• Chapitre 1 : Six ans plus tôt... avant même que Balsa ne sauve Chagum de la noyade

    Chapitre 1 : Six ans plus tôt...  avant même que Balsa ne sauve Chagum de la noyade

    Ça faisait cinq mois qu’elle était parti pour devenir garde-du-corps et sauver huit vies. Pour racheter huit âmes : celles des lanciers du Roi de Kanbal. Ceux que Jiguro avait tué pour leur protection. Balsa allait sur ses vingt-quatre printemps. Un sourire embellit ses lèvres en ce temps de novembre lorsqu’elle pénétra la petite clairière aux menhirs. La longue herbe caressant ses mollets par-dessus son pantalon blanc. C’est fou comment le refuge de Tanda lui avait manqué ! Elle ouvrit la porte et instantanément une délicieuse odeur de ragoût sauvage vola à ses sens olfactifs.

     

    « Coucou ! salua-t-elle en fixant le jeune Yakue.

    - Tu es de retour, Balsa !

    - Oui, finalement, Tanda.

    - Es-tu blessée ?

    - Non, pour l’une des rare fois.

    - Exactement. Tu ne reviens pourtant pas ici pour rien. Quel bon vent t’emmène-t-il ?

    - Je voulais venir te voir. Je n’ai pas le droit ?

    - Bien sûr, ça me fait même très plaisir. »

     

    La jeune femme de Kanbal retira sa cape qu’elle laissa choir au sol et s’assit sur le petit palier.

     

    « Tu tombes bien, c’est prêt justement.

    - Pile poil. »

     

    Il lui servit un bol et des baguettes.

     

    « Tu n’as pas changé en tout cas, pensa-t-elle.

    - Non (il l'observa manger avec un grand appétit) et toi non plus d’ailleurs. Alors c’est toujours aussi bon, mes repas ?

    - Oui.

    - Et dernièrement, comment s’est passé ton voyage, ton aventure ?

    - Bien, bien. Mais j’ai décidé de prendre congé.

    - Ah bon ?

    - Oui.

    - Qu’importe, je voudrais bien t’examiner au cas où je trouverai une blessure silencieuse.

    - Si tu y tiens. »

     

    Le repas terminé, Balsa se changea et s’apprêtait à échanger sa robe contre son kimono quand elle aperçut que le haut de sa poitrine était mouillé. « Je n’ai pas pu suer autant juste en m’habillant... songea-t-elle. » Au même moment, son ami arriva à l’étage du haut. Aucune pudeur n’existait entre eux.

     

    « Je peux t’examiner toute de suite, si tu veux.

    - Ouais, ce serait fait et je n’aurais pas à me déshabiller à nouveau. »

     

    Elle resta debout, presque nue, se laissant ausculter par l’herboriste.

     

    « Tu as quelques ecchymoses, des blessures superficielles. Tu as fait autre chose pendant tes mois en tant que garde-du-corps ?

    - J’ai monté à cheval, j’ai mangé pas mal de coups, j’ai courus, je me suis coupée, on m’a invitée à des banquets en guise de remerciement et j’ai tout gagné ça d’argent. (elle pointa une petite bourse remplit de hens et de quelques rugals.) Mais tu fais quoi à mon ventre ?! Ça chatouille et j’ai des frissons !

    - Balsa, je te connais depuis qu’on est gamins et je connais ton anatomie par cœur. Mais dis-moi : avec tous les banquets que tu as dû manger... as-tu engraissée ?

    - Pardon ?!

    - Ne te fâche pas, ce n’est qu’une constatation, tu as simplement perdu un peu d’abdominaux et pris de la hanche... pourquoi ton ventre est si dur ? »

     

    Balsa siffla en soupirant et prit un Sarashi dans lequel elle enroula sa poitrine en matière de soutiens. Elle retira la main de son ami sur son abdomen et se tourna d’un quart.

     

    « Tu parles ! Si tu crois que je suis encein- »

     

    Elle se coupa dansa phrase quand elle sentit un coup de pied, léger, minime, lui prouver le contraire. Un autre retenti dès qu’elle posa sa main sur son ventre.

     

    « Tanda... murmura-t-elle, livide. Ça bouge en dedans moi...

    - Respire Balsa ! On dirait que tu vas t’évanouir.

