• Chapitre 1 : À la découverte de Kanbal

    Alika se pressa contre sa mère. La nervosité était trois fois plus lourde pour elle que pour Balsa, car elle était d’une sensibilité aigüe. Le moindre mouvement et l’ambiance des âmes défuntes l’affectaient en grande partie.

     

    « On ne doit jamais prendre de la lumière dans les grottes. Le hyohlu déteste le feu. Si tu apportes une torche ou une lanterne, ils le sentiront et viendront te traquer. La seule manière de sortir d’ici vivant est de marcher lentement en sentant la roche.

    - On peut parler ?

    - Bien sûr. Mais ne pas crier.

    - De toute façon, pourquoi crierai-je ? Je me sens si étouffée...

    - Tout va bien, moi aussi je me sentais autant oppressée que toi à ton âge, mais toi, encore plus.

    - Continue de me parler, Maman.

    - Comme dit plus tôt, les parents mettent constamment en garde leurs enfants de rester en dehors des grottes. Mais malgré ces mises en garde, cependant, probablement tous les enfants Kanbalese se sont au moins aventuré un petit peu à l'intérieur d’elles une fois dans leur vie.

    - Même toi ?

    - Oui, même moi. Mais je n’ai jamais été aussi loin. Un mètre de profondeur de l’entrée à peu près, rien de plus. Sinon, la roche près de la surface est du calcaire, et si on va plus loin, bientôt il laissera place à une pierre lisse blanche, le hakuma. Un morceau de hakuma était l’insigne le plus élevée de courage chez les enfants Kanbalese, car il s'est avéré que le porteur de ce morceau de pierre avait disparu dans l'obscurité, au-delà de la portée de la lumière du jour. Toutes les quelques années, un ou deux enfants qui s'étaient faufilés dans les grottes ne sont pas revenus. Peut-être qu'ils ont été mangé par le hyohlu, c’est que leurs parents ont affirmé. Ou peut-être tout simplement ont-ils perdu leur chemin dans le labyrinthe complexe de tunnels. Mais je sais que la plupart se sont égarés par mégarde. Le hyohlu ne mange pas vraiment les enfants... les adultes disent ça pour inciter les enfants à ne pas s’aventurer là.

    - Comme la troisième porte à droite dans la Grotte des chasseurs.

    - Exactement. »

     

    La main d’Alika se serra davantage à celle de sa mère.

     

    « Le hakuma blanc lisse va finalement laisser place au lyokuhaku, une pierre précieuse verte laiteuse.

    - Est-ce que je pourrais en récupérer de chaque ? Pour prouver mon courage aux autres enfants Kanbalese ? sourit-elle.

    - On verra. Tu sais Alika, une légende estime que si un voyageur va assez loin dans la grotte, il peut réussir à trouver le palais du Roi de la Montagne, qui créer soi-disant, le joyau le plus précieux de Kanbal : le luisha, la pierre bleue lumineuse.

    - Elle brille dans le noir ?

    - Oui. C’est la gamme de pierre la plus précieuse à Kanbal, celle qui permet également la survie de mon pays natal.

    - Je voudrais tellement en avoir !

    - Le collier que je t’ai offert est fait de la même matière, rappela Balsa.

    - Oh ? J’avais quasiment oublié... oups... je l’ai oublié chez Papa, se désola-t-elle.

    - Ça ne fait rien.

    - On est presque sortis ?

    - Ça prend une journée dans l’obscurité.

    - Arrrkkk... je suis tannée d’être dans le noir !

    - Même en ma compagnie ?

    - Non. »

     

    Balsa acquiesça un sourire. Plus elles avançaient dans l’obscurité, plus l’air se comprimait dans leurs poumons.

     

    « Respire plus lentement, conseilla-t-elle à sa fille.

    - D’accord. »

     

    Elles continuaient de s’enfoncer dans les ténèbres. Le torrent qui rugissait continuellement dans leurs oreilles reculait graduellement et leur respiration sembla également plus lourde. Alors qu’elles s’apprêtaient à tourner au coin, une odeur mordante de fumée leur prit au nez.

