• Chapitre 5 : Tranches de vie – Mère au foyer

    Chapitre 5 : Tranches de vie – Mère au foyer

    Après avoir fait réparer la lance de Maman, dans les jours qui suivirent, elle décida de prendre plus soin de nous – non pas qu’elle ne s’occupait pas bien de nous – mais de nous porter plus d’attention que d’habitude, puisqu’elle n’avait aucun entrainement à respecter ou à surveiller les environs pour éviter quelconque espion. Puisque j’avais proposé la natation, et qu’on avait un lac à proximité, Maman décida d’offrir des cours à Chagum. Elle lui avait acheté un maillot de bain, à savoir, des shorts bermudas spéciales et moi j’avais le mien. Dès qu’elle revint en maillot de bain avec des serviettes et sa lance, elle plongea doucement dans l’eau. Je décidai de la suivre.

     

    « L’eau est bonne, annonçai-je. Ce sera parfait ! Viens Niisan !

    - Je ne sais pas... »

     

    Je revins vers lui et le tirai vers nous. Il n’était pas très difficile à convaincre, au lieu de ça, il glissa sur le sol et tomba, assit, dans l’eau. Maman rit.

     

    « Pas mal, mais il faudra t’habituer.

    - Pffff... je veux pas trop aller dans le fond, j’ai vraiment peur de me noyer, avoua-t-il.

    - Ça s’apprend nager. C’est pour ça que je t’ai emmené ça. »

     

    Elle lui montra une planche en bois qui avait été sablée pour que ce soit tout doux, de forme recourbée par le haut et un creux vers le bras qui comprenait deux poignées découpées dans la planche.

     

     « À quoi cela servira-t-il ? demanda Niisan.

    - À t’aider pour les exercices et éviter que tu ne coules. Ne t’en fait pas, je suis là, on n’ira pas creux.

    - Promis ?

    - Promis. »

     

    Maman l’aida à se positionner correctement sur la planche et lui montra comment faire. Les jambes molles, que les cuisses qui font de petits mouvements et le restant de ses jambes suivront. Il devait également respirer sur le côté et non par en avant. Ses débuts ne furent pas faciles, au bout de quelques minutes, il était essoufflé, épuisé et avait mal à ses jambes.

     

    « Je pensais pas que c’était si rude que ça...

    - C’est vrai que l’eau joue avec la pesanteur. Pour le moment, ce sont de bons débuts. Tu as droit de prendre des pauses, tu sais.

    - Je vais faire ça de ce pas.  

    - Je vais nager un peu.

    - Je peux monter sur ton dos, Maman ? m’enquis-je.

    - Pourquoi pas, viens t’en ma chérie. »

     

    Je nageai jusqu’à elle et m’agrippai à son dos.

     

    « Prête ?

    - Oui ! »

     

    Elle plongea tête première dans l’eau avant d’en ressortir. J’enroulai les pieds autour de son bassin en riant.

     

    « Encore une autre plongée ?

    - Oui encore !

    - C’est parti ! »

     

    Elle replongea, fit une pirouette par en avant dans l’eau avant de revenir à la surface. Maman me demanda de m’accrocher à sa taille ou d’enrouler mes bras au-dessus de sa poitrine pour qu’elle puisse nager confortablement sans être gênée même si j’étais sur son dos. Je me collai un maximum contre elle. Elle m’avait manquée et j’adorais sentir sa présence proche de moi. Elle fit dix longueurs, moi sur son dos, puis je débarquai pour aller rejoindre Niisan. Je vis son air triste et allai m’asseoir sur le banc de bois.

     

    « Qu’est-ce qu’y a, Niisan ?

    - C’est rien.

    - C’est pas rien, tu as quelque chose. Ta maman te manque ?

    - Comment tu sais ?

    - Bah, moi et ma Maman, on s’est un peu amusé seules ensembles, mais tu étais seul.

    - Ne t’en fait pas. C’est juste que ma mère me manque.

    - Je sais ce que tu ressens. J’ai souvent vécu ça avec ma Maman à moi. Avec son job, elle part souvent un mois, parfois deux... de temps en temps c’est six mois. »

     

    Je me collai contre lui et lui offris un câlin. Maman ressortit de l’eau, nous observa et se sécha à son tour. On mangea un bon souper et vers la fin de la soirée, je voulus prendre mon bain avec elle. Ce qu’elle accepta volontiers. Alors qu’on était dans notre bain, j’osai lui poser une question.

     

    « Maman ?

    - Hum ?