    - Je le pourrais si c’est le cas... »

     

    Il alla rapidement proche d’elle et l’aida à s’asseoir sur le futon. Elle semblait avoir de la difficulté à respirer. Sans le savoir, inconsciemment, Balsa se mit à trembler et de grosses larmes s’échappèrent de ses yeux avant de glisser librement sur ses joues. Elle détestait pleurer et ces larmes-là refusaient catégoriquement de lui obéir. Tanda la prit tendrement dans ses bras et l’accota contre son torse. « Je m’en doutais depuis un moment, mais je n’osais pas y croire... j’ai bien perçu ces changements... pensa-t-elle pour elle. »

     

    « Balsa... tu veux cet enfant ? »

     

    Elle ne répondit pas et se décolla pour lui faire dos.

     

    « Ce n’est pas grave Balsa, on pourra s’en occuper tous les deux.

    - Je ne suis pas capable de te répondre ni de réfléchir convenablement ce soir... je veux me coucher. Je suis lessivée.

    - Fais comme bon te semble, la rassura Tanda en se redressant. Je suis là s’il y a quoique ce soit. Bonne nuit. »

     

    * * *

     

    Le lendemain, vers les petites aurores du matin...

    Tanda esquiva maladroitement un coup de lance, dont la lame avait manqué de peu son chignon de cheveux noirs.

     

    « C’est de ta faute ! grognait Balsa dans un excès de colère volcanique, accompagné d’hormones.

    - Balsa, du calme ma belle, c’est correcte. Je peux vendre mes herbes médicinales et...

    - Ça ne sera pas assez ! Comment suis-je supposée me trouver un job convenable correspondant à mon tempérament quand je suis comme ÇA ? (elle pointa son ventre qui semblait avoir un peu plus grossit durant la nuit) Si on ne peut même pas payer notre rente ?! »

     

    Il tenta de s’approcher, elle le menaça profondément de sa lance. Ses yeux auraient presque pu tuer et percer avec des lasers rouges.

     

    « Ne t’approche surtout pas de moi, je te l'interdit !

    - (Il ne s’arrêta toutefois pas, prenant le risque de se faire frapper et tassa tranquillement la lance avant d’emprisonner son amie dans ses bras. Celle-ci voulut se débattre mais il répliqua : ) Attention, tu pourrais te faire mal à toi et à ton bébé... notre bébé, se corrigea-t-il.

    - ...

    - Peu importe ce que tu diras, cet enfant aura le meilleur environnement familial possible... et la meilleure maman du monde aussi.

    - Et si je ne l’élevais pas comme il faut ? Si je déteignais la sévère éducation que j’ai reçue de Jiguro sur lui/elle ?

    - Il n’y a pas de recette miracle. Et tu n’es pas seule, je suis là et Torogai-Shi également. On s’en occupera tous ensembles. Et je peux te promettre que cet enfant sera le plus heureux de tous les enfants qui existent sur la terre. Alors s’il te plait, ne fait pas de conneries stupides. Laisse-toi une chance et à notre enfant également...

    - Après tout... tu veux que ce soit l’enfant de qui ? D’aussi loin que je me souvienne, le seul avec qui j’ai vraiment fait l’amour, c’est toi...

    - Je te crois. Depuis quand penses-tu être enceinte ?

    - Eh... cinq mois.

    - CINQ ?! »

     

    Balsa ne rajouta rien et se laissa bercer par les paroles rassurantes de Tanda puis engloutir dans son étreinte rassurante. Ils se baissèrent doucement. Elle déposa sa lance au sol avant de se câler encore plus entre les bras de son ami. Finalement, peut-être que cet enfant aurait sa chance...

     

    * * *

     

    Pas facile d’être enceinte quand on est déjà aventureuse de nature et qu’on ne peut pas passer une journée sans bouger. Pourtant, Tanda était ravi de partager son refuge avec Balsa depuis quelques mois. À cela, il y avait quelques étincelles, et des crises hormonales de la jeune lancière, mais Tanda en avait l’habitude, disait-il. Mais un autre problème avait surgi. Vous savez, quand on dit de quelqu’un qu'il est un vrai pot de colle, peu importe où vous allez ? C’était à peu près le cas avec une chamane plutôt narquoise et impatiente. Plus les mois s’écoulaient, plus le ventre de Balsa prenait du volume. Le pire restait à venir : Torogai-Shi se permettait en permanence de toucher son abdomen sans la permission de la future maman. Tanda embrassait Balsa ou l’enlaçait tout en caressant son ventre, la vieille Chamane faufilait sa main ridée sur sa bedaine, entre le jeune Yakue et la jeune Kanbanless. Sans retenue. Sans en demander la permission.

