• Chapitre 5 : La Cérémonie des Remises – The Giving Ceremony

    Un jour où Alika n’eut pas d’école, Yuka l’emmena visiter l’ancien du clan Yonsa, Laloog. Elle avoua qu’elle était un peu nerveuse, mais sa grande Tante la rassura en disant qu’elle convainquait de jour en jour Laloog comme quoi Balsa était réellement la fille de Karuna.

     

    « Laloog est très respecté de tous les clans, car il a assisté à la toute dernière Cérémonie des Remises. Il se fait vieux alors on doit ménager ses forces.

    - Est-ce qu’il souhaite me rencontrer ?

    - Il a envie de voir si tu ressembles vraiment à Balsa, d’une certaine part, quand elle était enfant. Mais de trois ans à sept ans, les enfants changent beaucoup. Je dois seulement avouer que tu lui ressembles beaucoup. »

     

    Elles montèrent sur la jument solide et courte de Yuka pour se diriger vers la salle du chef. Elles entrèrent dans la maison et le médecin demanda à revoir Laloog. Le jeune garde cogna à la porte, mais il fallut à Laloog quelques minutes pour pouvoir bouger.

     

    « Mmmh ?

    - Maître Laloog, Maîtresse Yuka de la maison de guérison est ici à nouveau, mais cette fois-ci, avec une enfant.

    - Faites-les entrer, soupira-t-il. »

     

    Écoutant les pas reculer du jeune garde, Laloog regarda d'un air morose le feu. Dernièrement, il rêvait sans cesse de son fils aîné, Taguru, et cela ne pouvait être dû qu’aux nouvelles inquiétantes que Yuka lui avait apportées récemment. Ses paroles avaient suscité la douleur qu'il pensait avoir enterrée avec le temps. Mais si ce qu'elle avait dit était vrai... Le moment où il l'avait vu, il y a de cela six jours exactement, il avait été rempli d’appréhension. Rien ne déstabilisait Yuka, pas même quand elle avait dû trancher le bras d'un patient et il avait souvent pensé que si elle était un homme, elle aurait été un guerrier hors pair. Pourtant, elle s'était précipitée dans sa chambre avec ses cheveux en désordre et la peur avait été immédiatement confirmé. Le saluant superficiellement, elle l’avait regardé férocement, les yeux étincelants avant de se lancer dans son récit absurde.

    De penser que la fille de Karuna était encore en vie...

    Bien sûr, Laloog ne l'avait pas cru au début. Il avait essayé de convaincre Yuka que la femme devait avoir été l'amante de Jiguro, ou qu'elle avait été manipulée par l'histoire de la fille de Karuna pour répondre à ses propres desseins. Mais Yuka s’était esclaffée brusquement et avait secoué la tête.

     

    « C’était Balsa. Vous l’aurez aussi reconnue, si vous l’aviez vu ! »

     

    Laloog n'avait vu Balsa qu’une seule fois, il y a longtemps, quand Karuna, de retour de la capitale, avait effectué une visite au frère cadet de Laloog, le chef. Étant un lancier, Laloog avait aussi vécu dans la capitale, mais il lui arrivait de séjourner à l'hôtel du chef pour assister à la cérémonie de passage à l'âge de son neveu. Karuna avait amené sa fille de trois ans avec lui. Son bras était dans une écharpe, et le bandage blanc se détachait sur sa peau, et qui semblait aussi bronzé qu’un garçon. Apparemment, la première chose qu'elle avait faite en arrivant à la maison de Yuka était de tomber d'un arbre et de se casser le bras.

     

    « Elle ressemble plus à Yuka au même âge que vous, avait-il fait remarquer à Karuna. »

     

    C’était de bonnes années, pensa l’aînée, Karuna était le physicien du roi et nous étions si fiers qu’il vienne du clan Yonsa.

    Si, ce que prétendait Yuka, ces tragédies concernant l’assassinat de Karuna, les combats de Jiguro et finalement la mort de son fils aîné, venait d’un complot mis en place par le Roi Rogsam étaient vraies... L'odeur âcre de la pommade à friction précéda Yuka dans la pièce et elle était vite suivit d’une silhouette plus petite, de la taille d’une enfant. Elle venait tous les jours sous prétexte de traiter la douleur de ses jointures, mais c’était la première fois qu’elle emmenait un enfant avec elle. Lorsqu’elle rencontra ses yeux, il secoua doucement la tête.

