• Prologue

     

    Prologue

     

    PROLOGUE

     

    La neige faisait danser de gros flocons cotonneux cette journée-là, rendant les routes et les chemins de campagne plus glissant que les jours précédents. Il fallait donc  se montrer très vigilant. Une forme humaine se retourna dans son lit et ouvrit des yeux fatigués sur le cadran numérique : cinq heure du matin pile. Ses yeux se baladèrent un peu sur le plafond blanc crémeux avant d’atterrir sur une autre silhouette qui dormait à ses côtés. Un tas de cheveux bruns traînait sur le second oreiller, barrant de moitié son visage de mèches brunes. Balsa l’observa un instant : elle adorait regarder sa petite sœur Alika dormir. Elle sourit avant de se redresser et s'étira avant de repousser la couverture sur la plus jeune. Elle s’habilla, se prépara, fit sa routine quotidienne. Vers six heures moins quart, elle revint dans la chambre à coucher et secoua doucement l’épaule sa sœur.

     

    « Alika ? Debout, c’est le temps.

    - Déjà ? grogna-t-elle.

    - Oui. Aller, quinze minutes pour te réveiller et ensuite, debout.

    - Okay... (elle referma les yeux)

    - Si tu te rendors, tu ne pourras pas jouer une petite partie de Bejeweled 3, hein ? »

     

    Aussitôt le mot « Bejeweled » prononcé, Alika bondit hors du lit et prit ses vêtements dans sa pile de linge. Ça fonctionne à chaque fois ! se réjouit l’aînée. Hé oui, depuis qu’elle avait entamé sa seconde session, Alika était rendue accro à ce fameux jeu nommé « Bejeweled », découvert au club d’informatique. Balsa la regarda aller, avant d'allumer la télévision sur les nouvelles et de commencer à déjeuner tranquillement. Sa petite sœur lui ressemblait énormément, sa frange avait seulement plus de mèches que la sienne, elle attachait ses cheveux en deux lulus basses et avait cinq centimètres de moins qu’elle, donc, 1m63, et également cinq ans de moins.

     

    « Que veux-tu manger pour petit dej’ ? s’enquit sa grande sœur.

    - J’ai envie de toast au chocolat et banane.

    - D’accord. Alors, viens te la faire.

    - Oui, oui.

    - Je t’aime bien, tu es obéissante.

    - Non, je suis docile et réfléchie, la corrigea Alika. Ce n'est pas la même chose, Oneesama. »

     

    Une fois le déjeuner prit, elle joua un peu à son jeu sur l’ordinateur, puis, Balsa et elles partirent vers le cégep. Balsa avait pris le même détour à chaque fois. Elle était aussi très prudente... normalement. Aurait-elle pu prévoir ce qui allait se passer ce vendredi matin-là ? La chaussée était glissante devant la station-service et, alors qu'elles suivaient la voiture en face d'elles, ses lumières rouges s'allumèrent en retard, la forçant à arrêter sec. Voyant bien qu’elle n'aurait jamais le temps d’arrêter complètement et qu’elle avait encore beaucoup de vitesse, Balsa avait espéré la contourner sur le côté droit pour ainsi continuer dans le stationnement voisin vide. Ce ne fut pas le cas : elle bifurqua de son mieux, mais la glace fit en sorte qu'elle se dirigea droit sur le poteau de métal de la pancarte qui indiquait Montréal ou Québec. Ce qui suivit s’était passé en une fraction de seconde avant l’impact. Instinctivement, les deux sœurs avaient mis leurs bras devant leur visage et s’étaient protégées. Alika avait eu le temps de réfléchir. Dans sa tête, elle avait vu le poteau en métal se rapprocher à vive allure et avait eu le temps de se dire : « Je vais être dans le coma ! ». Elle sentit son cœur manquer un battement. Dès qu’elle ouvrit les yeux, tout était arrêté, la voiture ne fonctionnait plus. Elle sentit une étrange odeur et vit que les deux sacs gonflables s’étaient déployés et qu’une fumée en ressortait. Un peu prise de panique, par peur que ça explose, et sous le choc, elle chercha le verrou de la porte, les mains tremblotantes et l’ouvrit de son mieux même si elle bloquait. L’espace était restreint, mais elle arriva à passer et à sortir. 

     

    « Balsa ! Oneesama, Oneesama, Oneesama ! répéta Alika, surement sous le choc. T'es là ?!

    - Ça va... je suis là. »

     

    Balsa s’extirpa à son tour par la porte de sa petite sœur. Alika l’agrippa par le bras et l’étreignit maladroitement en tremblant.

     

    « Tu n’as rien ? se renseigna l’aînée qui étreignait sa petite sœur.