     

    Balsa, même en mettant sa main de manière protectrice, même en serrant un oreiller contre son ventre lorsqu’assise, ou même couchée de trois quarts sur le ventre, une jambe repliée le soir, Torogai-Shi trouvait toujours une façon de lui toucher le ventre quelque part. La lancière aurait bien aimé la mordre ou même lui taper la main, voire l’éviter en reculant, elle aurait mangé des réprimandes ou des menaces comme : « Je ne t’accompagnerais pas quand tu vas accoucher soit certaine » qui l’auraient fait rager, avec ses hormones bien ancrées jusqu’au plafond. Torogai-Shi était bien reconnue pour être impolie, mais là, Balsa était plus qu’agacée : quand la chamane rentrait, elle caressait son ventre en premier, saluait le bébé en premier... AVANT de la saluer ELLE, comme si elle était un objet. Bref, tout pour lui manger sa patience. Seul Tanda était autorisé à la toucher sans le demander, mais personne d’autre. Heureusement qu’elle pouvait continuer à s’entrainer tout en faisant ses katas de lance, ses entrainements dans le vide en somme. Elle était un peu plus lente, mais ça la libérait de toute la pression.

     

    Mais dernièrement, elle était fatiguée et dormait plus souvent que d’habitude. Tanda comprit que le terme était proche et espérait que Torogai revienne à temps. Balsa se retourna dans son sommeil pour être face à son ami d’enfance quand elle ouvrit les yeux. Elle se redressa lentement, frotta ses yeux et prit un moment pour se réveiller convenablement. Elle avait commencé à sentir des crampes au niveau de son bas-ventre et les avait toléré toute la soirée sans en parler à Tanda. Étrangement, elle avait l’impression que les ligaments de son bassin tiraient quelque chose vers le haut. Comme si quelqu’un tirait sur un morceau de chair, sans même faire mal.  Elle avait l’habitude d’endurer des douleurs ou des inconforts reliés à ses blessures sans se plaindre, mais ça commençait vraiment à lui taper sur les nerfs. Elle se leva tranquillement, et c’est avec difficulté qu’avec la taille de son ventre énorme qu’elle descendit à l’étage inférieure. Elle se servit de l’eau et observa le ciel dehors. La lune était couleur opale et la neige fondait doucement. C'était le printemps et bientôt son anniversaire, le 30 mars précisément. Balsa n'avait fait qu'un pas par en avant, lorsque quelque chose se mit à couler entre ses jambes. Dans la pénombre, elle ne vit rien, mais elle sentait bien que c’était mouillé. Elle se pencha proche de la place où on allumait le feu, pour éclairer la petite cabane et chercha les pierres qui servaient à créer du feu. Des étincelles jaillirent et bientôt une douce lumière illumina la pièce. Elle soupira et se rassit sur ses genoux en tentant de respirer profondément. C’était mieux qu’elle se détende.

     

    Elle tata le sol pour prendre sa lance, mais elle ne la trouva nulle part. « Merde... oubliée en haut... » elle se redressa dans l’espoir d’aller chercher son arme bien-aimée, on ne savait jamais qui pouvait entrer sans cogner et voler de quoi, mais à ce moment précis, à la place d’une simple coulée, une inondation se fit comme si quelqu’un avait jeté un seau d’eau sur le plancher. Balsa couina et se retira rapidement, le plus loin du feu ; elle ne voulait surtout pas l’éteindre avec ce qui sortait d’elle en ce moment-là. Elle se plaqua contre le mur et rit d’un rire nerveux avant de crier :

     

     « Tanda ! Descend toute de suite... et prends ma lance au passage ! »

     

    Ce dernier se réveilla en sursaut et descendit les escaliers à toute vitesse.

     

    « Ne marche pas- allait-elle avertir alors que son ami glissa droit sur l’énorme flaque d’eau. Trop tard...

    - Aïe... (il se redressa, la lance à la main) Qu’est-ce qui se passe ? Tu as fait un dégât ?

    - Ce n’était pas voulu. C’est juré... »

     

    Tanda déposa l’arme et l’observa plus attentivement. Pourquoi était-elle accotée sur le mur en se tenant le ventre et en le regardant de manière si étrange.