     

    « Ne pas emmener de feu dans la grotte, répéta Alika. »

     

    Un cri les ramena à la réalité. Une plainte sans paroles rebondit sur les murs, faisant écho à travers les grottes – une voix d’enfant, forte et aiguë. Déposant son sac sur le sol avec celui de sa fille, Balsa empoigna sa lance et courut précautionneusement sur le chenal dans la noirceur en continuant de serrer solidement la main de sa fille. La grotte labyrinthienne déformait les sons, rendant difficile la localisation des cris. À la prochaine branche, cependant, elle vit une lumière et sprinta vers elle en prenant soin de se rappeler le chemin du retour, Alika sur ses talons avec la vitesse que lui permettaient ses petites jambes. Les yeux de Balsa s’étant accoutumés à la noirceur, la lumière de la torche semblait briller comme en plein jour, reflétant le blanc des pierres Hakuma avec une brillance qui illuminait toute la caverne. Un rayon de lumière siffla dans l'air et frappa le flambeau, assouvissant la flamme. L’obscurité revint, mais pas avant que la scène s’imprime d’elle-même dans l’esprit de Balsa : un garçon tenant une torche, dos contre le mur et derrière lui, une fille recroquevillée sur le sol. La fumée provenant de la torche éteinte arriva à leur odorat comme elle était sur le chemin où elle avait vu le garçon. Sa respiration saccadée lui dit qu’il était toujours en vie, et comme elle ne sentait pas l’odeur de sang, elle était tout à fait certaine qu’il était sain et sauf. Balsa retira la main de sa fille de la sienne pour lui permettre de prendre sa ceinture à la place pour pouvoir avoir une main de libre, l’autre tenant sa lance. Cherchant son côté, elle agrippa l’épaule du garçon. Il sursauta.

     

    « Ne crie pas, murmura-t-elle sévèrement. Dis-moi ce qui s’est passé.

    - Ma so-ma sœur... le hyohlu... »

     

    Balsa se tourna en direction de la petite fille. Quelque chose qui rôdait dans la noirceur passa juste à côté d’elle. Alika se plaqua de son mieux contre sa mère en tremblant, comme si elle voulait se fusionner à elle. Quelque chose d’inquiétant. Oscillant sa lance vers celui-ci, Balsa s’exhalait lentement. Le calme venait toujours avant le combat et l’adrénaline faisait un bond dans ses veines, rétrécissant le monde à un rien mais juste à elle-même et à son ennemi. Perçant le combat même dans les ténèbres, elle avait pu voir une pâle et phosphorescente lumière bleue. Gardant ses yeux bien ouverts, elle décala son regard silencieusement sur le côté jusqu’à ce qu’elle voit une forme bleuâtre brumeuse. Alors c’est un hyohlu, pensa-t-elle. Elle se sentait glacée jusqu’au cœur. Alika cligna des yeux et observa sa mère.

     

    « J’ai déjà fait ça, il y a longtemps, murmura Balsa.

    - Maman...

    - Désolée, j’ai juste... eu drôle de sentiment en faisant face au hyohlu... »

     

    Elles entendirent un faible gémissement derrière elle – la petite fille. Bougeant précautionneusement vers le son, elle chercha l’enfant.

     

    « Tout vas bien maintenant. Le hyohlu est parti. Es-tu blessée ?

    - Mes pieds... répondit-elle entre deux sanglots. »

     

    Alika sentit le garçon approché, incertain. Sa main bougeant dans le noir toucha enfin sa tête, enfin... pas la tête de sa mère, mais bien la sienne. S’il y aurait eu de la lumière, Alika aurait sans doute montré sa tête agacée.

     

    « Hey, boy, grogna-t-elle au grand étonnement de sa mère et profitant de l’occasion pour parler Kanbalese. Tu touches ma tête. (elle prit sa main et la posa sur le bras de sa mère) Ça, c’est ma Maman... votre sauveur... »

     

    Balsa guida le garçon vers la fille.

     

    « Gina, est-ce que tu vas bien ?

    - Kassa ! pleura la fille.

    - Tout va bien maintenant, répéta la lancière. Mais sortons d’ici. Je prendrai soin de ta sœur. Agrippe la fin de ma lance et suis-moi rapidement. »

     

    Le garçon aida sa sœur à monter sur le dos de Balsa, même si elle était enceinte – elle devait bien se dire que dans le temps préhistorique, les femmes devaient être aussi fortes même dans une telle condition – et Alika retint toute jalousie. Rappelant la route qu’elle avait utilisé pour les trouvé, elle retraça le passage où elle avait déposé son sac et les affaires de sa fille. Le temps qu’ils sortent de la grotte, la lune faisait déjà naufrage dans l’ouest. Dehors, l’air de la nuit les enveloppait, étonnamment froid avec l’odeur de la neige. L’air de la nuit soufflait au bas des monts de neiges éternelles de la rangée mère.