    - Quand est-ce que j’ai un ‘tit frère ou une ‘tite sœur ? »

     

    Tous ses gestes s’immobilisèrent et elle tourna son regard vers moi.

     

    « Tu veux un petit frère ou une petite sœur ? s’amusa-t-elle.

    - Oui !

    - Oh, mon poussin, ce ne sera pas pour demain.

    - Pourquoi ? Tu peux pas planter des graines de choux pour que la cigogne puisse passer ?

    - L’histoire de la cigogne, hein ? Tu ne préfèreras pas avoir un grand frère ?

    - Grand frère... Niisan ?

    - Niisan ?

    - Chagum-Niisan ! Est-ce qu’on peut l’adopter ?

    - Hé bien... il a une famille ailleurs, je ne peux pas le kidnapper.

    - Mais pourquoi tu t’occupes de lui alors que tu as moi ?

    - Parce que c’est mon rôle de garde-du-corps. Je protège les adultes comme les enfants. Et sa maman m’a demandée de prendre soin de lui jusqu’à la fin de mes jours.

    - Alors tu vas être sa maman ?!

    - En quelque sorte.

    - Tu ne vas plus être ma Maman ?!

    - Non Alika, je serai toujours ta Maman. Mais je serai également la mère de Chagum maintenant que sa mère est loin de lui. Ne serait-ce pas un peu de la jalousie ?

    - Pas du tout.

    - Ah, tu es sûre ?

    - Certaine ! »

     

    Elle se rapprocha de moi et m’emprisonna dans ses bras avant de me coller contre elle.

     

    « Il y a une différence entre "être ma fille" et "être le fils de quelqu’un d’autre", Alika. Je t’aimerai toujours.

    - Plus que Chagum ?

    - Un peu, mais ça ne veut pas dire que je n’ai pas le droit de l’aimer parce que je t’aime. Je vous aime tous les deux. D’accord ?

    - Okay...

    - Juste ça ?

    - M’oui.

    - Ah lala, ma petite Alika-Chan. (elle sourit) Tu veux que je te parle de mon royaume natal, Kanbal ?

    - Oh oui !

    - Que veux-tu savoir ?

    - Hum... est-ce qu’il mange la même chose qu’ici ? Et c’est quoi leur spécialité ?

    - Contrairement à Yogo, Kanbal a peu de terre fertile. Les gens y plantent ce qui peut pousser. Il y a beaucoup de pomme de terre, des "Gashas", qui peuvent pousser même sur ces pauvres terres, du jus d’un fruit sucrée rouge, le Yukka, il y a également des feuilles de Kaluka pour faire du thé. Oh ! et la spécialité de Kanbal, tu sais ce que c’est ?

    - Non, quoi ?

    - Du sirop d’érable.

    - Sirop d’érable ?

    - Oh oui. Je me souviens quand j’étais petite, à l’hiver, ma maman et mon papa m’emmenait à ce qu’on appelle là-bas, une cabane à sucre. Avec les luishas, c’est le second marché pour faire survivre mon pauvre pays. Pour faire le sirop d’érable, Kanbal a des érablières. Ils ramassent la sève des érables. C’est ce qu’on appelle l’eau d’érable. C’est un peu sucré, mais si on la fait bouillir à différent degré, l’eau s’évapore et ça devient très sucré, on obtient alors de la tire, du beurre, du sucre mou ou du sucre d’orge d’érable.

    - Ça donne faim.

    - Hé hé, on mangera une petite collation avant le dodo. »

     

    Je sortis de l’eau, me fis sécher et mis mon pyjama, une petite robe de nuit. Après avoir mangé ma collation comme promis, Maman vint nous coucher, Niisan et moi et nous souhaita bonne nuit avant de redescendre en bas. Je me tournai vers Chagum.

     

    « Tu ne dors pas encore ?

    - Non, je mets du temps à m’endormir.

    - Comme moi, ris-je. Niisan ? Tu avais des frères ou des sœurs avant que tu ne partes de là-bas ?

    - J’ai des sœurs, de la Troisième Impératrice et j’ai un grand frère de quinze ans. Il s’appelle Sagum.

    - Il te manque ?

    - Oui. Même si on n’était pas dans le même palais, on était quand même assez proches. Pourquoi cette question ?

    - Parce que j’aimerai que tu sois mon grand frère à moi.

    - Je ne l’étais pas déjà ? (il se retourna vers moi)

    - Oui, mais je voulais que tu le saches pareil.

    - T’es mignonne toi.