     

    « Ne reste pas là à me dévisager ! s’énerva-t-elle.

    - Désolée, disons que c’est l’arrivé du bébé qui me mets si confus.

    - J’ai vu ça. Et mon instinct me dit que c’est maintenant que le bébé arrive.

    - J’espère que Torogai-Shi reviendra bientôt.

    - Moi aussi. »

     

    La lancière de Kanbal se pencha par en avant tout en appuyant ses mains sur son bassin et se balançait de gauche à droite, faisait des aller-retour dans tout le refuge. Tanda surveillait les environs ; il avait presqu’envie de contacter le Yona Ro Gai pour faire le message à son maître. Yona RoGai qui était en fait un messager de l'eau et créature de Nayug. Balsa soufflait longuement et alla s’appuyer sur un meuble, en se penchant par en avant. Tanda ne savait pas quoi faire, sachant bien que son amie – ou pouvait-il l’appeler la mère de leur enfant – pouvait exploser à tout coup sa colère et devenir volcanique à tout moment à la moindre remarque.

     

    « Veux-tu que je te masse à quelque part ?

    - En bas du dos... gémit-elle. S’il te plait. »

     

    Il s’approcha et la massa profondément, profitant de la proximité de leurs corps au maximum. Quelques minutes passèrent dans un silence doux et agréable malgré ses gémissements et ses aspirations de salive tout en serrant les dents. La porte s’ouvrit soudainement, et les deux parents tournèrent la tête vers le nouvel arrivant comme si on les avait surpris en train de faire l’amour. Ce devait être une étrange scène : les deux parents en kimono blanc qui servait de pyjama et les cheveux détachés à tous les deux.

     

    « TOROGAI-SHI !

    - Les étoiles m’avaient prédit justement la naissance du bébé cette nuit. Ne pensez pas que je vous aurais laissé seuls à un événement pareil. Comment avance le travail ?

    - Je ne sais pas, avoua le seul homme du refuge. Il y a un travail dans un accouchement ? demanda-t-il tout innocemment.

    - Oui, il y en a trois : la dilatation, l'expulsion et la délivrance. Ne t’en fait pas, le corps de ta femme sait comment faire sortir l’enfant, c’est un processus naturel. Alors ça ira.

    - Par contre, elle a perdu ses eaux.

    - Ça ne devrait pas tarder, d’ici quelques heures à peu près.

    - Et qu’est-ce que je fais ?

    - Tu laisses faire ta femme comme bon lui semble et tu la soutiens. Fais chauffer l’eau.

    - Ma femme ? s’étonna-t-il.

    - Fais chauffer l’eau, emmène des serviettes propres et prépare le lit à côté du feu ! ordonna Torogai sans répéter ce qu’elle avait dit plus tôt.

    - Toute de suite. »

     

    Balsa se retourna. Elle était beaucoup plus féminine les cheveux détachés et son énorme ventre qui lui causait des crampes béantes comme elle en n’avait jamais ressenti auparavant.

     

    « Vous vous y connaissez en... accouchement Torogai-Shi ?

    - Bien sûr que si !

    - HEIN ?!

    - J’en ai eu trois... trois enfants.

    - Vraiment ?!

    - Pourquoi mentirai-je sur le sujet ?

    - ... Mmmmm... et où sont-ils maintenant ? »

     

    Torogai ne répondit pas à sa question et à la place lui demanda autre chose.

     

     

    « Tu as envie de pousser ?

    - Pas encore, mais je sens sa tête dans mon bassin.

    - D’accord. Tanda !

    - Quoi ?

    - Apporte un gros tat d’oreiller ou même une couverture.

    - Oh ? D’accord.

    - Assez épaisse également.

    - Je vais voir si j’ai ça. »

     

    Il plaça le matériel sur le sol. La chamane aida Balsa à se mettre à quatre pattes dessus. La jeune femme éclata de rire, mais comprit que ça faisait du bien.

     

    « Ça soulage, ricana-t-elle. Je suis pognée de fou rire !

    - C’est mieux comme ça. Tu aurais pu hurler tu sais, mais je ne t’aurai pas tenue... Je vais juste regarder de quoi, tu me permets ? »

     

    La future maman ne comprenait pas l’attitude du mentor de Tanda. Elle, normalement, qui se permettait en permanences de lui toucher le ventre sans sa permission, osait lui demander de quoi avant de faire une action sur elle en ce moment ? Balsa eut un hoquet de surprise quand elle sentit son kimono être soulevé.