     

    « Ils ne l'ont pas encore pris. »

     

    La rumeur avait circulé dans les clans Yonsa et Musa encore plus rapidement qu’un troupeau de chevaux au galop : le fugitif capturé par les deux guerriers Musa avait glissé de leur emprise, et les avait mis en piteux état tous les deux. La nouvelle avait atteint les oreilles de Laloog le même jour où cela était arrivé. Sur ses talons est venu un message de Kaguro Musa lui-même, lui disant qu’officiellement la femme avait fui sur le territoire Yonsa. D'autres rumeurs indiquaient qu'une recherche massive qui avait été lancée par Kaguro avait échoué. Yuka emmena deux chaises au canapé de Laloog et s'assit alors qu’Alika faisait de même, sans parler. Elle commença à masser la pommade dans son coude ridé avec des mains expertes. Son bras était mince et ses muscles étaient secs, de sorte que la peau flasque et lâchée se déplaçait sous sa main à chaque fois qu'elle passait ses doigts dessus. Un petit cirque qui amusait les yeux d’Alika qui se retenait bien franchement de ne pas éclater de rire...

     

    « J’ai entendu dire que Yuguro Musa avait déjà traversé le territoire Yonsa, narra-t-elle.

    - Oui, il a rejoint les hommes de notre clan. Ils devraient atteindre le territoire Yonro demain. »

     

    Yuka augmenta la pression dans ses doigts.

     

    « Je suis sûr que Kaguro vous écoutera maintenant que Yuguro est parti. »

     

    Laloog la regarda brusquement.

     

    « Yuka—

    - Les gens disent que Yuguro a laissé le fils aîné de Kaguro derrière lui et qu’il a pris son fils avec lui à la place. En fait, Maître Kahm a seulement traversé le territoire Yonsa ce matin. Il s'agit certainement d'une opportunité donnée par Dieu. Kaguro doit avoir une certaine inquiétude.

    - Vous entendez tout, soupira-t-il.

    - La salon à la maison de guérison a toujours été un foyer de bavardage. »

     

    Le vieil homme leva les yeux au le plafond.

     

    « Vous me demandez de déclencher une avalanche entre les tribus Yonsa et Musa? Il n'y a pas de force dans cet ancien corps qu’est le mien et arrêter l’avalanche une fois qu'elle a commencé serait chose impossible, vous savez. Je ne peux pas prendre ce risque sur quelque chose qui ne serait pas bénéfique à notre clan en aucune façon.

    - Vous êtes l'aîné du clan. Les membres du clan sont vos enfants. Souhaitez-vous rester là à regarder vos enfants mourir ? »

     

    Elle ramassa une petite quantité de pommade jaune collante avec son annulaire et dit alors rapidement :

     

    « Même maintenant, je déteste celui qui a tué mon frère. Je vois encore les yeux morts de Karuna, le regard dans le vide. Souhaitez-vous pardonner l’homme qui a fait mourir pour rien notre meilleur jeune guerrier de notre clan – l'homme qui a envoyé Taguru à sa mort ? »

     

    Laloog agita sa main rudement et s'assit avec un gémissement. Il lui fit face, l’observant avant de poser son regard sur Alika qui se pressa un peu plus sur sa grande tante.

     

    « Où est la preuve ? Dites la-moi.  Où est la juste preuve qui convaincrait nos gens que je devrais accuser l'homme le plus puissant de Kanbal de la tromperie ?

    - Il y a un témoin – Balsa. Allez-vous laisser Yuguro la tuer ?

    - C'est ce que je veux signifier. Il n'y a aucune preuve que cette femme dise la vérité, rétorqua-t-il à nouveau en secouant la tête. Yuka, il n'y a rien que je puisse faire à ce sujet. Combien de fois allez-vous emmener ça, ce sujet-là ? »

     

    Elle le regarda droit dans les yeux.

     

    « Autant de fois que nécessaire. Pensez-vous que je vais rester là à ne rien faire et le laisser tuer ma seule nièce ? »

     

    Il doit bien y avoir un moyen d'aider Balsa. Cette pensée consommait Yuka à la fois quand elle était éveillée et quand elle dormait. Mais elle revenait toujours à ce défaut fatal : il n'y avait pas un moyen de prouver que Balsa disait la vérité. Laloog dévia son regard en tentant de mieux apercevoir l’enfant. Alika rencontra malheureusement ses yeux et sourit timidement sans montrer ses dents.

     

    « Qui est-ce ?

    - Ma "petite-nièce", Alika.

    - Votre petite-nièce ?! s’exclama-t-il avant de tousser une quinte de toux.

    - Faites doucement. Oui c’est ma petite-nièce et je peux vous dire que son père n’est pas du tout Jiguro, mais bien un homme apothicaire qui habite au Nouvel Empire de Yogo.