    - Tu dois dires cutes, c’est les thèmes de Kanbal.

    - Kanbal ?

    - Pays natal de maman, elle a dit qu’elle va m’y emmener à sa prochaine aventure. Peut-être seras-tu de la partie !

    - Je n’en sais rien. On verra ce que le destin nous apportera.

    - Les enfants ! résonna la voix de Maman. Il est temps de dormir.

    - D’accord Maman/Balsa, répondîmes-nous à l’unisson.

    - On s’en reparle demain, chuchotai-je. Bonne nuit Niisan.

    - Bonne nuit Ali’. »

     

    * * *

     

    Papa vint nous voir durant la semaine où Maman n’avait pas sa lance dans les mains. J’osai lui poser la même question que j’avais demandé à Maman, et sa réponse fut la même qu’elle. Et dès qu’elle put aller chercher sa lance, je la regardais manier son arme avec envie. Elle était vraiment douée. Lentement, elle me permit de la manier progressivement. Je ne comprenais pas pourquoi, mais je ne la questionnai pas parce que j’étais trop fière de pouvoir tenir une arme de « grande personne ». Durant une belle journée, Maman me demanda si je voulais l’accompagner pour aller chercher de l’eau. Alors que je remplissais mon sceau d’eau, je tombai à la renverse, sur la berge.

     

    « Alika ! Tout va bien ?

    - Eh...

    - Tu as été prise de vertige ? (elle me rassit sur l’herbe)

    - Non... je sais pas pourquoi, ma vision a changé et durant un moment, j’ai cru voir un autre paysage.

    - Hum ?

    - Un paysage coloré... avec d’étranges créatures...

    - Nayug ?

    - Je sais pas... mais aucun danger, je vais bien. J’ai juste eu peur. »

     

    Maman remit le sceau en place et m’aida à me redresser. J’essorai ma ceinture et elle remplit les sceaux avant de m’en donner un. On revint vers le moulin quand on vit quatre enfants devant notre porte.

     

    « Qui êtes-vous les enfants ? demanda Maman.

    - Mais tu es qui toi ? s’exclama le garçon qui semblait un peu agressif, je n’aimais pas son ton qu’il employait vers ma Maman. Est-ce que le vieil homme est parti ? Je voudrais que ce riz soit moulu.

    - Je vois. Alors notre moulin à eau a des clients, sourit-elle. Bien sûr, entrez.

    - D’accord ! »

     

    Je suivis ma mère et la regarda faire. Les autres enfants étaient repartis dehors pour jouer et Chagum les regardait.

     

    « Allez les rejoindre, insista Maman, c’est une bonne occasion de vous faire des amis, ne trouvez-vous pas ?

    - Je n’ai pas vraiment envie de jouer avec des enfants... répondit Niisan.

    - Contentes-toi d’y aller, d’accord ? Alika est ouverte, elle t’accompagnera. »

     

    Elle nous mit tous les deux dehors. Je pris Niisan par la main et on se dirigea vers eux.

     

    « Coucou ! souris-je.

    - Euh, vous faites quoi ici ? s’enquit Chagum.

    - T’es aveugle ? Nous faisons une course pour voir quel bateau en feuilles de bambou est le plus rapide, fit le garçon roturier.

    - Des bateaux en feuilles de bambou ?

    - Tu veux participer ? Tu sais comment les fabriquer, n’est-ce pas ? Essaie d’en faire un. »

     

    Il lui mit des feuilles de bambou dans les mains et dans les miennes aussi. Je me permis de sortir mes talents artistiques et y arriva. Mais Chagum ne savait pas quoi faire.

     

    « Ta petite sœur est douée, mais toi tu ne sais même pas comment les fabriquer ! (il lui donna une petite tape sur la tête) »

     

    On les suivit plus loin. La petite fille qui semblait avoir deux ans de moins que moi vit une grenouille et en avertit son grand frère.

     

    « Le nom officiel de celle-ci est la Grenouille de Nayuro, s’égaya Chagum.

    - Tu les connais par cœur ? m’émerveillai-je.

    - Oui, j’ai lu beaucoup de livres dessus.

    - Vous tous, faites comme moi ! s’exclama le garçon. »

     

    Ils se mirent à arracher des feuilles de lotus et à emprisonner les pauvres grenouilles qui sautaient sous les feuilles. Chagum s’horrifia et courut. Je le suivis sans rien dire.

