• Chapitre 2 : Tout pour mon enfant et son enfant...

    Chapitre 2 :  Tout pour mon enfant et son enfant...

    « Alika ! »

     

    Je lâchai mon passe-temps – construire des couronnes de fleurs sauvages – et courus dans la petite cabane de mon Papa qui nous servait de refuge.

     

    « Oui Papa ? demandai-je.

    - Je dois aller porter des commandes au Bas-Ougi. Changes-toi, tu es toute sale, regarde ta robe et ta ceinture! »

     

    Je regardai ma robe rose pâle qui était pareil à celle de Maman, mais avec de longues manches ainsi que ma ceinture mauve. Il y avait de la terre et de la poussière.

     

    « Dépêche-toi de te changer.

    - Ok ! »

     

    Je montai en haut dans ma chambre emménagée rien que pour moi. Je me changeai rapidement et me lavai les mains avant de revenir.

     

    « Je suis là !

    - Ah, te voilà mieux arrangée. »

     

    Tanda – le prénom de Papa – me sourit, prit son sac en bois avant de s’emparer de ma cape. En la voyant, je me mis à bouder. J’avais comme habitude de voir la cape de Maman et la mienne, mais à ce moment, il n’y avait que la mienne...

     

    « Qu’est-ce qu’il y a, Alika-Chan ?

    - Quand Maman revient ?

    - Je ne sais pas. Son travail lui offre un horaire assez irrégulier.

    - Mais je veux voir Maman !

    - Mais Papa ne sait pas quand elle va revenir et qui sait, elle-

    - Elle est toujours en vie, les esprits me l’ont dit.

    - Encore tes amis imaginaires ? soupira papa.

    - Ce sont pas des amis imaginaires ! m’indignai-je. Ils m’ont vraiment dit la vérité !

    - Alika... Nous ne sommes pas dans ta tête et pas plus dans ton monde.

    - Mais c’est vrai !

    - Alika...

    - Je veux voir Maman ! Elle, elle me comprend et me croit ! »

     

    Je piquai de nouveau ma crise de larmes hebdomadaire. Je voulais Maman, ce n’était pas compliqué à comprendre. Ça faisait deux mois que je ne l’avais pas revue. Papa et elle s’étaient chicanés avant son départ. Je me souviens que Maman m’avait intégrée dans leur engueulade. Elle voulait m’emmener avec elle. Papa, lui, ne voulait pas. Moi, je ne savais pas où tourner de la tête ni quel côté prendre. Ma tête allait de droite à gauche et vice-versa.

     

    « Tu risques de la faire tuer si tu l’emmènes avec toi ! Sauver des vies ne sert à rien si tu dois pour ça en prendre d’autres. Et, Alika n’a que six ans, Balsa. Six ans !

    - Je te fais remarquer que j’avais exactement le même âge qu’Alika quand j’ai dû fuir Kanbal avec Jiguro et que j’ai eu la vie pas mal dure, bien qu’amusante ! Et, de surcroît, j’étais pourchassée par des hommes qui voulaient notre mort.

    - Mais elle est ma fille également. Ici, elle sera à l’abri.

    - Tu dis que je vais la laisser sans protection ?! Je suis une garde du corps, aucuns de mes ennemis n’ont tenu face à moi, morts de peur. Et Alika maîtrise le maniement de la lance depuis ses quatre ans ! Elle a également besoin de se faire des amis.

    - Deux ans, ce n’est pas assez comparé à tes vingt-quatre années d’expériences, Balsa. Elle restera avec moi, que tu le veuilles ou non ! Et en allant au Bas-Ougi elle a bel et bien des amis.

    - As-tu simplement remarqué le fait qu’elle veuille toujours s’aventurer là où elle n’est pas sensée se tenir ? Alika ! (Maman tourna la tête vers moi) Tu aimes voyager pas vraie ?

    - Oui j’adore ça !