     

    « Er... »

     

    Le garçon regarda Balsa, son visage faiblement éclairé par la lune. Une tête plus courte qu’elle mais solidement bâtit, il devait avoir entre quatorze et quinze ans. Sa tunique de chèvre tannée était marquée comme pour un membre de la classe guerrière, comme le faisait le large couteau qui était suspendu dans le dos de sa ceinture en cuir épais.

     

    « Merci, dit-il, sa voix de husky, comme si elle avait seulement changé.

    - Oui, bien, nous avons juste été chanceux de sortir ici en vie, répondit-elle avant d’ajouter sévèrement : comment peux-tu être aussi stupide ? Prendre ta petite sœur dans la grotte pour tester ton courage ! Un jeune homme comme toi avec le droit de porter un poignard – tu aurais dû le savoir mieux. Elle aurait pu être tuée ! »

     

    Il la regarda, surprit.

     

    « Non, vous avez totalement faux ! intervint sa sœur. Je suis celle qui y a été pour prendre une pierre. Pas mon frère. »

     

    Sa voix était étonnamment stable et ferme. Balsa avait assumé qu’elle avait seulement dix ans mais en se corrigeant, elle se dit qu’elle devait avoir douze ans, voire même treize ans.

     

    « Il y a un garçon dans notre village qui est trop coincé – il n’arrête pas de se venter à propos du "comment" il est de la lignée des chefs de clan et rit de nous. Il nous a dit que si on allait dans la cave pour en prendre une pierre, nous n’en sortirons jamais en vie parce que nous sommes justes une branche de la famille. C’est pourquoi je l’ai fait. »

     

    Balsa réprima un sourire.

     

    « Je vois. Maintenant, je comprends pourquoi tu l’as fait. Mais il reste que ce n’est toujours pas sans risquer ta vie. Vous n’auriez jamais dû sous-estimer la grotte. Vous êtes presque morts cette nuit. »

     

    Les deux enfants ne dirent rien, comme s’ils se relevaient de la terreur causée par le hyohlu. La fille s’agrippa à elle.

     

    « Ne retournez pas dans la grotte, vous avez compris ? (ils acquiescèrent) Bien, c’est réglé. C’est votre village près d’ici ?

    - Oui, je suis Kassa, fils de Tonno du clan Musa, voici ma sœur Gina. »

     

    Alika retint tout commentaire sur nom Musa.

     

    « Excusez-moi, mais êtes-vous des étrangers ? demanda Kassa avec hésitation.

    - Quoi ?

    - Vous êtes habillées comme des personnes provenant du Nouvel Empire de Yogo, enfin, un peu... et la façon de vous parler, bin...

    - Non, je suis née à Kanbal, mais j’ai été longtemps en voyage. (Elle se perdit un peu dans ses pensées, se disant qu’elle devait être prudente maintenant) Vous êtes Kassa et Gina, vrai ? Je voudrais que vous me fassiez une faveur. (Kassa hocha la tête) Ne dites à personne que vous m’avez rencontré dans la cave avec cet enfant – elle pointa Alika.

    - C’est la vôtre ?

    - Oui. (il regarda sa lance au manche ambré)

    - Elle est jeune, trop même, pour tenir une lance...

    - Certain ont le talent dans le sang... Je te rassure, je ne l’ai pas kidnappée, rit-elle alors que sa fille la regarda, indignée.

    - Maman !

    - Je sais, trésor. Bref, tu peux dire à ta famille que tu as sauvé Gina par toi-même. »

     

    Il faisait trop sombre pour voir clairement, mais elle sentit que Kassa semblait troublé.

     

    « Nous ne pouvons pas le dire à nos parents ? demanda Gina, toujours perchée sur le dos de Balsa. Si vous venez avec nous, je sais qu’ils voudront vous rencontrer et vous avoir pour un repas. S’il te plait, venez avec nous.