     

    « Non ! Vous ne pouvez pas faire ça ! Les grenouilles essayent d’attraper de la nourriture lorsqu’elles sautent ! Alors... vous ne pouvez pas les interrompre juste pour vous amuser ! les défendit-il.

    - Quoi... ? bouda le grand frère alors que la plus petite lâchait sa feuille, un peu coupable. Hmmm... argghhh ! Ce n’est plus drôle maintenant. Allons-y. »

     

    Nissan baissa la tête et sursauta lorsqu’une grenouille sauta à son visage pour attraper une mouche.

     

    « Tu es drôle, ricanai-je. »

     

    On continua de s’amuser encore un peu avec eux jusqu’à ce que Maman nous dise que le petit déjeuner était prêt et que le riz était enfin moulu. Après le petit-déjeuner, elle nous demanda de bien vouloir nettoyer les serviettes. Je remplis le bac d’eau que Niisan m’aida à transporter et je pris le linge et la planche à lavoir. On se plaça proche de la rivière et on commença. Puisque j’aidais souvent Papa, je savais comment m’y prendre.

     

    « Tu vas frotter pour nettoyer, moi je vais rincer avec la planche d’accord ?

    - D’accord. Et comment je fais ?

    - Prends le savon, mouille le linge et frotte-les ensembles. Ensuite, tu me le donnes et j’étends.

    - C’est bon. »

     

    Il commença alors que je plaçai la planche proche du ruisseau. Il me montra le linge.

     

    « C’est bien lavé ?

    - Pour un premier essai, c’est bien fait. Donne. (il me le donna et je rinçai en frottant sur la planche) Normalement, ce rôle est typiquement féminin. Mais bon, dans ma famille, c’est différent. Maman est plus masculine alors que Papa est plus féminin. Moi je suis entre eux deux. Je connais les plantes, les contes et traditions Yakue et connais la nature grâce à Papa, mais je sais comment me défendre, me battre et analyser les situations grâce à maman... (je le regardai maintenant alors que j’avais arrêté tout mouvement) Ça a l’air tellement égoïste ce que je dis-là...

    - Non, pas du tout.

    - J’ai l’air de m’en venter et je m’en excuse.

    - Mais pas du tout, Ali’. Tes parents sont des personnes exceptionnels, tu es seulement la fusion de ces deux personnes extrêmement compétentes. Ils t’ont léguée leur savoir chacun de leur côté et qu’ils savent et connaissent, c’est ce qui a créé la personne que tu es.

    - C’est vrai ?

    - Oui. »

     

    Je souris. Après le lavage, Maman et Papa nous emmena manger le dîner à l’heure du midi. Maman demanda à Chagum d’aller chercher le plateau des déjeuners.

     

    « Une solution radicale, hein ? s’enquit Papa. On dirait qu’il s’adapte plutôt bien.

    - Chagum n’est ni peureux ni timide. Il est juste trop intelligent. En plus de ça, il a été habitué à l’isolement, donc, il ne se plaint jamais, même s’il se sent seul, expliqua Maman. Mais nous ne pouvons pas vivre en ville s’il se comporte ainsi, pas vrai ? À moins qu’il ne se mette à penser comme un roturier, il se sentira oppressé.

    - Tu crois ? Alors la vraie question est de savoir si Tohya sera un bon mentor. »

     

    Chagum vint s’asseoir avec le plateau et nous observa avant que quelqu’un ne hurle le nom "Neesan". Je vis Tonton dent de lapin arriver à la course. Désespéré, Papa soupira et se mit une main sur le front.

     

    « Neesan ! dit-il en changeant d’expression lorsqu’il vit Chagum. Tu es vraiment vivant... c’est ce que j’avais cru comprendre, mais tu es vraiment vivant !

    - Je suis désolée pour tout ça, s’excusa Balsa. Je t’ai causé pas mal d’ennuis, pardonne-moi.

    - Ne dis pas ça. Ça me suffit de voir que vous allez bien tous les deux, soupira-t-il.

    - Et Saya ? Est-ce qu’elle va bien ?

    - Évidemment qu’elle va bien ! Elle a une bonne faculté d’adaptation, alors elle peut aller bien n’importe où ! Elle a même eu des demandes en mariage tellement elle travaille dur au village, pas vrai ? questionna Tohya à Papa.

    - Ouais.

    - Mais tu vas quand même revenir ici ? demanda Maman.

    - O-oui. J’ai toujours tout l’argent que tu m’avais donné, alors...

    - Alors puis-je te demander quelque chose ?