    - Elle doit surement retenir ça de quand j’étais enceinte d’elle et que je continuais de me balader en tant que garde du corps. Tu verras, quand elle va être plus vieille, elle va se rebeller contre toi !

    - N’importe quoi ! »

    Ils ont haussé le ton, qui devenait de plus en plus violent, puis se sont tu et m’ont dévisagée comme des poissons hors de l’eau. D’abord surprit, puis désolés. L’air sévère de Maman, qui me faisait vraiment peur, fondit pour un regard navré alors que celui de mon Père prit un air plus tendre. Je crois que j’avais crié, parce que j’en pouvais plus de les entendre se chicaner à mon sujet. Mes yeux étaient embués de larmes, je pleurais. Balsa – le prénom de Maman – s’est penchée vers moi et m’a prise dans ses bras avant de caresser mes cheveux bruns et mon dos.

    « Désolée ma puce, s’excusa Maman. On n’aurait pas dû t’embarquer dans cette chicane. »

    Papa regarda Maman dans les yeux. Elle soupira.

    « Alika, écoutes Maman.

    - Quoi ?

    - Tu vas rester avec Papa.

    - Mais tu vas où ?!

    - À quelque part, pour mon travail. Je dois réfléchir.

    - Je veux venir avec toi ! On traversera la chaine des Montagnes de Brume Bleues ! On ira au royaume de Kanbal !

    - Non, mon trésor. Tu n’as pas le droit de me suivre.

    - Pourquoi ? »

    Elle se mordit la lèvre inférieure, mais ne me répondit pas et me redéposa sur le sol. Elle prit son sac, mis deux chandails, son kimono rouge et son autre ceinture, de la nourriture et attacha sa cape avant de prendre sa lance.

    « Maman, tu pars ?!

    - Oui.

    - Pourquoi ?

    - Parce que je t’aime beaucoup et que je ne veux pas te perdre.

    - Mais moi, je vais te perdre si tu t’en vas ! »

    Elle se retourna de nouveau vers moi, fouilla dans un de ses sacs avant d’en ressortir un anneau bleu en pierre polie accroché à une ficelle et la passa à mon cou.

    « C’est un ruisha, une pierre luisante dans le noir venant de Kanbal, mon pays natal. Conserve-là précieusement. Tu penseras à moi quand tu la regarderas. Je dois y aller.

    - Non Maman ! »

    Cette fois-ci, elle ne s’est pas retournée et est partie pour de bon. Papa m’a retenue et m’a pris dans ses bras pour éviter que je ne la suive même si je me débattais en criant. Quelque chose d’aimantée m’attirait vers l’aventure et vers Maman également.

     

     

    Papa se pencha vers moi et voulut me donner un câlin que je refusais prestement et je continuai de pleurer. Il soupira et attacha ma cape quand même avant de prendre ma main. Nous traversâmes le sentier du boisé pour marcher ensuite dans la campagne et ainsi, déboucher sur le Bas-Ougi. Nous passâmes sur un pont en bois et Papa s’arrêta, cogna deux fois du pied le sol. Un garçon au teint mat, aux dents de lapin (je l’appelai comme ça, je trouvais ça drôle) et habillé comme un coursier de rue, apparut devant nous.

     

    « Je me disais bien que c’était toi, Tanda ! Oh ! Avec Alika-Chan ! (je fis la grimace en colère) Quoi de neuf ? Tu ne viens pas au Bas-Ougi, habituellement.

    - Hum... je suppose que Maman Balsa n’est pas encore passée par là.

    - Désolée, mais ça fait déjà deux ans avec nous, donc M’dame Balsa ne devrait pas tarder.

    - Hm... j’espère que tu dis vrai. On a une petite puce qui s’ennuie beaucoup de sa maman. »

     

    Une fille, plus jeune que lui, apparut à son tour. Elle était plus jolie aussi.

     

    « Oh, Tanda-San, Alika-Chan. Vous ne voulez pas faire une halte ?