    - Merci beaucoup, mais je ne peux vraiment pas. Je suis en voyage pour faire pénitence pour sauver l’âme de mon père adoptif. Si j’accepte toute hospitalité de votre famille, mon acte n’aura aucun effet. Vous savez ça, n’est-ce pas ? Alors s’il te plait, ne dites à personne que je vous ai aidé. À partir d’ici, pouvez-vous retrouver votre maison ?

    - Oui.

    - Bien... Oh, aussi, par la même occasion, qu’as-tu fait de la torche ?

    - Je l’ai toujours avec moi, mais elle a été étouffée. »

     

    Après une courte analyse de la torche, Balsa se baissa et aida Gina à grimper sur le dos de Kassa, puis, prit des pierres de sillex dans son sac pour rallumer la torche avant de leur donner.

     

    « Ça ira jusqu’à ce que vous arriviez chez vous ? (Ils acquiescèrent) Bien. »

     

    Kassa avait un visage enfantin et l'air un peu sûr de lui, mais elle pouvait dire qu'il était un jeune sérieux qui se souciait de sa sœur. Gina avait la peau sombre et ses cheveux tressés étaient bouclés sur le dessus de sa tête. Bien qu'il restait encore une trace de peur dans ses yeux, ses lèvres fermement serrées trahissaient une forte volonté.

     

    « Je suppose que c’est le temps d’un au-revoir, dit-elle. Je ne pense pas que vous pourriez me dire la façon la plus rapide d'ici au marché le plus proche ?

    - Ce serait Sula Lassal, dit Kassa, c'est à une trentaine de lon ici – ce que vous appelez une heure de marche par la route, au bas de la vallée. C'est le plus grand Lassal en territoire Musa, alors vous verrez beaucoup d’auberges. »

     

    Balsa les remercia, soulagée et reprit la main de sa fille avant de se séparer d’eux. Elle n’avait pas l’intention de dormir dans une auberge cette nuit. Elle dormirait dehors dans un petit campement et attendre quelques temps après le lever du soleil quand le peuple se lèvera et ira travailler. Elle devait aussi aller au marché pour acheter quelques vêtements locaux. Si elle désirait passer inaperçue et éviter de mettre la vie de fille en danger, elle devait attendre.

     

    « Ça veut dire quoi faire pénitence, Maman ? Tu es en punition ?

    - Non, mon ange. Faire "pénitence", ici à Kanbal, les gens croient que ceux qui sont morts sans réparer leurs torts deviennent des esclaves servant éternellement le Roi de la montagne, la règle mystérieuse des terres souterraines. Leur seul espoir de se sauver est qu'une personne vivante quitte sa maison et sa famille pour se promener, faire de bons gestes pour faire pardonner leurs pêchés. Mais les gens qui font pénitence pourraient porter un bandeau rouge ou même enfiler des vêtements du sexe opposé.

    - Ce qui expliquerait nos lances ?

    - En partie.

    - Et nos ceintures et pantalons ?

    - En partie, je présume. Mais c’est autant féminin que masculin... tu n’imagines pas Maman sans pantalons, si ?

    - NON ! (elle se cacha le visage dans la cape, faisant rire Balsa)

    - Aller, on va dormir ici en attendant demain matin.

    - J’ai froid.

    - Colle-toi contre moi.

    - Yeah !... Maman ?

    - Hum ?

    - Tu sembles arrivée à cacher ton ventre... tu n’oses pas ?

    - C’est préférable de ne pas le montrer, pas pour le moment.

    - D’accord. »

     

    * * *

     

    Le marché Sula Lassal reposait en bas d’une vallée en forme de bol. À peu près trente petits marchés étaient enlignés dans le carrefour où les deux voies principales se rencontraient. Selon  les revendications de Kassa, c’était le plus grand marché du Clan Musa, mais pour un voyageur expérimenté comme Balsa, cela semblait étonnamment petit. Les marchés étaient seulement des kiosques avec un épais mur de pierre, un chaume de paille et des tables chargées de marchandises. Il y avait de bons produits locaux, comme des céréales et des fruits confits. Même si elle avait espéré être un peu inaperçue, Balsa était remarqué entre tous les marchands du Clan Musa. Tous les yeux la suivaient quand elle passait devant les marchés. En même temps, sa fille tenait également une lance pour son très jeune âge, ce qui accentuait le nombre d’yeux sur elles. Au final, elle arriva à trouver un marché qui vendait des vêtements à bon prix. Elle montra quelques vêtements à Alika qui regardait particulièrement les robes avec une goutte et aux manches longues de couleur rose et mauve. Le vendeur les regardait un peu suspicieux mais dès que la fillette le regarda de ses grands yeux bruns, il se surprit à penser qu’elle était mignonne à croquer.