    - Donc elle est la fille de votre nièce qui, selon vous, est Balsa ?

    - C’est cela. Et pas selon moi, c’est Balsa sa mère.

    - Qui dit que cette enfant n’a pas été enroulée dans des mensonges ? »

     

    Alika s’irrita intérieurement et son expression paisible durcit démontra son mécontentement. Expression qui la rendit plus cute que menaçante... Yuka éclata de rire.

     

    « Mais non, il ne faut pas soupçonner tout le monde.

    - Vous avez sans doute raison, soupira Laloog. »

     

    Alika n’esquissa qu’un petit sourire. Quand elles quittèrent la chambre de Laloog et sortirent dehors, la neige tombait comme de la poussière du ciel argenté. Les hommes préparaient les fixations plantureuses des enclos à bêtes pour l'hiver pour les chèvres qui étaient rassemblées vers le bas des falaises. Bientôt, les montagnes seraient enterrées dans la neige. Yuka se demandait où était Balsa maintenant, mais elle fit confiance à l’instinct de sa petite-nièce. Montant sa courte et solide jument puis aidant la fillette à embarquer, elle se dirigea vers la maison de la guérison par une avalanche de flocons pulvérulents.

     

    « Tante Yuka ?

    - Oui ?

    - Est-ce que j’ai fait une erreur en ne parlant pas ?

    - Non, je ne vois pas ce que tu as pu commettre comme erreur n’ouvrant pas la bouche.

    - D’accord...

    - Tu avais peur parce qu’il te soupçonnait ?

    - Oui.

    - Tu n’es qu’une enfant et comme j’ai pu le voir pendant les deux semaines quand toi et ta mère aviez séjournées chez moi, j’en ai conclus que ce n’était pas dans ton caractère d’être embobinée de cette façon, ni même dans celui de ta mère.

    - Ma maman est toujours franche... parfois trop... »

     

    Yuka sourit.

     

    * * *

     

    Un soir en revenant de son école, dont Shozen ne regardait plus Alika dans les yeux et l’évitait de tout son être, la petite-nièce courut voir Yuka dans le salon et qui parlait avec d’autres patients.

     

    « Tante Yuka !

    - Alika ? se surprit-elle. Qu’est-ce qui te range si joyeuse ?

    - Amaya m’a invitée à aller dormir chez elle, est-ce que je peux ?

    - Hum... je vais y penser et je te reviens avec la réponse plus tard.

    - D’accord ! »

     

    Plus tard dans la soirée, Yuka lui offrit son accord et le lendemain, Alika alla jouer chez Amaya et dormir-là. Rare était les alliances et les mariages entre deux clans différents, pourtant, la maman de son amie avait marié un homme venant du clan Muga. C’était exceptionnel. Racontant la même histoire de sa famille inventée par sa grande Tante aux parents de son amie, ceux-ci trouvèrent Alika très amicale et sociale.

    Amaya et elle passèrent leur après-midi à jouer dans la neige en créant un fort tout en attaquant une équipe adverse avec leurs boules de neiges. Akiro poussa Alika sur Amaya pour les protéger en créant une contre-attaque. Shozen comptait prendre sa revanche sur elle dans la bataille. Lorsqu’elle atterrit face à face sur son amie, le temps s’arrêta pour les deux jeunes fillettes. Par surprise, Amaya offrit un bisou sur le front de son amie et se redressa pour réattaquer. Encore un peu étourdie de la situation, Alika ne vit pas la balle de neige fuser l’air droit dans sa direction et elle se la prit en plein visage. Ce dut de la part de Shozen, fier de son coup. La fille de Balsa s’échoua dans la neige en cachant son visage dans ses mains et en retirant la neige qui picotait son visage. Son amie vint la voir et lui demanda si elle allait bien.

     

    « Je vais le tuer... ce salaud ! explosa-t-elle en se redressant et en bravant la tempête, les boules de neige, la neige elle-même. »

     

    Son sang de guerrier en furie s’était activé et elle empoigna Shozen par le collet avant de le câler dans la neige. Il se débattit mais sans succès, sachant qu’Alika avait démontré que peu importe ce qu’il ferait, elle aurait le dessus sur lui. N’utilisant même pas ses coups de poing, elle prenait la neige aux alentour et se vengeait hardiment.

     

    « T’es cave ! cria-t-elle. Je ne vois pas ce que je t’ai fait de mal ! Je t’ai juste replacé à ta place quand il le fallait, c’est pas de ma faute si tes techniques au combat sont pourries ! T’as vraiment besoin d’un bon professeur en tout cas ! »

     

    Elle lui fit manger de la neige et se redressa pour retourner à son fort avec ses amis.