    - Non merci, peut-être la prochaine fois. J’ai quelques commandes pour des herbes médicinales. Alors je vais travailler en ville pour deux ou trois jours.

    - Est-ce que tu veux qu’on garde ta fille pendant ce temps ? proposa Saya.

    - Je pense qu’Alika veut sa maman avant tout. Je vais la garder avec moi, elle aime beaucoup l’aventure.

    - Je te le dirai en premier si j’apprends quelque chose à propos de Balsa-Neesan, dit Tohya.

    - Parfait. »

     

    [Durant ce moment, Balsa était en train de sauvée Chagum de la noyade.]*

    Papa prit ma main et nous continuâmes notre route. Il s’arrêta à son poste de commande, entra dans un petit magasin et s’assit derrière une table. Il sortit un papier parchemin et m’offrit de l’encre pour que je puisse dessiner. Plusieurs clients, surtout les femmes, le questionnait très souvent en me voyant.

     

    « C’est votre fille ?

    - Oui, se vantait-il en caressant mes deux lulus. Elle a six ans.

    - C’est une adorable petite frimousse. En plus, elle dessine bien.

    - Elle a des traits et des habits semblables à ceux des gens provenant de Kanbal, remarqua une cliente.

    - Sa maman vient de cette contrée justement.

    - Hé bin, c’est une magnifique enfant que vous avez là, Tanda-San.

    - Merci. »

     

    À la fin de la journée, j’étais fatiguée. Non seulement des remarques qu’on avait fait sur moi et sur mes origines Kanbalesse données par Maman, mais aussi d’ennuie. Je n’avais pas pu faire ma gymnastique habituelle ni mes pirouettes avec mon bâton en bambou. Et, Dieu sait à quel point je ne tiens pas en place si je n’ai pas fait mon sport. D’ailleurs, Maman serait fière de mes progrès. Une journée et une nuit passèrent et toujours pas de nouvelles de Maman ! La chance de me dégourdir les jambes et de courir un peu se présenta lorsque Papa arriva à court de commandes.

     

    « Papa doit retourner au refuge pour aller chercher de nouvelles commandes. Je vais t’emmener chez Saya et Tohya, tu dormiras là, d’accord ?

    - D’accord ! »

     

    Dès que nous fûmes arrivés à leur refuge, ils n’y étaient plus, ils avaient déserté la place.

     

    « Étrange, pensa Papa.

    - De quoi ? Que Tatie et Tonton Lapin soient pas là ?

    - Oui un peu. Bon, ce n’est pas grave. Tu vas m’accompagner, je ne pourrais cependant pas te porter sur mon dos.

    - Je suis aussi endurante que Maman !

    - Ça je n’en doute pas, tu as déjà sa tête de mule, rit-il en touchant le bout de mon nez, dont je secouai vivement la tête, agacée. Allez viens, Kotora (petit tigre). »

     

    * * *

     

    [Au même instant, Chagum et Balsa affrontaient les chasseurs...]

    Ça faisait un moment qu’on marchait, il faisait nuit et il avait commencé à pleuvoir. J’avais mis ma cape par-dessus ma tête. Je n’aimais pas les jours ni les nuits de pluies !

     

    « On est presqu’arrivés, Papa ?

    - Oui bientôt.

    - Tu m’as dit ça il y a cinq minutes.

    - Mais c’est vrai, on arrive bientôt. »

     

    Nous traversâmes l’épaisse herbe qui cachait notre refuge, quand on entendit quelqu’un, une voix d’enfant crier :

     

    « À l’aide ! Quelqu’un ! »

     

    Papa accourut à l’appel et se dirigea vers le petit étang à moitié agité et plongea sa main. Il tira un garçon portant un kimono bleu. Il avait les cheveux noirs attachés avec des objets qui m’étaient totalement inconnus.

     

    « Tout vas bien ?! se renseigna Papa. Que fais-tu donc par ici ?

    - Ê-Êtes-vous Tanda ?