     

    « Vous ne voulez sûrement pas ceux-là ? Ce sont des vêtements d’hommes.

    - Je suis en voyage pour faire pénitence. Je veux des vêtements d’hommes.

    - Ah je vois, dit-il surprit, son expression interdit redevenant lentement douce. Je suis désolé de l’entendre. Et d’où venez-vous ? »

     

    Elle pressa Alika contre elle en remarquant que les marchands voisins faisaient l’effort d’écouter ce qu’elle disait. Donc, elle décida d’en dire assez pour satisfaire leur curiosité.

     

    « Je viens du Nouvel Empire de Yogo, mais je suis née à Kanbal. Mon père adoptif m’a emmené à Yogo quand j’étais plus jeune et j’ai grandi là. Il a commis un crime à Yogo, alors j’ai décidé de revenir ici pour faire pénitence... mais s’il vous plait, ne me demandez pas plus que cela.

    - Ah non, non (il se dépêcha d’agiter sa main hâtivement sur son front). C’est juste que la marque sur votre lance est comme celle du Chef du Clan et je pensais que vous aviez un lien de parenté considérant que vous êtes habillés comme quelqu’un venant d’une autre contrée et tout. »

     

    Surprise... sortit-elle dans sa tête. Elle fit semblant d’être poliment surprise.

     

    « Vraiment ? Je ne savais pas qu’il y avait un autre clan avec une marque similaire. C’est intéressant, mais cette lance est une mémoire de mon père et je ne pense pas qu’il fasse partie du Clan Musa.

    - Vraiment ? Alors je suppose que vous avez raison. Il pourrait bien y avoir d’autres clans avec le même design. Mais là je deviens indiscret... Cet équipement avec les bottes sont cinquante nal. Je donne la ceinture gratuitement puisque vous faites pénitence.

    - Prenez-vous l’argent de Yogo ?

    - Bien sûr. Des marchands de Yogo viennent pour acheter de la fourrure à ce temps-ci de l’année (il regarda les queues en fourrures accrochés à la taille d’Alika). Une pièce d’argent de Yogo équivaut à cent nal.

    - Hey vous ! Ne le laissez pas vous escroquer parce que vous faite pénitence, vous entendez ? Ça devrait être cent dix nal ! »

     

    La clientèle se mit à éclater de rire. Alika commençait vraiment à en avoir le ras-le-bol. Heureusement que sa mère parvenait à conserver son sang-froid et surtout, une touche d’humour au second degré.

     

    « Je n’étais pas en train de l’escroquer. Je lui disais que j’échangeais de l’argent des marchands venant de Yogo à mon marché ! rétorqua-t-il avant de faire un clin d’œil à Balsa. Alors à ce sujet ? Pendant que vous êtes ici, pourquoi ne pas acheter ce manteau de laine ? Je vais vous donner beaucoup pour une seule pièce d’argent de Yogo. Si vous êtes partie depuis un moment, peut-être avez-vous oubliez, mais les hivers viennent rapidement et le froid est assez fort pour vous glacer jusqu’à la moelle. Ce kahl est tissé à Kanbal des fourrures des chèvres. L’huile naturelle garde au sec de la pluie et éloigne les insectes. »

     

    Balsa sourit et dit qu’elle le prendrait. Alika, qui ne disait pas un mot depuis le début des achats, pointa la robe rose qu’elle ne cessait d’observer et sa mère la prit pour les achats qu’elle faisait. Elle n’avait jamais été aussi riche dans toute sa vie, remerciant sa dernière job. La Seconde Impératrice l’avait aisément bien payé pour les quinze années prochaines de sa vie.

     

    « Auriez-vous la même chose mais pour les enfants ?

    - Bien sûr. Il est peut-être un peu trop grand pour sa taille actuelle, mais je pense que ça devrait faire l’affaire.

    - Elle grandira, je peux vous l’assurer. En retour, pouvez-vous m’échanger une autre pièce d’argent pour moi ? Un cent nal devraient faire.

    - Attendez, je vais regarder si j’en ai assez. »

     

    Il ouvrit sa boîte et compta avant d’échanger les pièces.