    - Vraiment ? Bien sûr ! N’importe quoi ! Pour tes beaux yeux, je me jetterai au feu, pour un bécot, je me jetterai dans l’eau !

    - Ça marche. Je veux que tu lui apprennes comment devenir un coursier. (elle posa sa main sur l’épaule de Niisan)

    - Quoi ?

    - Qu’en penses-tu ?

    - Ça me va, mais, eh bien...

    - Ne t’inquiète pas. Je ne serai pas loin avec ma fille.

    - Je pense que ça ira alors... »

     

    Maman me donna mon bol avec un sourire accompagné de baguettes. Tandis que Chagum allait faire ses apprentissages avec Tonton, j’allais encore pouvoir passer du temps, seule avec maman. Cette idée m’enthousiasmait grandement. Après le déjeuner, elle me prit par la main et on se promena çà et là, un peu partout dans la ville.

     

    « Maman ?

    - Oui ?

    - Tu t’ennuies de pas voyager de pays en pays ?

    - Parfois, oui. Mais d’un autre côté, toi et papa m’avez manqué. Il y a aura toujours votre présence qui me donnera la motivation de revenir à la maison après chaque voyage. »

     

    Au bout de quelques instants, nous entrâmes dans un immeuble, montâmes les étages et prit place sur un banc. Par la fenêtre, je pouvais y voir Niisan et Tohya qui jouaient à un jeu de mise.

     

    « Tu comprendras comment se joue ce jeu quand tu seras plus vieille, petite fleur. Pour le moment, observe ce qui va se passer. »

     

    Je me rapprochai d’elle et elle me fit monter sur ses genoux avant de m’accoter sur son épaule.

     

    « Voilà pourquoi les roturiers sont des imbéciles, annonça Chagum. Ils pensent qu’ils ont leur chance même lorsque ce n’est pas le cas. C’est ce qu’on appelle être complètement inconscient. Vous ne comprenez donc pas ? Cet homme (il pointa un homme avec une petite barbe grise) est capable de faire apparaitre la face qu’il souhaite. (Il observa le premier joueur) Monsieur, si vous continuez, vous serez le premier à perdre. Ensuite, ce sera votre tour, Grand-mère. Et ensuite vous, Madame. Vous n’êtes autorisés à gagner que pour le moment. Si vous allez perdre tout votre argent en un instant, c’est parce que vous n’arrivez pas à percer un secret aussi simple que vous serez toujours des imbéciles.

    - Mais qui est ce morveux ? ricana l’homme qui misait.

    - Oui vraiment. Ne parle pas comme un je-sais-tout, fit la mémé.

    - Il est vexé car son frère a perdu, supposa la dame.

    - Hé gamin, rentre chez toi avant que ta mère ne te tire les oreilles. En fait, ce serait plutôt moi, se moqua un spectateur.

    - Tu as du cran, gamin, déclara l’homme avec  la petite barde grise. Puisque tu es si sûr de toi, tu as plutôt intérêt à être capable de prouver que ce gars peut diriger les pièces.

    - Neesan... gémit Tohya en cherchant Maman des yeux. »

     

    Maman ramena soudainement sa lance proche d’elle. La lance me fit faire le saut, étant donné qu’elle était arrivée rapidement proche de moi.

     

    « Désolée Alika.

    - Ça va...

    - Je me prépare, juste au cas...

    - D’accord.

    - Très bien, déclara Niisan, je vais le prouver. »

     

    Chagum misa avec des hekimooms. Un bonbon sur la planche où il y avait le numéro 3, puis un autre bonbon sur le 2 et enfin trois bonbons sur le 1. Le résultat était exactement comme Niisan l’avait prédit : une pièce planche et deux pièces noires. Il impressionna tout le monde.

     

    « J’ai gagné, n’est-ce pas ?

    - Eh bien, tu n’as gagné qu’une fois... (l’homme à la moustache grise fit un signe à son partenaire)

    - Attendez, intervint un homme, celui qui misait avant. Je vais miser pour le gamin. Ça ne te dérange pas ? »

     

    Niisan fit signe que non et le laissa miser. Les sous tournèrent dans l’assiette de métal et durant ce temps, Chagum murmurait des choses à l’oreille du joueur. Il misa 3 et les pièces tombèrent exactement sur les trois faces blanches.

     

    « On a gagné ! s’exclama-t-il. On double la mise !

    - Que se passe-t-il ? Il peut prédire le tirage ? s’étonna un spectateur) »

     

    Mécontent, le marchand offrit le double de la mise, avant de dire "continuez".