    - Oui, c’est moi. Tu as de la chance. J’étais en ville un peu plus tôt, mais j’ai eu tellement de commandes aujourd’hui que je me suis retrouvé à court des feuilles que je vends. Je viens de revenir ici. Alors tu es venu après avoir vu mon mot ? Tu as dû en baver pour arriver jusqu’ici. Bien, viens à l’intérieur, sèche-toi. Nous pourrons parler plus tard. (il l’aida à se redresser, mais il agrippa la manche de Papa) Qu’y a-t-il ?

    - Balsa est... »

     

    À ce moment, l’entente du prénom de Maman me fit tressaillir et j’allai proche du garçon. Il me regarda, d’un air ahurit. Papa nous fit entrer dans la cabane et déposa ses choses avant de passer une couverture au jeune garçon, puis à moi.

     

    « Que se passe-t-il avec Balsa ?

    - Je suis poursuivi par des chasseurs qui veulent ma mort, commença-t-il. J’ai été confié à Balsa par ma mère dans le but de me protéger des assassins... on marchait dans les rizières quand on a été attaqués. Je me suis enfuis sous les ordres de Balsa, elle est grièvement blessée, dans la forêt, étendue sur le sol ! »

     

    Je regardai Papa, alertée.

     

    « C’est bon, elle a l’habitude de se blesser. Reste ici avec Alika, je vais revenir.

    - Nos choses sont restées proches des rizières.

    - Je vais aller les chercher également, sourit-il. »

     

    Papa sortit en courant et je regardai le garçon. Il se mit à m’observer avec la même expression ahurit quand il était dehors.

     

    « J’ai de quoi sur le visage ? demandai-je innocemment.

    - Non, je trouve que tu ressembles beaucoup à Balsa.

    - Ma Maman ? Évidemment, c’est ma Maman.

    - HEIN ?! (il tomba presqu’à la renverse, je ris.) Balsa a une enfant ? Tu es sa fille ?

    - Je suis la fille de Tanda-San et de Balsa-San. Je m’appelle Alika et toi ?

    - Chagum.

    - On a demandé à Maman de te protéger jusqu’à la fin de ses jours pas vrai ?

    - (il sursauta) Oh... Oui. Comment le sais-tu ?

    - Les esprits me l’ont dit.

    - Tu vois les esprits ?

    - Oui. Grand-Mère Torogai dit que j’ai hérité des dons Yakue de mon papa. Je vois les auras, je vois les esprits, je leur parle... j’ai même trois esprits qui me suivent et me protègent.

    - (il fut parcouru de frissons) Toi alors...

    - ... Tu as faim ?

    - Non, pas vraiment.

    - Tu as sommeil ?

    - Un peu. »

     

    Je me levai et allai chercher deux gros coussins.

     

    « On va dormir ici.  En attendant Papa.

    - Tanda, tu veux dire ?

    - Ouais, mais c’est mon Papa. (je me couchai et remontai la couverture à mon menton) Bonne nuit.

    - Bonne nuit. »

     

    * * *

     

    Dès que j’ouvris les yeux, c’était déjà l’après-midi. Chagum dormait toujours et mon papa parlait à des personnes à côté d’un lit. Je jetai un coup d’œil : Tatie et Tonton dent de lapin étaient là, quant au lit, il était occupé par :

     

    « Maman ! »

     

    Papa sursauta et m’empêcha de sauter sur elle.

     

    « Doucement Alika, as-tu oublié que Maman est blessée ?

    - C’est vrai... désolée.

    - Je suis désolé, avoua Tohya. Tout est arrivé par ma faute.

    - Ne te laisse pas aller, le rassura Tanda. Ce n’est pas ta faute. C’est parce qu’elle était trop exigeante vis-à-vis elle-même. Peu importe, d’après ce que tu as dit, il semblerait que ce garçon soit le Prince du second palais.

    - Prince ?! m’étonnai-je.