     

    « Merci. Puis-je vous demandez une dernière chose ?

    - Que serait-ce ?

    - Pouvez-vous me dire comment me rendre sur le territoire Yonsa ? »

     

    Il fouilla derrière son stand et revint.

     

    « Voici une carte pour les marchands voyageurs. Je vais vous la laisser pour la moitié d’un nal. »

     

    Alika l’aida à porter les paquets et elles n’avaient pas marché très loin quand une délicieuse odeur flotta dans l’air – les losso profondément frit ; une fine pâte de pomme de terre râpée de gasha malaxé avec beaucoup de la, du beurre de chèvre, et fourré de divers ingrédients.

    Elle acheta deux losso sucré avec du jus Yukka et deux autres farci au fromage de chèvre et de viandes hachées, ainsi que du lakalle, une boisson brassée à partir de lait de chèvre fermenté, puis elles allèrent s'asseoir sur un banc près d'un groupe de marchands qui avaient déjà commencé sur un début de déjeuner.

     

    « Tu ne parles pas beaucoup, remarqua Balsa à sa fille.

    - Je ne veux pas qu’il t’arrive des problèmes... et j’ai peur de faire une erreur si j’ouvre la bouche.

    - Ne t’en fait pas. Tu es contente des achats ?

    - Oui.

    - Tu as faim ?

    - Oui. »

     

    Comme Balsa mordit dans par la croûte extérieure croustillante du losso, le goût de fromage de chèvre fondu remplit sa bouche. Elle observa sa fille goûter ces aliments qui lui étaient inconnu avec précaution. Au début, rien, puis, lentement, avec plus de vigueur et ensuite un grand sourire de satisfaction. Elle lui dit aussi ses plans de la journée : loué un petit cheval et partir pour le territoire Yonsa.

     

    « Mais retourner dans mon village natal ne signifie pas que toute la famille serait là. Ma mère est décédée quand j’avais cinq ans et je n’ai plus aucun souvenir de mes grands-parents. La seule personne que je me souviens, c’est Tante Yuka, la plus jeune sœur de mon père. Elle venait nous voir souvent après la mort de Maman et apportait souvent des plats chauds et des douceurs. »

     

    Les plis de la chaîne des montagnes Yusa marquait les limites de chaque Clan de Kanbal. Chaque clan comptait environ cinq mille personnes qui faisaient paître les chèvres sur les étendues rocheuses sous les sommets des montagnes. Ils les élevaient aussi sur les plateaux au-dessus des pentes boisées. Les colonies des clans comptaient une cinquantaine de familles, chacune d’entre elles étaient dispersées le long de ces plateaux, entourés par des murets de pierre. Les routes principales traversaient les vallées où se trouvaient les marchés. Balsa loua un shaggy, un cheval de taille courte mais poilus, qui semblait bien endurcit aux hivers rugueux. Elles trouvèrent dans une forêt une source d’eau et elles prirent un bain, non pas sans qu’Alika pleurniche de la froideur de l’eau et qui refusait de décoller ses bras de son corps. Balsa se dépêcha de sécher rigoureusement sa fille avant de lui enfiler la petite robe de laine rose et le manteau. Elle arrêta de ronchonner lorsque les vêtements couvrirent sa peau et attendit que sa mère ait fini. Les vêtements étaient plus rudes et plus lourds comparé aux vêtements usés de Yogo, mais aussi plus chaud, en particulier les manteaux. Le froid les avait gardé éveillée la plupart du temps de la nuit dernière : cette nuit, elles devraient bien dormir, blotties l’une contre l’autre.

     

    * * *

     

    ENFIN !!!

    J’ai eu mon livre, le second Moribito II : Guardian of the Darkness !! Oui, il est en anglais, alors j’ai passé la moitié de mon chapitre à le traduire mots à mots des pages à l’écran... ça devrait prendre fin vers le début du chapitre cinq ou six (la traduction du livre en histoire, pas l’histoire x). Alors d’une part, vous avez la moitié du début du livre de traduit en français de ma part, et d’un autre côté, il y a mon histoire qui fait divergence mais qui reprends quelques éléments.

     

    Je n’ai pas l’intention de tous réécrire le roman dans ma fanfic en français, alors parfois, je ferai court et si jamais ça vous intrigue, je vous aiderai si vous me le demandez.

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