     

    « HEY !

    - Je ne t’ai pas touchée, t’as juste sentie un courant d’air froid entre tes jambes.

    - ...Ouais... pourquoi donc ?

    - Parce que tu avances bien.

    - Vous pouvez le déduire juste en me regardant ?

    - Moi si, mais seule toi peux savoir quand exactement tu seras prête.

    - Surement. »

     

    Torogai savait très bien que dans un moment pareil, toucher une femme en couche sans lui demander son accord, ou même la questionner sans cesse dans une atmosphère tendue, pouvait arrêter tout travail et gâcher son moment rien qu’à elle. Le fait que Balsa soit dans sa bulle était très normal. La lancière se redressa lentement et se dirigea vers le futon et se coucha sur le côté gauche comme si elle allait faire une sieste ou se recoucher pour la nuit. Tanda se plaça au niveau de sa tête et caressa ses longs cheveux bruns qu’elle refusait de faire couper les pointes. Il prit une serviette qu’il mouilla et la passa sur son front et dans son cou avec douceur. Cette délicatesse la rendit un peu mal à l’aise un moment, n’étant pas habituée de recevoir de tels gestes sauf qu’à de rare occasion comme à la mort de Jiguro, il y a trois ans, ou quand elle faisait l’amour par sentiment – ou plaisir – avec son ami, mais elle finit par s’y habituer. Il prit sa chaude main dans la sienne, laquelle elle resserra son emprise. Pqourquoi la tenait-elle ? Elle-même l’ignorait, elle voulait juste se sentir bien entourée de tous ceux qui lui étaient chers dans son entourage. « Dans le passé, j’ai aimé ma mère, j’ai aimé mon père, ensuite j’ai aimé Jiguro... toutes ces personnes à qui je tenais, elles m’ont toutes quittées... trop tôt. Trop tôt... » Ses yeux se posèrent sur le futur père de son enfant, puis vers celle qui serait probablement et fortement, la grand-mère de son fils ou sa fille, avant de leur sourire.

     

    « Ça ira. Je vais mettre au monde notre enfant et tout va bien se passer, je le sens.

    - Si tu le dis, je te crois, répondit Tanda. »

     

    Balsa se retint de demander de quoi à Torogai-Shi et ferma un instant les yeux. Ses hormones lui permettaient d’engourdir sa douleur et même si ses contractions de plus en plus rapprochées lui causait un mal atroce, elle remarqua bien évidemment que ce n’était pas la même douleur que celles d’une après combat. En cette nuit, elle les considérait comme ses alliées. Sans même connaître la cause, elle poussa sans même réfléchir et avait plus l’impression que c’était son corps lui-même qui faisait sortir l’enfant à sa place. Elle poussa trois autre fois en expirant son air, et non en bloquant, avant de se redresser comme si elle était dérangée. Tanda  s’assit sur une caisse en bois proche du lit, et accueillit Balsa dans ses bras, elle, dos à son abdomen et plaça ses bras sous ses aisselles pour lui servir de support. Elle était maintenant accroupie.

     

    « C’est mieux ?

    - Oui, l’autre devenait trop inconfortable...

    - Étranges.

    - Les femmes changent souvent de position lorsqu’elles accouchent... sauf si on leur retire une liberté de mouvements, les aida Torogai. »

     

    Il eut une pause et elle repoussa à nouveau en gémissant. C’était plus fort qu’elle, elle ne pouvait pas pousser en silence. Et pousser la soulageait grandement. Elle était dans son monde, elle accompagnait son enfant et personne n’aurait pu la retirer de sa concentration. Si ça aurait été le cas, son corps aurait ordonné l’arrêt de son accouchement et ses hormones auraient sécrétées de l’adrénaline. Sa respiration devint de plus en plus saccadée et rapide. Elle sentait que la tête passait entre ses jambes.

     

    « Encore un effort et la tête est presque sortie, annonça la chamane.

    - Je n’en peux plus, grogna-t-elle. Je vais tuer quelqu’un...

    - C’est normal, tenta Tanda. Mais tu auras une jolie récompense après... »

     

    Balsa inspira et poussa plus profondément. La tête sortit doucement et elle lâcha un cri.