    - Jiguro ?! cria Maman en se réveillant en sursaut tout en se redressant avant de se tenir le ventre en gémissant. (elle observa Chagum qui s’était également réveillé en même temps. Papa la recoucha lentement, elle le regarda.) Toi... Pourquoi es-tu ici ?

    - (il ne répondit pas et redéposa la serviette humide sur son front) ...

    - J’ai encore perdu contre Jiguro, c’est ça ?

    - Euh... tu es gravement blessée. À un tel point que ta mémoire est perturbée, je crois bien. Fais un petit effort, rappelle-toi : Jiguro nous a quittés il y a bien longtemps déjà avant la naissance d’Alika. Nous étions ensembles à son chevet, le dernier jour, tu t’en souviens ? »

     

    ["Balsa ferma les yeux à demi. La souffrance l’avait ramenée en arrière, au temps de son enfance, quand son beau-père Jiguro, qui l’avait formée aux techniques de combat, était parfois si sévère à l’entraînement qu’elle en perdait connaissance. Jiguro était d’une force redoutable, et il ne retenait pas ses coups de bâton et de poing sous prétexte qu’il se battait contre une enfant. Il poussait son élève jusqu’à ses extrêmes limites. Néanmoins, c’était son côté humain et tendre que Balsa se rappelait en premier lieu. Le visage de son père adoptif lui revint enfin. Puis le souvenir de sa mort. Des larmes lui montèrent aux yeux."]

     

    « Ah oui, c’est vrai... Jiguro est mort... (elle se redressa à nouveau, paniquée) Combien de temps ai-je dormi ?

    - Pas même une journée. (Papa la recoucha à nouveau)

    - Une journée... Tanda, as-tu ressenti une présence aux alentours quand tu m’as trouvée ?

    - Il n’y avait que tes empreintes de pas et ton sang.

    - Je vois...

    - Pas d’affolement Balsa. Je sais. Ce gamin est remarquablement courageux et intelligent. Il m’a tout raconté, à commencer par le fait qu’il était poursuivi. Ainsi, j’ai pris toutes mes précautions quand je suis descendu te chercher. Ne t’inquiète pas, je n’ai vu personne rôder dans les parages. J’ai effacé toutes les traces de sang.

    - Tu en es vraiment sûr ? Tu n’as jamais été doué pour les arts martiaux et les jeux de stratégies...

    - Ne dis pas de bêtises ! J’ai un meilleur sixième sens que tous les samouraïs du pays !

    - (Elle tourna enfin la tête vers moi et esquissa un sourire) Et comment se porte ma petite Alika-Chan ?

    - Maman !

    - Alika ! allait dire Papa. Ne lui saute pas- »

     

    Trop tard je lui avais presque sauté dessus pour nicher ma tête dans son cou. Elle resserra son étreinte contre moi.

     

    « Tu avais peur que je ne revienne pas, mon poussin ?

    - Oui...

    - Mais non, tôt ou tard, je serai revenue pour toi ma chérie. »

     

    Je me redressai et fis la moue.

     

    « La prochaine fois, tu dois m’emmener avec toi !

    - La prochaine fois, c’est sûr que je vais te faire découvrir les différents royaumes de notre pays. - Balsa, tu devrais te reposer, conseilla Tanda.

    - On passera plus de temps ensembles prochainement, sourit Maman.

    - Promis ?

    - Promis.

    - On va aller à Kanbal, hein Maman ?

    - Oui promis. Pour le moment je vais écouter Papa et me reposer.

    - D’accord.

    - Ça fait toujours bizarre d’entendre Balsa se surnommer "Maman" et Tanda "Papa", avoua Tohya encore troublé.

    - Moi je trouve ça mignon, ricana Saya. »

     

    Plus tard en soirée, Tohya expliqua à Chagum comment Maman l’avait sauvé, lui et Saya, des esclavagistes qui voulaient enlever la jeune fille il y a deux ans. Tanda lui dit également que Maman était pleine de cicatrices sur son corps peu importe son âge et qu’elle était vraiment forte. J’approuvai également.