    - Non, ça va...

    - Pas de douleur, rien ?

    - Non, rien. Et toi ?

    - Non plus, ça va... »

     

    La voiture en face d’elles s’était stationnée devant la voiture de Balsa et une jeune femme aux cheveux mauve courts et aux yeux bleus lazuli s’approcha d’elles. C’était cette femme-là que Balsa avait voulu éviter.

     

    « Vous n’avez rien ?! se renseigna-t-elle en accourant.

    - Non, ma petite sœur et moi n’avons rien.

    - Aucune douleur ?

    - Non, juste en état de choc. »

     

    La jeune femme aux cheveux violets observa la voiture. Le devant était assez abîmé, pour ne pas dire scrap, et le radiateur était défoncé. Le poteau de métal était très incliné vers l’arrière. Ce n’était pas manqué.

     

    « Moi, je n'ai rien, ma voiture à juste une petite bosse en arrière contrairement à la vôtre, dit-elle.

    - Oui, mais si je n’aurai pas fait cette manœuvre, je te fonçais dessus.

    - Je sais, mais la route était glissante, moi-même ce matin j’ai glissé un peu. Ç’a comme fait : je vous ai vu arriver, puis une seconde plus tard, vous n’étiez plus là. J’ai pensé : "Mais où sont-elles rendues maintenant ?!" et vous voilà... foncées dans le poteau.

    - Je ne me suis pas manquée...

    - Le mieux c’est que ta petite sœur et toi n’avez rien. »

     

    S’en suivit alors un long moment où un policier les interrogea sur les événements et les causes, un vrai tourbillon dur à suivre pour Alika qui n’en était que témoin. Il neigeait à gros flocons et elle commençait à trembler.

     

    « Viens, entre dans ma voiture, tu vas avoir moins froid, offrit la jeune femme aux cheveux mauves.

    - D’accord. Dis, par curiosité, c'est quoi ton nom ?

    - Motoko Kusanagi, et toi ?

    - Alika Yonsa, et ma grande sœur c’est Balsa. »

     

    La petite attendit un peu au chaud. Il y avait un camion qui s’était arrêté et qui regardait la voiture de Balsa, l’interrogeait et compagnie. Finalement, après avoir offert leur numéro de carte d’assurance maladie au cas où et prit des précautions pour les prochains vingt-quatre heures, Balsa avait appelé leur père, Kalna Yonsa, et lui avait expliqué tout ce qui s’était passé.

     

    « Alika, tu penses aller à tes cours aujourd’hui ? demanda le père à la cadette qui était sortie hors de la voiture de Motoko.

    - Non... en fait, ils ne sont pas très importants. J’ai juste Tai ji quan, dedans c’est le plan de cours tout court et après philosophie, mais j’ai droit à deux absences non motivées.

    - D’accord, et toi Balsa ?

    - J’ai un cours que je ne peux vraiment pas manquer, mais ça ne dure que deux heures.

    - Mais avec qui vas-tu y aller ?

    - Elle peut monter avec moi, arriva Motoko.

    - Tu es sure ? s’enquit Kalna.

    - Oh oui, ne vous en faites pas. Je n’ai rien, ma voiture a juste une petite bosse... ça ira.

    - D’accord, alors redoubler de vigilance les filles. Je ne veux pas avoir un second accident en tant que nouvelle.

    - Bien sûre. »

     

    Sur ce, les deux jeunes femmes repartirent sur le chemin du cégep... un peu chamboulées, certes, mais c'était cruciale pour leur réussite scolaire.

     

    ♦ ♦ ♦ ☆ ♦ ♦ ♦

    Et voilà, ce fut mon prologue.

    Comme vous pouvez le voir, Alika est un personnage qui m’appartient. Le terme japonais « Oneesama » est un suffixe ou nom qu’on utilise pour démontrer l’admiration et le respect qu’on a à notre grande sœur (Oniisama dans le thème d’un grand frère), je l’emploierai fréquemment durant Never Let Me Go.

    Et une petite précision concernant le prologue : l’accident, je l’ai vécu (le 15 février exactement) dans les mêmes circonstances, j’étais la passagère et je me suis souvenue d’à peu près tous les détails. J’ai paniqué à la vue de la fumée, j’avais eu peur que ça explose, bref, Alika était moi. Balsa remplace mon amie de un an plus âgée que moi.

    Dire que cet accident, on a été très chanceuses, on a rien eu, mais soit on tournait à gauche et on aurait eu autre chose, ou bien on bumpait solide la voiture en face de nous. En gros, on n’a pas trop eu le choix pour notre vie. Et ça m’a inspiré pour le début de ma fiction, ma foi ! Même en temps critique mon inspiration continue de tourner !

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