrai, murmura son père. On va faire ça. »

     

    Les planches du haut grincèrent et des pas se firent entendre.

    Balsa descendit les escaliers, la queue de cheval un peu mal positionnée, la frange entremêlée et les yeux rougis.

     

    « Maman, viens nous rejoindre, l’invita Alika.

    - Je crois que j’ai besoin d’un gros câlin... avoua-t-elle soudain sans hésitation, surprenant tout le monde.

    - Viens ! »

     

    Elle s’approcha et Tanda la happa au passage en l’embrassant sur la bouche. Leur fille fit une tête de « Non ! pas devant moi ! » à la fois comme « Et moi dans tout ça ?! ». Balsa rit de gêne avant de pleurer, à la fois en riant et à la fois vraiment triste.

     

    « J’aime pas pleurer avec des gens !

    - Roh Balsa. Nous sommes les seuls avec qui t’a pleurée vraiment.

    - Pareil, je n’aime pas ça...

    - Je sais, mais ça fait du bien de pleurer.

    - Hum... (elle sentit sa manche être tirée)

    - Maman... geignit Alika, les larmes aux yeux.

    - Oh ! mais (elle rit en pleurant), pourquoi tu pleures aussi ? s’étonna-t-elle en essuyant les joues de sa fille avant de caresser sa tête. Je vais bien, je pensais à Kasem... (elle la colla contre elle et Tanda) Je te remercie. C’est vrai que je ne l’oublierai jamais, mais nous en avons déjà parlé, n’est-ce pas ?

    - M’oui, mais je veux pas.

    - Je sais mon chou, moi non plus.

    - Et moi non plus, avoua Tanda. C’est mon fils aussi comme tu es ma fille. »

     

    Torogai ne dit rien et sourit discrètement.

     

    * * *

     

    Le solstice d’été approcha et Alika se souvint du solstice d’été passée avec Chagum. La nostalgie refit surface en elle. Elle se leva de sa couche et fouilla dans une caisse où les vêtements de roturier de son ancien Niisan avaient été conservés. Elle en huma l’odeur et sourit en se couchant avec.

     

    Tanda se retourna vers Balsa dans leur lit commun et vit qu’elle regardait le plafond en respirant lentement. Il se tourna de côté et posa son bras sur sa taille. Elle prit sa main et la repositionna sur son flanc.

     

    « Tu n’aimes pas que je te touche aux hanches ?

    - Non, je préfère les flancs ce soir.

    - D’accord. Balsa ?

    - Hum ?

    - Tu savais que je t’aimais vraiment beaucoup ?

    - Oui je le savais.

    - Pourtant...

    - Je ne suis seulement pas démonstrative. Mais bon...

    - Est-ce que tu ressens de quoi pour moi ? Sincèrement. »

     

    Balsa s’étira et le regarda droit dans les yeux...

     

    * * *

     

    Ils étaient partis tous les trois en famille pour le solstice d’été et le festival qui aura lieu vers le bas de la ville du Bas-Ougi.

     

    « Maman, est-ce qu’on va voir pouvoir croiser Niisan ?

    - Chagum ?

    - Oui.

    - Je ne sais pas... il doit être en train de vaguer à ses occupations de membres royaux à son palais.

    - D’accord, s’attrista-t-elle. J’aurai aimé le voir.

    - Peut-être un jour. »

     

    Ils virent des marchands venant des quatre coins du pays et Alika reconnut l’odeur des lossos frits. Aussitôt, elle tira la manche de son père pour l’emmener au kiosque. Elle en profita pour parler Kanbalese pour commander.

     

    « Trois lossos s’il vous plait !

    - Toute de suite, répondit le marchand.

    - Merci ! »

     

    Le marchand leur offrit et elle paya avec de la monnaie Kanbalese. Sa mère avait choisi une place et les attendait patiemment.

     

    « Quand je te disais que tu devais goûter, voilà ta chance ! disait gaiement Alika.

    - Tu as trouvé les losso ? sourit Balsa.

    - Oui, j’en ai parlé à Papa et il doit goûter absolument !

    - C’est bien vrai. Vas-y Tanda, on te regarde.

    - Eh ? »

     

    Il prit le losso, le huma et mordit à pleine dent. La viande et le fromage de chèvre fondu emplit sa bouche et bientôt, il sourit.

     

    « Comme c’est bon, se régala-t-il.

    - J’avais raison ! s’égaya Alika. J’ai toujours raison !

    - Toujours, rit Balsa en mangeant à son tour. »

     

    Ils assistèrent à un spectacle qui relatait que le premier prince, Sagum, était devenu un Nahji, symbole de pureté et de loyauté. Lentement, Balsa reconnut les huit guerriers – qui faisaient le spectacle – et chercha rapidement des yeux Chagum.

     

    « Alika, ressens-tu la présence de Chagum ?

    - Oui, mais je ne sais pas où le localiser...

    - Ce n’est rien. Pourtant, je suis absolument sure qu’il est ici.

    - Pourquoi ?

    - Les huit chasseurs du Mikado jouent la pièce de théâtre.