     

    « Et voilà sa tête ! Une seconde poussée pour les épaules... tu vas y arriver.

    - Si elle restait coincée là, hein ? s’inquiéta-t-elle.

    - Aucun risque, ne te déconcentre pas pour ça.

    - Vous avez raison...

    - Concentre-toi. »

     

    Elle acquiesça. Il eut une seconde pause, puis deux dernières poussées et, comme ça sans rien, le bébé glissa dans les bras accueillant et doux de sa maman ainsi que ceux de Torogai au cas. Il fallut un moment à Balsa pour réaliser qu’elle venait de devenir maman, et d'observer son enfant avec fascination, de prendre conscience que son bébé était enfin dans leur monde. Ce fut l’exclamation de joie que la chamane qui la tira hors de sa léthargie contemplative.

     

    « C’est une fille ! s’était exclamée la vieille chamane. »

     

    La nouvelle maman s’assit sur le lit, exténuée et colla sa fille contre elle avant de l’inonder de bisous. Tanda les couvrit toutes les deux d’une chaude couette avant de les entourer de ses bras. Balsa, pourtant pas démonstrative en émotion, se mit à pleurer en même temps que leur enfant. Elle était submergée par pleins d’émotions en même temps et n’était pas capable de s’arrêter.

     

    « Bonjour mon cœur... tu es si jolie ! Tout vas bien, c'est fini... la douleur est partie et tu es là... dix petits doigts, dix petites orteils... déjà des cheveux... »

     

    Torogai ne dit rien, se rapprocha pour observer le bébé avec plus de fascination. Plus près, on aperçut de fines larmes qui s’écoulaient de ses yeux et qui mouillaient ses joues ridées.

     

    « Vous pleurez maître ? s’étonna Tanda.

    - Ne pose pas cette question ! s’irrita la vieille Yakue.

    - Mais ça m’intrigue, ajouta Balsa qui s’était déjà couchée sur le lit. Vous m’aviez dit que vous aviez eu trois enfants, quand j’ai voulu savoir pourquoi, vous ne m’avez pas répondue. »

     

    Torogai soupira.

     

    « Je suppose que maintenant, tu vas comprendre. Mais je ne voulais pas t’effrayer durant ton accouchement alors désormais que c’est passé, voilà pourquoi... (les deux parents l’observaient attentivement) Ils sont tous les trois décédés à la naissance, voilà la raison pourquoi je suis devenue chamane. Pourquoi sont-ils décédés, étais-je maudite pour en avoir trois qui meurent à leur naissance ? Je n’en parle pas, car j’ai mes raisons, mais oui j’ai déjà aimé un homme et je ressentais parfaitement ce que tu as ressentis durant ce moment unique. C’est pour ça que je n’ai pas osé te déranger. »

     

    Sur ce, elle se leva. Gros silence pendant un moment. Torogai s’approcha du bébé et l’observa de ses yeux bleus.

     

    « Puis-je la voir de plus près ?

    - Bien sur- »

     

    Balsa se coupa, car finalement, son bébé s’était emparé de son sein et ne semblait pas vouloir être déplacé ni dérangé.

     

    « Ça... serait pour... plus tard je pense. Désolée, grand-mère Torogai-Shi.

    - Ça ne fait rien, je vais l’observer à une distance raisonnable... GRAND-MÈRE ?!

    - J’espère que ça ne vous dérange pas que je vous nomme grand-mère officielle de ma petite fille. Tanda est le cher papa de ce trésor et vous êtes la grand-mère, finit-elle en regardant doucement sa fille qui regardait sa mère avec de grand yeux curieux en tenant toujours son sein dans sa petite bouche.

    - C’est un honneur de l’être, et comment allez-vous l’appeler ? »

     

    Tanda observa la maman, complètement surprit.

     

    « Eh, je ne sais pas à vrai dire.

    - On y pensera plus tard, pour le moment, elle se nommera Akachan (bébé en japonais) et nous choisirons son prénom plus tard en dépit de sa personnalité.

    - Bonne idée. »

     

    * * *

     

    Dans les heures qui suivirent la naissance de leur enfant, Tanda coupa le cordon ombilical, et lui donna son premier bain sous le regard attendrit des deux femmes. Balsa arriva à se redresser et marchait comme si rien ne s’était passé.