     

    « Et Alika pratique également les arts martiaux et le maniement de la lance ? demanda-t-il en me regardant.

    - Oui, elle- allait commencer Papa.

    - Je suis capable de parler toute seule comme une grande, comme Maman ! répliquai-je.

    - C’est vrai, désolé. Vas-y.

    - Tu voulais savoir si je pratiquai ça depuis longtemps ?

    - C’est ça.

    - Bah, Maman a commencé à s’entrainer vers six ans, mais je fais des arts martiaux depuis mes trois ans et... j’ai commencé à m’entrainer pour la lance il y a... deux ans je crois. Mais pour l’instant, Maman veut pas que j’ai une lance comme la sienne, elle dit que c’est trop lourd pour moi, alors je m’entraine avec une tige en bambou ! Je te montrerai, un jour.

    - Pourquoi pas. Tu as...

    - Six ans.

    - Tu vois Chagum, reprit Papa, c’est ainsi que la Maman d’Alika a sauvé de nombreuses vies grâce à ses compétences. Elle est vraiment très forte.

    - Elle a perdu contre aucun ennemi ! renchéris-je.

    - Alika, s’il te plait.

    - Mais c’est vrai ! Et un jour, je serai comme elle ! »

     

    Papa soupira et continua de piler ses herbes dans son yagen : un mortier allongé.

     

    « Mais j’ai également pris de nombreuses vies, résonna sa voix.

    - Tu étais réveillée pendant tout ce temps ? s’étonna Papa.

    - Balsa, est-ce que tout vas bien ? s’inquiéta Chagum.

    - Non. J’ai mal partout. Mais je vais aller mieux très bientôt. (Tanda souleva sa tête et lui donna à boire à l’aide d’une petite théière portative)

    - Il est temps de changer tes bandages et les plantes médicinales. »

     

    Il redressa Maman et Tata Saya ouvrit son kimono au complet. L’expression que Chagum afficha me fit éclater de rire. Tohya prit son coussin sur lequel il était assis et le retourna dans le sens inverse. Le prince fit un regard gêné et désolé. Il n’était pas habitué de voir une poitrine ou quoi ?

     

    « Bon sang, tu guéris horriblement vite pour une femme d’âge mur ! s’exclama Papa.

    - Penses-tu qu’il est possible que je sois sur pieds plus tôt que prévu ?

    - Pas moyen. Même si les blessures se referment, les muscles coupés ne vont pas se soigner aussitôt.

    - Pourtant...

    - Je sais, tu vas revenir avec le sujet de la naissance de notre fille et que même si ça faisait encore plus mal, tu étais sur pieds deux heures plus tard avec notre bébé dans les bras. Tu courais presque, et tu refusais que je la prenne dans mes bras.

    - Bah... c’est une autre histoire ça. Et Alika était bien dans mes bras, demande-lui.

    - C’est vrai, Alika ?

    - Aucune idée, ris-je. »

     

    Soudain, Chagum se tint le ventre sans savoir pourquoi.

     

    « C’est quoi le problème ? s’enquit Tohya.

    - Je me sens tout drôle au niveau de l’estomac.

    - Qu’est-ce que tu as dit ? s’inquiéta Maman. (On se tut un moment et on réentendit un son...) Oh ! tu es bel et bien le prince. Tu n’as même pas remarqué que tu avais faim ?

    - C’est à ça que ressemble la faim ? »

     

    Là je perdis tout mon amusement et observai mes parents, surprise. Comment pouvait-il ne pas ressentir ce qu’est avoir faim ? C’est pourtant évident ! Papa se leva et commença à préparer le repas. Je m’étais déplacée pour être plus proche de Maman et me coller contre elle. Bientôt, une délicieuse odeur remplit la cabane et mes gargouillements de ventre augmentèrent.