     

    « Hé Shozen, cette fille semble te donner du fils à retordre, ricana son ami.

    - Ta gueule toi !

    - Il n’a pas tort, l’appuya son second compagnon. C’est comique, au fond, je suis sûr qu’elle te plait, cette Alika-Chan.

    - Jamais de la vie, rêvez en couleur !

    - Qui aime bien, châtie bien, fanfaronna les deux amis.

    - Fermez-là !

    - Ouh-ouh...

    - L’amour flotte dans l’air...

    - Nyé-héhé ! rit l’autre ami. »

     

    Il se redressa et continua de secouer ses vêtements remplit de neige. Alika rentra chez Amaya et sa mère leur offrit un bon chocolat chaud. Elles dessinèrent dans la soirée et pour économiser l’eau, elles prirent un bain commun pour leur plus grand plaisir. Trop jeune pour parler de sexualité, elles parlaient plutôt de leur famille et de Shozen.

     

    « Je me demande comment tu fais pour lui tenir tête.

    - Je ne sais pas. Je n’aime pas qu’on me marche sur les pieds. Surtout par lui, lui qui se vente qu’il est le meilleur, pfff... il peut bien rêver.

    - Je t’admire !

    - Merci.

    - Alichoue’ ?

    - Oui ?

    - Tu sais quand tu m’as... (elle baissa le ton) embrassé... j’ai aimé ça.

    - Ça te dirait qu’on recommence quand on va aller au lit ?

    - Oui, mais faudrait pas se faire surprendre.

    - Promis ! »

     

    Elles se firent un sourire complice et finirent par s’arroser en riant. La mère d’Amaya les stoppa avant que le sol ne soit trop mouillé et les filles s’habillèrent pour la nuit.

     

    « Vous êtes sûres que vous allez bien dormir ensembles dans un lit simple ? s’inquiéta la Maman, non pas à cause que deux filles dormaient ensembles, mais bien à cause de l’espace restreint du lit.

    - Oui, sûre Maman ! répondit positivement Amaya. On aura plus chaud !

    - Si vous le dites. Tu es confortable Alika ?

    - Oui.

    - Bien, dans ce cas, bonne nuit les filles. »

     

    Elle éteignit la chandelle et ferma la porte pour conserver la chaleur de la pièce qui était créée par la cheminé. Elles attendirent un peu dans le silence, puis Alika se colla contre Amaya en emprisonnant son bras dans les siens comme une grosse peluche.

     

    « Je crois que ça peut être le moment, murmura-t-elle à l’oreille de son amie.

    - Oui, mes parents doivent être en train de lire les journaux en parlant...

    - Un truc, tu devrais ne pas penser, laisse-toi juste aller.

    - D’accord. »

     

    Sans gêne, Alika reposa ses lèvres contre celles d’Amaya et elles les gardèrent collées plus longtemps que la dernière fois.

     

    « Tu n’es pas mal à l’aise ? s’enquit-elle.

    - Non... j’aime ça, sourit la petite fille du clan Muga.

    - Tout le monde peut être amoureux !

    - C’est vrai.

    - ... Tu m’aimes ?

    - Eh... (elle rougit, heureusement que la noirceur cachait un peu son visage) je sais pas si c’est de l’amitié ou de l’amour... mais... je suis bien quand je tiens ta main. Et j’aime quand tu m’embrasses.

    - Tu sais quoi ?

    - Non...

    - Moi aussi... »

     

    Elles se regardèrent et s’embrassèrent à nouveau avant de fermer les yeux et de dormir bien au chaud. Yuka vint chercher Alika le lendemain et Amaya offrit un câlin à son amie, presque triste de devoir la quitter. Sur le chemin, la Tante se renseigna sur ce qu’avait été sa journée chez son amie.

     

    « On s’est beaucoup amusés et j’ai encore mis à la honte à Shozen !

    - Encore ?

    - Oui, en bataille de boules de neige en tout cas. Dans la neige.

    - ‘Cré Alika. On aurait dit ta Maman au même âge : une fillette tomboy qui aurait pu mettre la honte à tous les garçons.

    - Il le mérite, grogna-t-elle, faisant rire Yuka.

    - Il est peut-être amoureux de toi. Parfois qui aime bien châtie bien.

    - Erk... non, je crois que je suis amoureuse d’Amaya.

    - Amour ou amitié ?