     

    « Il va me falloir retrouver mes abdominaux, commenta-t-elle en regardant son ventre. On dirait que je suis encore enceinte !

    - Laisse-toi une chance, conseilla Torogai. Tu as pris neuf mois pour concevoir ta fille, laisse-toi encore neuf autre mois pour récupérer avant de t’entrainer à nouveau. Et puis, avec les nuits que ta fille va te faire faire, hé bien, je peux te jurer que tu ne penseras qu’à dormir après. »

     

    * * *

     

    AUTEURE *Se redresse en sursaut, en catastrophe, en observant l’heure à laquelle le chapitre a terminé d’être rédigé (de 19 :00 à 22 :30)* Je ne pensais pas que je prendrai toute ma soirée pour écrire la fin ! J’ai regardé l’heure une fois, ça me semblait parfait puis... pouf ! déjà trop tard... Pas étonnant que ma mère m’a réprimandée de l’avoir toute utilisée mais ce n’était pas de ma faute !!!

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    Le dessin est de MOI, alors n'y touchez PAS sans ma permission, je ne veux pas qu'il se retrouve dans une AMV, un blog RP ou tout autre usage personnel hors de mon contexte. Balsa est enceinte d'Alika, mon personnage, alors elle ne le sera pas de d'autres personnages hors de mon contrôle... (désolée pour le manque de tact, mais quelqu'un m'a déjà volé un dessin d'une femme d'anime enceinte pour son blog RP à la... sans me le demander, alors j'avertis d'avance, je trucide la personne qui me manquera de respect)

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    Mais bon, l’inspiration est revenue et si bien, que je n’ai pas vu l’heure passer, j’en avais gros à dire pour ce premier chapitre. Soyez rassuré, les autres chapitres seront moins longs... ou pas, sauf si vous appréciez mon style d’écriture...

    J’ai longuement hésité avant de mettre Balsa enceinte et maman d’un nouveau personnage qui va m’appartenir, en étant sa fille, je sais que certains ou plusieurs - ou je me trompe - n'aiment pas les fanfic avec un OC... J’étais mitigée entre le côté laconique de Balsa et son côté maternelle avec Chagum. Parce que oui, quand j’aime un anime et que je dois m’y accrocher, mon personnage doit avoir un lien de parenté avec un de mes personnages préférés dont j’idole (ou fanattitude), dans ce cas-ci, il s’agit bien de Balsa.

     

    Sinon, concernant un point que vous avez dû fortement remarquer au milieu de ce chapitre : l’accouchement de Balsa... bin oui, je dois avouer que j’hésitais beaucoup à en décrire et à en mettre autant. Mais pour moi, la naissance d’un personnage ne peut pas seulement se passer en une phrase soit « deux heures plus tard, le bébé naquit... », non. Pour moi, il faut que ce soit un minimum réaliste, qu’on puisse se sentir dans l’ambiance. Et je pense bien que Balsa mérite toute mon attention sur ce point de vue-là. Je me suis également inspirée de cette musique pour écrire ma fin durant la naissance, ça allait bien avec le thème et c’était doux 

    http://www.youtube.com/watch?v=JvXsCNjL2rA

     

    Car, non je n’étudie pas pour être sage-femme, bien que j’aille voulu l’être, mais j’ai fait beaucoup de recherche à ce sujet et surtout sur les accouchements naturels, sans aucunes interventions médicales. Sachant pertinemment que Seirei no Moribito se passe dans un monde ancestral, où ni hopitaux, ni péridurales existent, c’était le contexte parfait pour une naissance naturelle. Saviez-vous que : les gens qui ordonnent aux mères de « Allez-y, poussez-poussez-inspirez-bloquez » c’est complètement inutile vu que la poussée est un réflexe comme éternuer ? Et que la position sur le dos, dites gynécologique, n’est vraiment pas la plus confortable pour la mère et qu’il en existe bien d’autre possible ? Et je ne voyais pas Balsa, couchée comme une dinde farcie en train de se faire commander de pousser... C’est pour ça que vous n’en voyez pas avec mon chapitre hey hey... :)

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    So, j’espère que vous avez toutefois apprécié ! Merci de laisser une petite trace de votre visite ce serait apprécié, surtout si vous aimez Seirei no Moribito. Vous la retrouverez également sur Fanfiction.net...

     

    P.S : Je n’ai jamais accouché rassurez-vous !

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