    - Qui ça ?

    - ... Ah oui, c’est vrai, tu ne les a peut-être pas croisés-

    - Attend ! Je crois que je les ai vus quand j’étais au village de Toumi avec Papa il y a un an, et quand Niisan est parti seul avec l’œuf lors de son éclosion.

    - Exactement. »

     

    Ils passèrent la veillée à la recherche de Chagum et finalement, Alika osa demander à l’un des huit chasseurs si leur prince était à la fête. Quand Balsa apparut, Mon la reconnut aussitôt et leur dit que Chagum les recherchait aussi, mais très discrètement. Jin leur dit qu’il s’était caché proche d’un puits avoisinant et qu’il les avait envoyé les rechercher. Tanda les remercia et ils se dépêchèrent d’aller le retrouver. Les deux parents s’arrêtèrent et laissèrent Alika faire le saut à Chagum.

     

    « Niisan ?! s’exclama-t-elle en sautant sur son dos.

    - EH ?! »

     

    Elle descendit et le regarda, éblouissante de joie.

     

    « Ali... Alika ?

    - Oui !

    - Tu es là ! Où sont Tanda et Balsa ?

    - Ils arrivent ! (elle pointa leur direction)

    - Chagum, ça faisait un bail, répondit Tanda.

    - Tanda ! Balsa !

    - Tu as grandis toi aussi, observa-t-elle alors que Chagum lui tomba dans les bras. C’est une bonne nouvelle, je suis heureuse de voir que tu as bien mûri.

    - Merci. Tu sembles aussi avoir changé, Balsa.

    - Ah ?

    - Tout comme Alika. Par contre, Tanda n’a pas changé un poil. Je m’inquiétais et j’ai réussi à fausser compagnie aux autres chasseurs en demandant à Mon et Jin de vous rechercher. »

     

    Ils parlèrent durant un long moment et Balsa avouait se sentir comme dans un rêve.

     

    « Je n’aime pas être le Prince Héritier... je déprime de la liberté que j’avais avec vous, avoua-t-il.

    - Moi je m’ennuis de toi, avoua Alika.

    - Moi aussi... et qu’en devient-il du petit frère ou la petite sœur ? osa-t-il demandé sans savoir ce qui s’était passé.

    - Eh... firent-ils tous, mais finalement, Balsa prit la parole.

    - Hum... Il veille sur nous désormais.

    - Oh !... Balsa ! Je suis désolé d’avoir posé cette question-là !

    - Non, tu as droit de savoir, sourit-elle un peu douloureusement. Il n’est pas né à terme.

    - Mais désolé pareil !

    - Chagum, ça ira.

    - Comment s’appelait-il ?

    - Kasem.

    - C’est jolie comme prénom. Il veillera sans doute sur vous comme mon frère aîné Sagum.

    - J’en suis convaincue, je le sens déjà près de nous. »

     

    Bientôt, il allait falloir qu’ils se séparent à nouveau. Dès qu’ils durent se séparer, Alika eut une seconde crise de larmes. Elle avait une peur horrible des adieux. Tanda dût la calmer en lui caressant le dos avec des paroles douces et réconfortantes en compagnie de Chagum qui la rassurait qu’il la verrait dans un futur proche. Ils revinrent peu de temps au refuge, avec une enfant exténuée d’avoir trop pleuré par panique. Mais au final, elle avoua qu’elle avait eu un plaisir fou à revoir son « Niisan ».

     

    * * *

     

    « Maman ? chuchota Alika à son oreille.

    - Quoi ?

    - Tu te lèves ?

    - ... Es-tu devenue matinale soudainement ? demanda Balsa à demi ensommeillée.

    - Eh... non. Papa est debout depuis une heure et moi une demi-heure... »

     

    Balsa redressa la tête, les cheveux entremêlés, le regard encore somnolant.

     

    « D’accord... je me lève... »

     

    Sa tête tomba à nouveau sur son oreiller et alors qu’elle allait se rendormir, elle se leva en sursaut – faisant basculer sa fille aînée par en arrière – et courut hors du refuge à la vitesse de l’éclair. Alika se redressa rapidement et tenta de la suivre. Tanda fit pareil et ils la retrouvèrent accroupis, la tête penchée vers l’étang.

     

    « Nehhh... c’est la première chose qui me soit arrivée dans le regard où je pouvais peut-être soulager ces nausées, avoua-t-elle.

    - T’as dit... nausées ? répéta clairement Tanda.

    - Oui.

    - Eh... est-ce que tu ne serais pas... par pur hasard...

    - Enceinte ? finit-elle. »

     

    * * *

     

    MÉCHANTEUHHHH !!!!

    Oui, je vous ai coupé à un moment clé de l’intrigue, mais ceci marque la fin de ce tome héhé !

    La prochaine fanfiction, et suite, se nommera Kazoku no Moribito. Oui, je conserve toujours le « Moribito » dans mes titres :3

     

    Questions/actions/commentaires/remarques ?...

    Je peux-tu aller manger ? XD

    « Chapitre 8 : No need to say Goobye

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