    - Qu’est-ce que ça change ? Je l’aime. Pour de vrai. Et les grandes personnes disent que les enfants ne peuvent pas savoir c’est quoi être en amour, pourtant... je crois que je suis vraiment amoureuse...

    - Tu le ressens comme ça ?

    - Oui.

    - Alors vis-le comme ça, ma belle. »

     

    Alika lui sourit. Elles revinrent à la maison de guérison et elle alla vers des patients qui parlaient dans le salon. Elle leur parla et raconta des histoires, en échange, ils leurs parlèrent de Kanbal et ce qu’ils faisaient dans la vie. Elle rencontra une lesbienne qui était mariée et à ce moment, Alika comprit qu’elle pourra tomber amoureuse de tout le monde.

     

    * * *

     

    Amaya venait parfois la visiter de temps en temps, mais la neige ralentissait tous les mouvements dans les rues et il était difficile d’aller là où le désirait. Alika commençait à s’ennuyer, et d’ennuis et de sa mère. Aucune nouvelle d’elle. Alors elle trouva un beau passe-temps : dormir. Dans les premiers temps, Yuka croyait que sa petite-nièce était tombée malade, mais quand elle comprit qu’elle s’ennuyait, elle la laissa dormir aussi longtemps qu’elle le souhaitait. Chaque jour, elle embellissait le pot en terre cuite qui contenait les cendres de son petit frère et elle s’était mise à lui parler de ses journées, de ses espoirs et de ses rêves de « grande sœur ». Elle lui parla de son amour pour Amaya et le pria de veiller sur sa mère.

     

    Deux jours après que les envoyés du roi soient arrivés pour annoncer que la Cérémonie des Remises allait avoir lieu cette année-là, les villages furent pris dans un tourbillon d'activités. Les femmes retroussaient les tapisseries de laine lumineuse et enveloppaient des laga dans des chiffons propres. Les hommes décoraient les charrettes qui porteraient ces cadeaux jusqu'à ce qu'ils soient satisfaits des décorations et qu’elles surpassent ceux des autres clans. Alika aida sa grande tante, mais au fil du temps, Yuka remarqua que sa déprime prenait plus d’ampleur sur son caractère joyeux. Amaya semblait lui remonter beaucoup le moral, mais quand elle partait, sa déprime revenait. Un soir, alors qu’Alika se couchait dans son lit, la tante abordait le sujet.

     

    « Comment vas-tu Alika ?

    - Je vais bien.

    - Pas plus que cela ?

    - ... »

     

    Alika la regarda avec de grands yeux, puis, soudain se mit à pleurer bruyamment.

     

    « Je veux Maman ! Je m’ennuie d’elle ! sanglota-t-elle. »

     

    Ce changement d’attitude toucha profondément Yuka qui l’accota contre elle et qui se mit à la bercer tendrement en lui permettant de se libérer le cœur.

     

    « Je suis à plus d’un mois de marche de mon Papa... j’ai aucune nouvelle de ma Maman dans un pays nouveau et inconnu pour moi... je sais que tu es là, mais... je m’ennuie de ma famille pareille ! pleura-t-elle.

    - C’est normal, ça s’appelle avoir le mal du pays.

    - C’est quoi ?

    - L'expression "avoir le mal du pays" désigne un malaise ressenti par certaines personnes ayant quitté leur pays ou région d'origine. Ce mal peut être causé par un changement trop brutal de mode de vie qui provoque une perte de repères chez ces personnes, ou le manque d'un élément auquel la personne était attachée. Pour toi, c’est sûrement Balsa, ta Maman.

    - Elle va revenir bientôt ?

    - Je ne sais pas, Chatonne, mais elle va revenir, faisons-lui confiance. »

     

    Elle continua de pleurer un peu avant de se moucher et de se coucher, veiller par sa grande tante qui lui caressait les cheveux en chantant une berceuse Kanbalese. 

     

    * * *

     

    Ce chapitre est plus court, mais je ne trouvais pas utile de rajouter d’autre chose pour le moment, donc j’ai arrêté ça là. Je ne compte pas parler de la Giving Ceremony parce qu’il aurait fallu tout traduire le roman et je n’étais pas partie pour ça, mais durant ce chapitre, bien que je ne l’aie pas mis, Balsa participe à la Giving Ceremony et rapporte les luishas pour que Kanbal puisse survivre.

     

    Well... oui vous allez me dire que c’est un peu spécial que les enfants de sept ans pensent ça, je veux dire, aimer ou fille ou un gars et si c’est normal, mais bon, comme vous connaissez Alika assez bien bin ça donne ça x) et ça existe des enfant de sept ans qui se découvrent homo, comme mon amie par exemple.

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