     

    « C’est prêt ! »

     

    Papa donna un  bol de riz accompagné d’une louche de râgout fumant à tout le monde. Je pris mes baguettes dans ma main droite, collées ensembles*, et commençai à manger. Je ne savais pas encore comment prendre ma nourriture avec les deux, alors pour le moment, je ramenai ma nourriture comme une grande spatule jusqu’à ma bouche. Papa dit que c’est typique chez les enfants de mon âge.

     

    « C’est curieux, c’est bien meilleur que ce que je mangeais au palais !

    - C’est vrai ? demanda Tonton dent de lapin.

    - Peut-être parce que les gens du peuple mangent ce qu’ils ont préparé sans le laisser refroidir, tenta Tanda. Au palais, à force de passer entre les mains des serviteurs afin de vérifier que rien n’a été empoisonné, vous devez sûrement manger froid non ?

    - Ah ! maintenant que vous le dites, c’est juste. Je n’ai pas le souvenir d’avoir mangé une seule fois un plat qui fût encore fumant.

    - La nourriture de Papa est toujours bonne et chaude ! dis-je.

    - Mieux que celle de maman ? se vexa Balsa.

    - Non. Vous cuisinez bien tous les deux. »

     

    Mes parents me sourirent et je replongeais mon nez dans mon bol. La porte s’ouvrit soudainement.

     

    « Qui est là ? jeta Maman, en garde.

    - Tamago... Tamago...

    - Torogai-Shi !

    - Tamago... Tamago... (elle déposa sa canne sur le sol et monta sur le palier de bois) Tamago... Tamago... (elle se servit sans même nous avoir vu) Tamago... (elle observa lentement Chagum avant de s’écrier : ) TAMAGO !!! »

     

    Tohya échappa son œuf au même moment.

     

    « Qu’est-ce qu’une telle chose fait ici ? (elle approcha sans gêne son visage à deux doigts de celui du prince) Tu es le second prince, n’est-ce pas ?

    - Balsa... couina-t-il, intimidé.

    - Balsa ?! Haha ! Je vois ce que c’est, Maman Balsa ! La seconde impératrice s’est servie de sa tête, n’est-ce pas ? As-tu été priée d’être son garde du corps ?

    - Mais y a que moi qui peut l’appeler "Maman" ! m’offusquai-je.

    - Torogai-Shi, ce garçon est- allait sortir Maman.

    - J’ai de la chance ces dernières années ! s’exclama-t-elle joyeusement. La naissance d’Alika... Puis, je n’aurai jamais deviné que quelque chose qui peut se montrer une fois par siècle viendrait jusqu’à moi ! Je ne pensais pas vivre assez longtemps pour voir ce jour ! Laisse-moi y jeter un coup d’œil. »

     

    Elle se mit la tête proche du ventre de Chagum et pendant quelques instants, une lumière bleue apparue. Grand-Mère resta un moment dans cette position. Maman posa sa main sur ma tête et me la fit tourner dans sa direction en me regardant. Je ne posai aucune question, jusqu’à ce que Grand-Mère se décolle du prince comme si elle avait manqué de souffle. Maman replaça ma tête en la tournant de nouveau vers le prince. Elle expliqua à Chagum les deux mondes, Nayug et Sagu, ainsi que le Nyunga Ro Im et son œuf pondu en lui.

     

    « Il ressemble à quoi ? osa questionner le second prince.

    - Il n’a pas de coquille, il semble plutôt mou comme un œuf de poisson, bien que très sphérique, et luisait d’une lumière bleutée. »

     

    Au bout d’un moment – j’avais perdu des brides de conversations entre eux, étant tombée dans la lune –, le second prince se leva.

     

    « Je ne me sens pas très bien. Je vais dehors pour prendre de l’air... »

     

    Il sortit, vite suivis de Tatie Saya et Tonton dent de lapin. Je décidai de les accompagner également. Le protégé de Maman alla proche de l’étang et s’accroupie. J’allais le rejoindre dans la même position.

     

    « Est-ce que tu vas bien ? le questionna Tatie. Tu te sens malade ?