     

    « Je vais miser moi aussi ! dit la dame au kimono fuchsia qui avait misé au départ, en s’assoyant près de Niisan et de le regarder, intéressée. »

     

    Le jeu repris. Tout à coup, une des pièces dériva et fit tomber l’une des deux autres sur le côté blanc.

     

    « Il faut que je mise sur Jin ? questionna-t-il.

    - Non. Ne le faites pas. Ne misez sur rien.

    - Que veux-tu dire ? fit-elle.

    - Personne ne peut gagner cette partie. »

     

    Les trois pièces tombèrent sur le côté noir.

     

    « Hey !  la banque rafle la mise...

    - Heureusement que nous n’avons pas misé finalement.

    - Mais ce que vous avez misé au début...

    - C’est pas grave. Mais raconte-moi, c’est plus important. Comment arrives-tu à dire ce qui se passer ?

    - J’aimerais savoir aussi, dit la dame. Dis-le nous, s’il te plait.

    - C’est simple. Il peut diriger les deux premières pièces avec la troisième. Vous pouvez déterminer le tirage en regardant sa main lorsqu’Il lance la troisième pièce. (il pointa l’homme, debout à côté du lanceur) Quand il attrape le bord de sa ceinture avec son pouce, c’est un Mon qui tombe. Quand son pouce est placé sous sa ceinture, c’est un Jin. Et quand il ne tient pas sa ceinture, c’est un Zen.

    - Je vois.

    - C’est malhonnête.

    - À Yogo, on appelle ça de l’escroquerie, se plaignit un spectateur.

    - Rendez leur argent.

    - Ne vous foutez pas de nous !

    - Escroc !

    - Je sais que pour vous, ce n’est qu’un commerce, mais tout le monde aime ce jeu. Veuillez respecter les règles imposées par le ministère, la prochaine fois, termina Niisan. Pas vrai, frérôt ?

    - C’est juste ! »

     

    Ils se retournèrent pour partir. Je me redressai et m’étirai sur Maman.

     

    « Attendez (Tonton se raidit). Tu veux faire un face à face ? Nous ne pourrons jamais plus nous montrer par ici maintenant que tu as révélé tout ça. Alors faisons un concours sans aucune tricherie, proposa l’homme à la moustache grise. Si tu gagnes, je rendrai tout l’argent que nous avons pris aux clients aujourd’hui. Mais si je gagne, je prendrai ce collier que tu portes.

    - Non, tu ne peux pas le laisser prendre ça, couina Tonton. Ça appartient à ta mère...

    - (Il fit signe de la main de se taire puis dit tout haut : ) Je vais le faire.

    - C’est partie. »

     

    Ils s’assirent face à face. Le cœur de Maman accéléra un peu, je l’entendais couchée sur son épaule. Tout le monde se rangea du côté de Niisan. Un blanc pour la première pièce... un noir pour la seconde... Chagum avait misé 2. L’autre avait misé 1. La troisième pièce offrit le résultat final : un blanc ! Il soupira et durant que tout le monde se réjouissait, il alla proche de l’eau et observa son collier en le serrant.

     

    « Hé bien, dit Maman, quelle surprise ! Peut-être qu’au lieu de réveiller un enfant endormi, j’ai réveillé une personne formidable. Bien, viens Alika, il est temps de rentrer. »

     

    Elle me prit dans ses bras et descendit les escaliers rejoindre Tonton et Niisan.

     

    « Neesan ! s’écria Tohya. Tu ne devineras jamais ce qui s’est passé !

    - Vous avez gagné.

    - Oh ! tu étais au courant ?

    - Bien sûre. Quand je t’ai dit que je ne serai pas très loin, je vous avais toujours à l’œil. Comment vas-tu, Chagum ?

    - J’ai eu chaud un moment.

    - Ton langage noble trahit un peu tes origines... il va falloir que Tohya t’y instruises.

    - Hein ? se surprit Tonton.

    - Tu as bien entendu, je te fais confiance. »

     

    Elle sourit et on retourna voir Papa.

     

    * * *

     

    Et voilà le chapitre 5 !

    Il m’a fallu un bon moment avant de le terminer à le rédiger, mais je terminais Never Let Me Go avant tout. ^ ^

     

    J’espère qu’Alika s’intègre bien et ne fait pas comme un cheveu dans la soupe. Elle est spéciale, ça je peux vous le dire, mais vous découvrirez plus tard pourquoi, je ne veux pas le faire trop vite  =D

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