    - Hé, si tu le touches sans demander la permission... l’avertit Tonton, avant de se faire durement regarder par nous.

    - Torogai-Shi emploie des mots durs, mais elle est un Chamane très puissant. Je suis sûre qu’elle sera capable de faire quelque chose.  »

     

    Il se mit à pleurer, pas fort, mais assez pour qu’on voit qu’il était bouleversé. Je me collai contre Chagum et le serra de mes petits bras pour le réconforter. Maman ou Papa me faisait toujours ça quand je n’allais pas bien... et mes trois amis esprits également ; je m’inspirai d’eux. Le prince me regarda un instant et resserra son étreinte en continuant de sangloter silencieusement. On entendit le hurlement d’un loup et Papa vint nous chercher.

     

    « Vous serez en sécurité aussi longtemps que vous resterez dans la hutte.

    - Y a-t-il un loup aux alentours ? questionna Grand-Mama.

    - Oui. Il semblerait que ce soit un loup qui se serait égaré de sa meute. Pour le moment, dormez ici. Je vais chercher des couvertures. »

     

    Pour une des rares fois où je ne collai pas Maman, je décidai d’apporter du soulagement à mon ami, Chagum, en me couchant proche de lui.

     

    * * *

     

    Yosh !

    C’était mon chapitre 2. Avant de commenter/et laisser votre avis critique, j’aimerai que vous lisez le restant de mon pavé – hum pardon – de ma petite – hum non – moyenne note.

     

    J’avoue que j’hésitai beaucoup à écrire à la première personne du singulier, mais ça a été mon tout premier style d’écriture depuis mes 8 ans où j’ai commencé l’écriture. Et vu que pour accrocher à un personnage, j’ai besoin de me sentir vraiment proche, je me suis dise : pourquoi pas au «je» ? Après tout, Alika est l’enfant de deux personnages important dans cet anime...

     

    Aussi, si j’hésitai vraiment beaucoup, disons que je sais que certains gens n’aiment pas les fanfictions où il y a des OC (original characters créer par les auteurs eux-mêmes). Je ne sais pas trop quelles sont les raisons, mais depuis mes débuts de FanFictions, je m’en suis toujours créée. Je ne sais pas, je ne suis pas capable d’écrire seulement avec les personnages d’une œuvre sans y rajouter la mienne (ou «les miens» si j’ai plus de trois OC).

     

    J’avais également peur de ragoûter les fans de Seirei no Moribito en y parlant au «je», sachant que moi-même parfois je n’aime pas lire des FanFictions sur Bleach ou Naruto avec des OC qui parlent au «je» (à l’exception de quelques-unes seulement), quoique j’avoue que ces deux animes-là ont tellement de FanFictions qu’on ne sait plus où commencer pour trouver de l’originalité – ne le prenez pas mal s’il vous plait – contrairement à Moribito... sachant que je fais pleins de recherches sur cet anime pour en savoir plus. Je ne veux pas non plus rendre Alika un peu style «Mary-Sue»...

     

    Enfin bref, pour conclure, voilà, j’espère que ça ne vous a pas trop lassé – ou dégoûté du «je» –  et je comprendrai si vous voudriez arrêtez-là, je ne vous en voudrai pas. Comme vous voyez, je m’inspire des épisodes et de mon livre en y ajoutant une petite touche d’Alika au décor. Moi, personnellement, je trouve ça mignon.

     

    _____________________________________

    1* Si vous avez compris, les [...] représentent des événements qui se passent en même temps que la trame présente de ma fanfiction. Ou quelque chose d’important à dire et qui, nécessairement, n’est pas connu du personnage principal.

     

    2* Les baguettes, ça fait trois animes que je regarde («Mon voisin Totoro», «Le tombeau des lucioles» et bien sûr «Seirei no Moribito – episode 7 au début») et j’ai remarqué un fait intéressant : tous les enfants tiennent leur baguettes collées ensembles et ramènent la nourriture à leur bouche. Coïncidence ?

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